Le Début du Voyage

Cela faisait maintenant quelques heures qu'ils étaient partis. Le marécage cédait petit à petit la place à un environnement plus sec. Le terrain traitre de Taki n'avait pas permis aux deux compagnons de route de démarrer une discussion, pas au rythme où ils avançaient. Mais bien que désormais sur un sol plus praticable ni Kiyomori, ni Masaru, n'avaient pour l'instant engagé la conversation. D'ici une heure, guère plus, ils quitteraient pour de bon le marais, ce que Masaru avait eu de plus proche d'un foyer durant ces quinze dernières années, pour les terres désolés d'Ame. Ils comptaient longer la frontière de Konoha, contournant les terres de la feuille, pour finalement atteindre Kumo. C'était certainement la route la plus longue, mais aussi la moins dangereuse, passer de l'autre côté les rapprochant trop du territoire des Kenketsu, ce qui n'était pas particulièrement rassurant. La troisième option aurait été de couper par le domaine des compatriotes de Takeo, mais ce n'était pas sans risque pour un déserteur et une vampire. Masaru n'était de toutes façons pas pressé, il avait déjà perdu vingt ans de sa vie à poursuivre une chimère, il n'était plus à quelques jours prêt...


Quelque chose attira soudainement l'attention de Masaru, il n'était pas sûr de ce qu'il avait vu, mais il savait d'expérience que ce qui paraissait être le reflet d'un rayon de Soleil sur une grande flaque d'eau stagnante pouvait tout aussi bien être le reflet de ce même rayon sur une lame ou un bandeau frontal. Le Nukenin connaissait suffisamment bien le marécage pour savoir que les oiseaux qu'il avait vu s'envoler ne l'avaient pas fait par hasard. Quelqu'un, ou un groupe de personnes, étaient présents dans les environs. S'arrêtant et faisant signe à Kiyomori de rester silencieuse il observait, alerte, tout sens en éveil, à l'affût du moindre bruit ou mouvement suspect.

Kiyomori et Masaru marchait depuis déjà un petit moment. Pas de doute, l'homme connaissait les lieux. Il était comme un poisson dans l'eau. Mais un poisson qui découvre que son aquarium était peut-être un peu plus grand qu'il ne s'était imaginé. L'idée de partir pour un grand voyage devait le rendre un peu nostalgique. Il avait passé tant d'années ici. Kiyomori avait toujours cru au destin. Elle avait ainsi toujours su qu'un jour, quelqu'un la libérerait de ses chaînes. Elle s'était contentée d'attendre. Et aujourd'hui, elle se demandait bien ce que le sort allait lui réserver.

Tout à coup, son acolyte se stoppa net. Il fit des signes à Kiyomori, il avait l'air à l'affut. Avait-il vue quelqu'un ? Le vampire n'attendait pas avant de lui poser la question. Bien sûre, la brune murmurait. Elle avait bien compris qu'ils devaient tout deux se montrer discret et elle attendrait ses ordres pour agir.



Rien n'avait interpellé notre vampire, mais elle comptait bien se fier à l'intuition de son nouvel ami.

C'était un homme vécu d'un accoutrement bien spécial qui rôdait autour de ces deux spécimens, rôdant comme le démon sur sa proie, prêt à sauter comme la jaguar chassant la gazelle. Son regard était embrasé par l'envie pourtant il n'en était rien, c'était sous un pas de fée que l'homme se mouvait. Allant d'arbres en arbres, les suivants encore et encore. Ce n'est que quelques mètres plus tard qu'une erreur survint. Alors que la lame secrète cachée dans le manteau de l'homme venait de créer un reflet l'Homme à la chevelure blanche semblait avoir des soupçons.

Par réflexe le Chikara s'était caché derrière un arbre et avait tenté de masqué au maximum sa présence pourtant le mal avait été fait et il était peut-être temps de se présenter, après tout il n'était pas là pour bondir sur sa proie au contraire, il était là pour la charmer.

Sautant de son arbre jusqu'au milieu, entre ces deux personnages, les mains sur la tête la voix répondant qu'il n'était pas leur ennemi :



Qu'allaient-ils faire après tout ils avaient l'air de personnes peu civilisées, bien plus qu'un sauvage qui avait vécu plus de 15 ans en dehors de toute civilisation en tout cas, peut-être le tueraient-ils, après tout le petit Shiro avait déjà prime sur son faciès.

Il avait vu juste. Un homme était sorti de derrière un arbre légèrement derrière eux. De toutes évidences il les suivait, personne ne se promenait à Taki par hasard. Après 16 ans dans ces lieux, Masaru les connaissaient suffisamment bien pour pouvoir déceler des signes de présence humaine à bonne distance. Bien qu'il se présentait à eux les mains sur la tête, cette prétendue faiblesse ne pouvait leurrer un shinobi expérimenté comme Masaru. Cette position servait à éloigner ses mains d'armes rangées à la ceinture, mais les manches de cet homme pouvaient cacher des danger tout aussi dangereux. À son accoutrement il ressemblait à un shinobi, le genre de shinobi ayant vécu dans la nature depuis bien trop longtemps, le genre de shinobi que Masaru ne connaissait que trop bien pour en contempler un chaque fois qu'il baissait les yeux vers l'eau stagnante du marais.



Légèrement agressif sans être insultant, le ton du Nukenin ne traduisait que la méfiance exacerbée que se devait de développer tout déserteur pour rester en vie. D'autant la faiblesse apparente de cet homme ne lui plaisait pas, il souhaitait leur donner confiance, les pousser à l'arrogance... tout à fait l'attitude d'un homme qui chercherait à les poignarder dans le dos.

Nul besoin d'aller nulle part. L'étranger se présenta devant eux la bouche en coeur, l'ai simplet. Que pouvait-il bien venir faire ici ? Masaru le connaissait-il ? Bien que Kiyomori en doutait fortement, elle prenait un moment pour observer les réactions de son ami. Lorsqu'il prit la parole, les choses semblaient claires pour elle ; C'était véritablement un étranger. Masaru avait été froid. Le vampire se demandait alors si l'autre type allait encore montrer autant de joie de vivre lorsqu'il répondrait à tout ça. Une question la titillait toute fois. Elle s'adressait donc à Masaru. Bien sûre Shiro pouvait entendre mais elle tenait pas à s'adresser à lui directement.



Etait-il une diversion ? Nous cachait-il quelque chose de plus gros que lui ? Kiyomori préférait rester méfiante face à lui.

Les deux personnages semblaient dubitatifs des paroles de notre protagoniste, certes ce dernier avait l'air un petit peu différent de la normale et sûrement que sa capuche lui portait préjudice, pourtant il n'y avait dans ses paroles que très peu de mensonges. En réalité il était un réel homme de la forêt, quelqu'un qui aimait vivre dans ces paysages différents aux abords de la nature. Mais ces temps-ci ses pensées n'étaient pas à la nature et à son attrait à cette dernière mais plutôt à son armée qu'il était en train de créer avec son jeune initié.

D'ailleurs qu'était-il advenu de lui, ce dernier était parti à l'aventure tout seul à la recherche de partisans, mais reviendrait-il entier ? Tout cela faisait peur à Shiro mais après tout ce dernier devait avoir une confiance entière envers ses partenaires ou sinon jamais ne trouverait-il le sommeil.

Devant bel et bien répondre l'homme gratta sa tête à travers la capuche tout en prenant un air un peu déçu de leur réaction tout en gardant une voix dynamique et sympathique :



Ce dernier attendit quelques secondes avant de répondre à la question du personnage aux cheveux blancs :

Cet homme était étrange, c'était indéniable. En revanche il n'avait pas bien compris ce que Masaru avait voulu dire par "simple type". C'était un vagabond, son apparence et son attirail parlait pour lui sur ce point. Mais philosophe, idéaliste et scientifique ? Non il avait plutôt l'air d'un chasseur malchanceux réduit à se rabattre sur un autre genre de proies.

Kiyomori doutait qu'il soit seul et, bien que l'ex Gaikotsu n'ait pas d'indices quand à la présence de complices, il était tout à fait d'accord avec sa partenaire et préférait lui aussi rester sur ses gardes. N'ayant d'autre choix que de rentrer dans le jeu ce singulier personnage pour l'encourager à se dévoiler, Masaru poussa l'investigation.



Son ton amical contrastait avec sa position alerte et ses sens aux aguets. Son interlocuteur aurait peut-être du mal à savoir s'il se moquait de lui ou était, tout simplement, particulièrement prudent.

L'homme écoutait les dire de celui qui possédait les cheveux blancs tout en observant que la personnalité qui le précédait ne disait rien, de plus cette dernière semblait se sentir à l'écart dans cette conversation, après tout deux chercheurs qui se trouvaient ça ne pouvait que mettre à l'écart les esprits les plus simples. Devant répondre à la question l'homme à la capuche entreprit sa réponse :

Un vagabnd étudiant la psychologie humaine. Intéressant, original, inattendu. Le bougre poursuivait un but plus lointain encore que celui de Masaru. Deux cadavres étaient plus semblables que les deux êtres qu'ils étaient de leur vivants...



L'ancien Gaikotsu n'était toujours pas convaincu du caractère inoffensif de son vis-à-vis. Ces quelques questions et remarques ciblées permettrait peut-être de mettre au jour quelque facete encore inconnu de cet étrange individu.



Rester évasif sur ses réelles expériences valait sans doute mieux. Masaru l'avait appris à ses dépens à Kiri vingt ans plus tôt.

Kiyomori soupçonnait cet étranger d'avoir des tendances cannibales. Il avouait nous observer. Nous « surveiller ». Un peu comme un chasseur guette sa proie. Il attend le bon moment et lorsque celui-ci se présente, il tire et tue du premier coup. Pas question de décocher une flèche si elle n'est pas sûre d'achever la cible ; Elle serait susceptible de l'effrayer. Après tout, un anaconda pourrait bien côtoyer un lapin pendant un mois et même s'en faire un ami, mais lorsque son ventre gargouillera il n'en fera qu'une boucher sans l'ombre d'une hésitation. Notre vampire avait décidé de rester méfiante face à cet individu. Elle observait attentivement les réactions de l'homme qu'elle considérait comme son allié. Il commençait à se confier à l'autre homme, mais sans trop en dire.. La brune n'intervenait pas dans leur discussion. Elle se postait en observatrice et guettait l'arrivée éventuel d'une seconde personne.

Les questions de l'homme était perspicace après tout c'était quelque chose qui pouvait paraître très idiot de poursuivre des études sur le comportement humain dans une forêt qui pouvait sembler vide de toute vie. Mais là n'était pas la subtilité de l'étude de notre protagoniste, après tout ce dernier n'étudiait pas des cadavres mais non-loin.

Regardant son interlocuteur avec un petit sourire pouvant légèrement laisser paraître qu'il avait été piégé, après ce n'était que du paraître il fallait vraiment étudier l'homme pour s'en rendre compte. Et ce dernier après deux petites toux afin de récupérer total contrôle de sa voix continua et répondit à sa question dissimulant la vrai raison en faveur d'autres informations.



L'homme continua après une brève respiration :



Bien sûr l'homme avait hormis de préciser qu'il mettait souvent ses sujets d'étude dans des situations bien cocasse, sans bien sûr les blesser trop grièvement. Et ce dernier hormis aussi de dire qu'il avait parfois observer des meurtres dans ces marécages ainsi que les pires sévices sexuelles, voilà ce qu'il étudiait, la pourriture de l'être humain !

Cet homme était intéressant, s'il était bien ce qu'il prétendait être. Mais Masaru n'avait ni l'envie d'être un ses sujets d'étude, ni beaucoup plus de temps à perdre avec lui. Ses travaux avaient peut-être déjà pris plus de dix ans de retard, nul besoin d'en rajouter.



Si cette rencontre était anodine, il leur souhaiterai bonne route et en resteraient là. S'il avait à leur égard quelque intention, plus ou moins noble, il chercherait certainement à les retenir.