La beauté qui l'avait accueilli lui avait expliqué un court concept comme quoi leur Dieu était la lumière elle-même et avait glissé également l'information qu'elle n'était nullement la prêtresse. Ainsi, une autre femme résidait en ce lieu. La pensée de Bok' s'évada quelques instants en se disant que si une simple fidèle se montrait si belle et avec un tel charme, la prêtresse elle-même devait côtoyer la beauté divine. Il avait ainsi hai de la découvrir. La rouquine l'avait laissé rentrer dans une grande salle faite entièrement de bois, ou résidait en son milieu une cheminée et de nombreux coussins à même le sol. Alors, le rouquin laissa son poids tomber sur l'un des coussins et se malaxa son genou douloureux dans l'attente de la fameuse Prêtresse.
Quelques instants plus tard, une femme couverte d'un large et ample vêtement noir fit son apparition dans l'encadrure de la porte, son visage était dissimulé par un voile aux couleurs sombre. Bokyoku se montra décu, lui qui avait idéalisé la beauté de cette femme se retrouvait face à une inconnue tellement couverte qu'aucune de ses formes n'était admirable... Puis celle-ci ouvrit la bouche afin d'encourager la fidèle et belle Sayuri à préparer de quoi le restaurer. Il fut étonné de la beauté du timbre de la voix de cette femme. Lui qui se montrait être un barde talentueux, il enviait la qualité de la voix de cette religieuse. Son charme ne résidait donc pas dans la beauté physique, quoique ceci il ne pût le certifier puisqu'elle ne dissimulait pas un centimetre carré de chair, mais bien dans sa voix douce, délicat et aimante. Surpris, il répondit d'une voix moins bien assurée qu'il l'aurait espéré:
« Merci de m'offrir un tel accueil, ceci est bien honorable ! »
Certes, la femme au visage inconnu ne lui avait pas encore adressé la parole, mais il se devait de se montrer courtois et poli, et avait préféré pris les devants afin de les remercier. Et alors, enfin, elle s'adressa directement à lui en plongeant son regard d'une beauté sans précédent dans le sien, ceci le troublait. Lui qui était habitué à maintenir le regard de la gent féminine, se sentait entièrement nu face à un tel regard, il avait l'impression que cette femme le sondait de l'intérieur et lisait en lui tel un livre ouvert... troublé, il bégaya son nom :
« Bo.. Bokyoku, mais, Bok' est largement suffisant. »
À peine venait-il de ce presenter que son esprit l'interpella sur un terme utilisé par la croyante "Offrir son nom". Que voulait-elle dire par là ? Il ne releva pas, plongée à écouter la voix mielleuse de cet inconnu, à tel point qu'il ne pensa pas à lui demander son nom en retour. Celle-ci expliquait le fait que sa fidèle lui avait fait un court topo de la raison de sa présence. Puis, la femme au regard pourfendeur, approcha doucement sa main pour la poser sur la blessure de l'homme, un moment de frayeur le saisit, son corps se raidit de peur d'etre blessé à nouveau. Mais scrutant de ses yeux apeurés le regard de Nagisa, il comprit qu'il n'avait rien à craindre de cette femme. Elle le comprenait, elle connaissait son âme, il en était convaincu. Elle ne pourrait donner que de l'amour, aucune source de souffrance... Alors, il détendit son corps et laissa la femme apposer sa main sur son genou et oublia durant cet instant la douleur qu'il endurait depuis si longtemps. Et de manière aussi rapide qu'inattendu, l'homme se trouvait sous le charme de cette femme, et ressentit le besoin de se livrer, d'offrir ce que jamais il n'avait osé raconter au préalable... Son histoire :
« Vous savez, je suis venu jusqu'ici afin de trouver comment appaisser mon âme, apaiser mon esprit, trouver le réconfort qui me permettrait d'oublier mes jeunes années. Je suis venu trouver l'amour d'un être suprême, l'amour d'un être qui serait sans jugement, l'amour... Oui, peut-être ne suis-je ici que pour ça, pour trouver un amour sans condition et savoir qu'enfin quelqu'un veille sur moi sans arrière penser, sans m'utiliser, sans user de moi... Juste avoir la présence d'un être qui me considere pour ce que je suis simplement.... »
Bokyoku regardait la main de Nagisa posé sur son genou. Ses yeux s'humidifiaient, il laissait sortir le fond de son âme, sans filtre, sans jeu de scènes, simplement la vérité....
« Je fus vendu à Kiri lorsque j'étais trop jeune pour m'en souvenir. Eu voyait en moi les capacités héréditaires de mon clan, et je n'étais rien d'autre qu'un esclave du village, certes, j'avais un toit, de la nourriture et le libre accès au sein du village, mais ma limite était les murailles du village. Et je savais que la seule raison de ma survie était le fait d'etre utile au Kage de ce village, un etre aux capacités héréditaires, capable de sceller un démon dans un corps... Je n'ai été qu'un objet durant toute ma vie... Alors pour une fois dans ma vie, j'aimerais être aimé, d'un amour sincère, de l'amour que seul un Dieu peut offrir.... »
Quelques larmes venaient de couler le long de ses joues et finir par atterrir sur son pantalon....
« Oui, la simple raison de ma présence est l'amour... »