Plus personnellement...

La kunoichi emboîtait le pas du Kaguya alors que celui-ci s'était retiré de la cellule de Yasuo en cours de mission. Il ne fallait pas, et surtout, elle s'en voulait peut-être un peu ; l'obéissance était pour elle la clé qui permettrait à Kiri de se remettre sur les devants de la scène, trop de personnes se tournaient le dos à l'heure actuelle. Mais malgré tout, elle s'était montrée insolente envers son coéquipier, un membre tout de même influent dans le clan Kaguya. Espérant que ce dernier s'arrêterait en cours de route dans le sombre couloir, elle forçait le pas pour le rejoindre.



Elle baissait le regard. Si Konoha devrait fournir bien des efforts pour rejoindre Kirigakure et remonter les fils d'une telle intrigue, ce n'était pas le cas de leurs ennemis jurés que le village ne devait en aucun cas contrarier tant qu'aucune opposition claire s'avérait possible. Elle tâcha de se placer face à Nowaki, posant une main sur son torse comme pour chercher à l'apaiser et surtout, stopper son départ. Enfin, ses yeux se posaient sur la blessure qu'elle avait causé.



La mission pouvait encore se passer comme prévu. Il restait du temps, et Etsu n'en avait pas encore fini avec sa macabre besogne. Bientôt Okami et ce dernier partiraient, c'était donc à elle de convaincre Nowaki de rester à ses côtés.

Le clan Hattori… Kumo.
Nowaki n’avait jamais pu oublier les dires de son grand-père. Un clan puissant, un clan noble et surtout, un clan proche de celui des Kaguya. Le contraire aurait très bien pu se faire. Malgré tout, la haine envers les sacrifices était bien trop grande pour estimer cela… Soupirant suite aux paroles la femme, il l’observa attentivement.



Observant la femme avec une certaine rancœur, il abandonna cela. Ce n'était pas sa faute. Elle ne profitait pas de son grade. Elle faisait juste trop confiance à ce Juunin. Il reprit :

La kunoichi était prête à remettre en cause les finalités du plan d'Okami pour mieux comprendre Nowaki, cependant elle ne pouvait pas envisager Kumogakure comme un allié, ou même ami. Le respect ne manquait pas, en revanche, si Gochiro-sama lui plantait une lame dans la chair pour enfin la remuer jusqu'à une mort éventuelle, elle se battrait aussitôt contre lui – Les Kaguya, et même les autres clans de Kirigakure entretenaient pourtant cette relation avec les Hattori, sans préparation solide du nouveau fer de lance.
Et ce depuis trop longtemps. Bientôt, les cycles feront jaillir du sang Kaguya.



C'était dit. Actuellement, se faire mieux voir par Kumogakure s'avérait à ses yeux plus vital que de risquer une discorde avec Konoha – Encore qu'il allait sans doute être compliqué pour les konohajins de remonter une telle intrigue avec certitude.

Baissant la tête, Nowaki exprimait ainsi son impression de parler dans le vide. Ces collègues semblaient écouter que les passages désirés de ces dires. Il en soupirait de nouveau.



Cette discussion semblait sans fin. Malgré tout, le Kaguya possédait un certain pincement au coeur de devoir contredire ses alliés à répétition. il aurait préféré être d'accord et accepter les dires des uns et des autres.



L'observant un peu bêtement, il connaissait son caractère pourtant tant reproché. Il savait parfaitement qu'il devrait changer. Mais il espérait ne pas avoir à le faire. Le monde devait irrémédiablement s'adapter à lui.



Se retirant de quelques pas, le Kaguya connaissait la suite mieux que personne. Il allait devoir se justifier et exiger une nouvelle place au sein du village. Une énième fois. Cette femme semblait accepter la discussion, elle aurait pu être une bonne équipière.

Soren ne savait plus quoi dire. D'une part on ne la contredisait pas si souvent, d'une autre cette sérénité dont faisait preuve Nowaki la poussait étrangement à se remettre en question. Kumogakure s'apparentait à un fantasme pour la kunoichi qui craignait la Foudre autant qu'elle l'admirait ; mais elle rêvait plus que tout de revoir son clan sur les devants de la scène. Et les Hattori attisaient son esprit – Des ennemis héréditaires, voilà ce qu'ils étaient.
Lorsque son interlocuteur s'éloigna, elle reprit d'un ton plus léger. Comme pour le retenir.



Elle croisait les bras sans quitter la proche silhouette du regard. Cet homme semblait suivre son propre code, son propre chemin. Mais même une intention pure pouvait générer du chaos malgré-soi, Dohko en était un exemple. Nowaki intriguait, mais peut-être était-il du même bois ? Soren ne se méfiait pas tant cela dit, plus curieuse qu'autre chose au sujet de celui-ci.

S'arrêtant sans réellement en définir la raison, il se retrouvait dos à sa camarade. Se concentrant sur les sons environnants. Nowaki n'aimait pas vraiment cet endroit. Derrière son masque, il éprouvait une certaine gêne. Il semblait enfin comprendre que son interlocuteur était une interlocutrice. Rougissant quelque peu de sa vulgarité derrière son masque, il ignora la plupart des dires.



Le Kaguya n'avait pas vraiment osé le dire plus tôt. Cette révélation était effectivement quelque peu gênante. Il était membre d'une famille où les blessures forgent l'âme et pourtant, il en était incapable. C'est pour cette raison qu'il s'était refusé à espérer le poste de Mizukage. Il n'en possédait ni le charisme ni la cruauté.

Devoir se frapper elle-même serait certainement moins pratique pour causer de plus naturelles et nettes blessures, mais elle s'en sortirait. Elle épargnerait sans doute son visage cela dit. Toute seule, elle transformerait le probable punch d'un Hokage en une mauvaise chute dans un escalier... Autant s'en passer.



Un raisonnement simple mais honnête. Soren ne cherchait plus à expliquer quoique ce soit à Nowaki, elle souhaitait juste à ce que l'équipe ne se divise pas plus malgré le récent désaccord. N'importe quel contre temps pouvait impacter une mission mais aucun d'entre eux ne devait y mettre fin ou la fragiliser inutilement. Le libre arbitre de son partenaire plaisait à la kunoichi – En revanche, elle ne pouvait faire de même au point d'en oublier son propre rôle.



Un léger ricanement s'ajouta à sa dernière remarque. Rappelant les blessures qu'elle comptait bien s'infliger et couvrant quelque peu la proposition d'invitation. Son scepticisme à l'égard du Kaguya avait disparu suite à cette brève conversation, et bien qu'il était peut-être un peu tôt pour se faire une idée du personnage, Soren trouvait sa logique plaisante, voire bienveillante ? Elle qui basait sa vie sur l'efficacité de la crainte et le devoir d'obéissance ne pouvait qu'être intriguée par celui-ci dont les discours se reposaient sur des notes concrètes, mais pourtant bien différentes.

Quelque peu perturbé par la durée de cette discussion, Nowaki joua la carte de la confiance. Il préférait être du côté d'une bonne moitié de l'escouade. De temps en temps, les autorités sont un peu houleuses.



S'asseyant au sol, il s'était retourné face à Soren. Le Kaguya craignait tout de même la suite des événements, il ne sentait pas la douleur mais en déduisait sa présence.



Situation peu banale, il observait la saleté de la prison. Il le savait, cette mission était un échec. Pire, tout n'était qu'échec depuis la rébellion de Dohko.. Tout ceci était de sa faute...



Soupirant face à ce système graduel, Nowaki avait, sans se l'avouer, désiré la place de Okami. C'était la véritable raison de sa haine envers Dohko.

La kunoichi rangeait son masque tout en écoutant son interlocuteur, replaçant ensuite correctement ses mèches. Se cacher n'avait plus grande importance désormais, entre frères d'arme. Elle lui décrochait d'ailleurs un sourire ; cet homme lui plaisait, il se refusait à certaines actions hiérarchiques tout en pensant au bien être et à la protection du village, avec sa propre vision. Comme elle le pensait, il était loyal. Et prévenant.



Dit comme ça, la chose lui semblait à contre-courant. La fierté l'avait conduite à s'imaginer de graves séquelles alors que cela n'était pas souhaitable pour la pérennité de Kirigakure. Quelques rougeurs s'emparaient de ses joues, puis elle s'approchait de Nowaki en retirant le châle servant d’apparat à sa tenue. Elle s'en voulait pour le kunai.



Déchirant une partie du châle, elle l'enroulait autours de l'épaule de son équipier puis le resserrait durement. Une belle intention certes, mais exécuté sévèrement – de toute manière le concerné ne devait rien sentir. Elle se redressait ensuite, attachant ce qu'il restait de l'étoffe bleutée autours de sa taille.



Elle ne changeait pas, se reprochant même d'avoir elle-même pris un rôle qui ne lui appartenait pas dans cette mission. Soren était ainsi. Trop loyale pour étaler ses ambitions et trop studieuse pour se faire remarquer via des initiatives. Cette fois-ci elle avait pris les devants, le regretterait-elle ?

Nowaki observait la jeune femme avec intention. Bien que la rougeur l'envahissait, ceci n'était pas visible. Son masque l’embarrassant toujours et encore. Il ne comptait pas le retirer. L'homme se trouvant en dessous n'était pas exactement le même. Il ne possédait pas la même parole et il craignait autant son présent que son futur. Bien qu'autant sérieux, il variait selon les missions. Il n'était pas fiable. Pas assez uniforme.



N'osant bouger, l'homme appréciait le geste de la Kunoichi. Qui était-elle pour offrir tant au membre de la famille du traître ? Baissant la tête pour observer les pieds de la femme, le Kaguya reprit :



Soupirant longuement, il se posa la même question. Possédait-il une place ? Il ne le savait pas, il ne l'imaginait pas et il craignait même la réponse.. Avoir sa place...

D'abord ricanante, la Kaguya se figea néanmoins à l'écoute des propos de son équipier. Que cherchait-il ? D'une part il la présentait comme moins divergente que lui, d'une autre il la poussait à se mettre en valeur en la flattant. Drôle de tentation. Soren reprit son souffle puis esquissa un sourire ; en effet, elle ne manquait pas d'idées ni d'envies. Et puisqu'on le lui demandait si nettement, elle ne le cacherait pas.



Elle cherchait la petite bête. Se mettre en valeur, elle le souhaitait plus que tout. Mais devenir un élément essentiel au Mizukage était une aspiration difficile... et les risques ne lui plaisaient pas vraiment. A moins que...



Nowaki lui avait demandé de parler de l'un de ses « rêves », ou fantasmes, selon... résultat, il avait le droit aux détails, au nom d'une autre coéquipière d'un clan voisin et à une soudaine détermination inscrite sur le visage de Soren. Elle était très certainement sérieuse en demandant à son interlocuteur s'il comptait l'appuyer, elle n'avait pas froid aux yeux, simplement il lui manquait un soutien audacieux pour lui permettre de tenir la route.
La conversation paraissait d'autant plus intime désormais. La kunoichi dardait l'homme du regard. S'il pensait réellement ce qu'il disait, alors peut-être qu'il accepterait. Ou alors ce ne serait qu'un acte manqué de plus. Un bien ou un mal, difficile à dire. Mais Soren attendait patiemment la réponse.

Quelque peu gêné par la proposition, l'homme feintait le regard de Soren. Il avait beau réfléchir, il craignait de s'imposer dans un groupe. Il se méfiait des autres autant de sa propre personne. Malgré tout, elle semblait y croire, il aimait la persévérance.



Passé le temps de la plainte, l'homme releva son menton pour retirer son masque et se retrouver réellement face à Soren. Il rougissait à baisse échelle mais, l'obscurité lui offrait une forme d'intimité.



Riant légèrement, le Kaguya se sentait bien. Cette femme ne lui offrait pas l'amour lambda entre deux personnes. Elle lui offrait une place. Sa place. Un bien irremplaçable. Ce Okami n'avait pas su faire cela en insistant de façon agressive. Soren semblait avoir ce don, le don de se faire comprendre.