Et ouais, les gars ! J'ai aussi un côté sentimental. De temps en temps, j'aime me promener en repensant à mon ancienne vie. Bien que mon père soit un gros con, il pouvait tout de même me manquer de temps à autre... N'appréciant guère partager mes sentiments (contrairement à Salomon le fou), je préférais me balader. Cet endroit possédait cette capacité de me détendre sans le moindre mal. Je n'avais pas besoin d'autre chose.


Bon, je ne peux pas vous mentir, je suis très rancunière. J'étais totalement incapable d'oublier cette scène datant dorénavant d'une semaine. Cet homme était un lâche et il se permettait d'inculquer une croyance à d'autres personnes. À la lisière de la mer et de la plage, un homme était au sol.


Il ne semblait pas entendre. Était-il mort ? M'approchant longtemps, je pris la peine de donner un coup de pied dans ce corps gigantesque. Il semblait recouvert d'un drap.


Observant son corps plus précisément, un poulpe semblait avoir avalé les jambes du pauvre homme ! Malgré mon dégoût, je saisis les tentacules pour tenter de faire recracher l'homme caché par ce drap dégueulasse.


Rien à faire. L'individu était sûrement mort. Malgré tout, il fallait enterrer cet homme. Et sans ce poulpe ! Saisissant une drague, j'allais réaliser l'opération, l'animal marin allait devoir périr pour accéder au cadavre. Un peu dégoûtant tout ça !

Comme à son habitude, Aoi était dans un sale état. Totalement saoul, il se retrouvait sur une plage, entre la conscience l'inconscience. Contrairement à avant, il ne buvait plus pour s'amuser, mais pour oublier. Le poulpe se trouvait là où ses frères, sa soeur ses parents habitaient. Ils étaient sûrement morts, massacrés par le peuple Kirishitan. La tête encore partiellement dans le sable, il était en train de se débattre pour pouvoir de nouveau marcher sur ses tentacules. Cette fille n'était vraiment pas futée.


Bien sûr, la chose ne se levait depuis fort longtemps et il venait de dormir au soleil pendant plusieurs heures. Il ne sentait pas vraiment bon. Mais bon, il était aisé de reconnaître un Mitsuna, la couleur de peau de celui-ci n'était pas anodine, par exemple.


De l'humour... Du moins, pas vraiment. Le Mitsuna oubliait souvent ce qu'il était. Accompagnant une épée à la plupart des tentacules, l'homme était dorénavant armé de plus de 8 sabres.

NANI !!!???? C'était quoi ce truc !??? C'était donc ça un homme-poisson !? Il était moins ... Moins poisson que les autres ! Pour tout dire, je n'étais pas trop du genre à obéir aux règles barbares. Je n'avais ainsi jamais eu le malheur d'affronter un gars de ce clan. Bwerk, ils ne sont pas très très beaux. Franchement, mon mari ne pouvait certainement pas être membre de cette drôle de tribu. Cependant, je ne pouvais pas comprendre mes compères, ces êtres semblaient clairement naturels et humains, pourquoi tenter un anéantissement ?


Il était sérieusement en train de sortir ses lames ? Je ne pouvais pas y faire grand chose à cette distance. Il possédait aisément la capacité de me tuer et sa taille lui offrait un avantage de ... taille ?


Cet homme n'était pas ici pour boire, mais pour pleurer. Je connaissais ça, mon père était un vrai chialeur lorsqu'il ne voyait pas son Dieu lui répondre. Je n'étais pas comme eux, je préférais nettement intérioriser. Observant cet animal marin avec un air béat, j'imaginais déjà son style de combat.


Ouais, ouais, c'est pas le moment... Mais je ne peux m'empêcher de partir dans un monologue lorsqu'une situation est tendue.

Malgré tout, la pieuvre n'était jamais armée pour rien. L'instinct animal ne pouvait avoir confiance en cette femme. Au fond, sa tribu n'était-elle pas seule fautive de la fin de cette partie des Mitsuna ? Enfant, Aoi avait quitté ce lieu pour s'embourber dans les marées afin de combattre pour ce roi semblant aujourd'hui si illégitime. Il ne s'en voulait pas. Il souhaitait simplement oublier.


Rangeant ses armes les unes après les autres, cet être à la taille fantastique semblait de suite plus inoffensif. Riant bêtement face aux multiples délires de la femme, il ne pouvait s'empêcher de réaliser que ce monde était encore une fois bien surprenant.


Plus rien ? Ah ! Si ! La bouteille d'secours.


Une tentacule glissa afin de fouiller dans les vêtement de la pieuvre humaine. Il tendit ensuite la petite gourde à la femme à la peau noirâtre. Avec une tentacule, il se mit à tendre une énième gourde de secours afin de trinquer :


Ses proches n'étaient pas des tueurs. Mais, le clan Mitsuna était finalement identité à cette tribu venant d'ailleurs. Refusant la différence tout en souhaitant imposer une radicalité raciale.

On peut dire que c'est à partir de là que les choses devinrent relativement compliquées. Franchement, il ne fallait pas être idiot pour comprendre que je n'étais pas une grande buveuse. Je ne sais pas boire et je bois de l'alcool comme un enfant boit de l'eau. Oui, comme une ivrogne. Quelques minutes plus tard, cul au sol, j'étais face à cette mi marine mi terrienne à raconter ma vie au grés de mes sentiments.


Je ne suis habituellement pas du genre à raconter ma vie, mais l'alcool était d'une aide précieuse pour une femme semblant être à ma recherche de compassion.


Les joues rougies et la peau suant, je n'étais sûrement pas au maximum de ma beauté.

Le monstre marin était posé sur le sable brûlant. Il observait la mer avec une certaine once de mélancolie. Son passé en ce lieu était bien trop lointain pour espérer un quelconque souvenir supplémentaire. Il n'était capable de retenir que le plus négatif ; son départ pour le marais. Des années à errer dans un monde à la recherche d'un bonheur pourtant simple à trouver. L'homme des mers s'était simplement perdu sur terre. Il avait oublié le plus important lors de sa jeunesse.


Calme dans son ivresse, la pieuvre semblait finalement se contrôler malgré cette envie immensurable de se tuer dans l'alcool. La vie n'était pas un long fleuve, mais une mer endiablée. Il ne cessait de le constater avec regret.


Au fond, il n'en savait pas grand chose. Sa vie à Kiri n'avait été que brève. Les Kaguya se mariaient dans le sang. Les Gaikotsu préféraient des cérémonies plus intimistes. Et les Mitsuna... Ils vivaient cela encore bien autrement.


Triste monde. Buvant la fin de sa bouteille, le poulpe réalisait bien que c'était la fin. Plus de rhum. Plus d'espoir.

Drôle de poulpe. Il semblait bien ressentir la vie comme un humain pouvait le faire. Je ne pouvais estimer l'intérêt de sa mort. Alors, pourquoi toi Salomon ? Risako ? Vous êtes les monstres. Je ne peux adhérer à cette façon de se comporter. Cette haine raciale plus forte et sombre que l'Amour pour la religion. Non, je ne peux y adhérer.


Un Kirishitan devait être heureux d'aimer. Cependant, n'était-ce pas qu'un gros mensonge ? Je ne pouvais pas réellement dire que Risako aimait Salomon. Ils étaient bien trop étranges. Moi, je vivais trop dans le passé et j'étais bien trop imprévisible pour aimer. Sûrement trop jeune.


Admirative ? Ouais, c'était sûrement l'alcool. Je suis du genre à m'enjouer d'un rien quand je bois.


Le vent était instable et il changeait de sens bien souvent. Je ne pouvais qu'en rire, mes compagnons n'étaient que des lâches.

Le Mitsuna ne pouvait mentir à cette jeune femme plus longtemps. Le monde n'était malheureusement pas plus beau ailleurs. Il était totalement identique.


Aoi était dorénavant debout. Il venait de faire son deuil et il allait pouvoir tout bêtement reprendre sa route.

Finissant par me lever, je comprenais aisément où le Mitsuna souhaitait en venir. Il ne voulait pas me vendre un rêve illusoire, il me prévenait pour ne pas me décevoir. Cependant, ma décision était prise. J'allais simplement parcourir ce monde pour le comprendre et l'aide. Personne n'allait pouvoir me convaincre du contraire. N'ayant plus rien dans ce village, je n'allais pas me gêner pour officialiser mon voyage initiatique. Par chance, le moment était plus qu'opportun, la dirigeante n'était pas présente.



Reprenant ma respiration, je semblais aussi excitée qu'une jeune enfant découvrant son cadeau de Noël.



Soudainement, je fus totalement incapable de m'empêcher de rire. M'éloignant petit à petit de l'ivrogne, je me rendais bien compte que mon monde venait de changer...