Des paroles, des formalités. Comment allait-il ? Une question à laquelle il ne fallait pas attendre de réponse. Comment se sentir bien face à l'homme envers qui Seijuro aurait souhaité déversé tant de haine ? Lui, qu'il considérait comme un homme de raison. Finalement, c'était un sentiment de trahison qui l'imprégnait. Shinji était en cause d'une partie du plan des deux renégats en cavale. Que se serait-il passé si ce dernier avait réagi plus tôt ? Combien de vies auraient pu être épargné ? Comment pardonner et tolérer la fuite de Gekido et de Kazami ? Il y avait de nombreuses questions auxquelles Seijuro n'avait pas de réponse... Il exprimait à travers cet homme qui allait bientôt revêtir le rôle le plus important du village, une culpabilité. Une culpabilité de n'avoir été que trop faible au moment du drame pour échouer comme tant d'autres à l'instant qui ne tolérait pourtant pas l'échec. Comment allait-il ? Une question jugée provocatrice.
Il n'était que l'héritier d'une lignée qui reposerait dans la vergogne désormais de voir leur descendant aussi incapable. Il ne vivait plus que dans l'expression de ses regrets, de son amertume et de sa désolation. Il ne cessait de repenser à son ancêtre, Jirô... Quel regard pourrait-il porté sur lui, de tout là-haut ? Une torture comme aucune autre, il en était de toute sa nature, de toutes ses raisons. Les souvenirs s'embrasaient de remords, un honneur affaissé depuis lors.
Pourquoi n'avait-il pas suivi le reste de son clan ? Cette bande de lâche, ayant fui sans vergogne... Quelles étaient ses motivations ?
« Shinji... Par delà la bannière des clans se fondent en chacun de nous des convictions fondamentales. Il est à proscrire la pensée de ma neutralité.
Il n'y a eu aucune raison de partir, à aucun moment. La faiblesse de nos compère, notre faiblesse en tant que Kitto... Ne l'avez-vous pas encore compris ? Je ne la considère qu'à travers l'inactivité et la neutralité prétendue pacifique de ce clan d'égoïstes. Je méprise ces lâches qui nous ont tourné le dos, et qui n'ont pas endossé leurs rôles.
Konoha est une grandeur qui dépasse de loin le fait que nous soyons Kitto, Uzumaki ou Chikara. Je suis konohajin avant toutes choses.
Il en est ainsi l'enseignement de Jirô, et il n'existe aucun autre chemin pour moi. »
Seijuro était calme tout du long de son discours. Son honnêteté n'était pas à masquer. La distance qui séparait désormais les deux hommes ne pouvait s'employer qu'à entretenir le vouvoiement pour le plus vieux des deux Kitto.
Cependant, il n'avait jamais été question pour lui de subir un interrogatoire. Quelles étaient les raisons de Shinji de vouloir ainsi le forcer à parler ? Qu'avait-il derrière la tête. Donnant-donnant.
« En revanche, je serais curieux de connaître les raisons de votre présence au sein de ces murs.
Comment pouvez demeurer paisiblement ici, alors que de par votre manquement, nous avons eu à pleurer tous ces défunts ? »
Le ton était donné, l'implicite profané.
Le pardon ne se promettrait au nouvel élu qu'à travers la plus crue des sincérités.