C'est la ... faim.

Les minutes défilaient, les heures, les décennies, les siècles... Non, ce n'était pas réellement le cas. Mon estimation du temps était faussée. Les petites heures passées dans cette prison ne pouvaient qu'augmenter ma folie. Je n'en pouvais plus. Bien que je n'étais pas encore au stade de non-retour, j'imaginais déjà les pires fuites existantes. Faire le mort pour mordre un type, tenter de m'empêcher de respirer en espérant survivre, tester des trucs sur mon corps... Bref, des éléments bien trop hasardeux. Très franchement, les chances de survie étaient minimes. Inspiration désolante. J'observe ma jambe. Je dénude lentement et mes dents y pénètrent. Je croque.
Bien évidemment, je me modère. Je n'ai plus que ça finalement. Moi. La fin est proche, ils me tueront malgré mes aveux. Oui, c'est chose certaine. Malgré ça, j'estime avoir une chance, une chance de m'en sortir. Je ne dois pas céder à la folie. Je dois rester calme, toujours calme.



Le fait de mâcher me permet de regagner cette liberté de réfléchir. Je suis désormais apte à affronter mon destin. Bien que ma faim est encore grande, je recouvre ma jambe de ce pantalon bientôt imbibé de sang. Par dégoût, je retire les quelques traces de sang sur ma langue :



C'est la fin. Fin de ma faim. Faim de la fin. Fin de vous. Mais, faim de moi. Je ne dois pas craindre. Je dois avancer. Car sans ça, ça sera réellement ma fin.

Kazami quitta le bâtiment Kage pour se rendre à la prison de Konoha. Il y a deux jours, elle avait enfermé deux vampires. Humanoïdes buveurs de sang, depuis longtemps considérés comme une menace. Suite à son entretien avec Gekido, elle avait reçut l'ordre d'en éliminer un. La jeune femme avait bien l'intention d'exécuter ces ordres. C'est ainsi que, la tête vide et le menton haut, elle passa les lourdes portes de la prison.

Elle défila dans le long couloir des détenus ... Etait-elle devenue une meurtrière ? Revoir cet endroit c'était repenser à la mort de Nakatsu. S'en était trop pour elle.



En se parlant à elle-même, elle appela l'Autre. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle attendait cette occasion. Et Kazami ne pouvait pas le faire. C'était quelque chose qu'il fallait laisser à son autre sois, celle qui était experte en la matière de fourberie et de violence.



Kazami se laissa glisser lentement dans son fort intérieur, laissant sa place à l'Autre. Elle voyait à présent son corps, flou, se déplacer sans aucun de ses ordres.

Elle ouvrit ainsi la porte de la cellule du Vampire. Il n'avait pas changé depuis la dernière fois. Toujours aussi pâle, aussi dénudé de vie. Il y avait un peu de sang sur la commissure de ses lèvres, va savoir pourquoi. Kazami aurait demandé, mais l'Autre s'en fichait.



Une voix sifflante sortit de la bouche de Kazami. La rouquine tendit ainsi sa main droite au vampire, accompagné d'un petit sourire en coin. Telle une invitation à la danse.

L'homme était au sol. Il attendait patiemment depuis déjà quelques heures. Il pensait revoir le Hokage, avoir une discussion avec. Un homme lâche, ne pas savoir se recouvrir de boue pour mieux attaquer l'ennemi... C'est d'une bêtise.



Ikuro se leva lentement en s'aidant de la main de la femme. Elle allait sûrement se servir d'une technique quelconque. Sceau ? Technique au contact ? Qu'importe. Oh, le vampire espérait bien faire une annonce, parler de la lâcheté de Konoha. Tout de même, les autres se plaignent de Kiri mais, prôner la force au lieu d'une pseudo démocratie, n'est-ce pas plus convenable ?

Les mains des deux êtres s'entrelacèrent. Ils étaient pareil, la même lumière vivaient en eux. Mais il ne pouvait y avoir qu'une lumière. Celle de Sae.



Elle resserra l'étreinte de sa main droite dans celle du Vampire. Celui-ci se releva et d'un geste vif, sa main gauche appuya sur quelques points proches de l'épaule gauche de son adversaire afin de léser les nerfs. Puis sans attendre, cette même main vint agripper le cou de l'adversaire. Pas pour l'étrangler. Juste pour empêcher cette vilaine bouche pleine de dents pointues et de sang s'approcher.
A présent, Sae retirait du chakra depuis l'une des mains du vampire et de son cou. Le seul bras libre de son adversaire était inutilisable, les nerfs étant lésés.



Un rictus s'afficha sur le visage défiguré de Kazami. Cette sensation jouissive d'avoir la vie d'un être vivant dans les mains était un bonheur absolu pour Sae.

Comme pressenti, la femme tentait de mettre fin aux jours du vampire. L'homme en souriait. Il pourrait se servir de son Doton. Il pourrait user d'un stratagème foireux. Il pourrait aussi se faire exploser, lui qui n'avait pas été entièrement fouillé. Mais, l'impact serait moindre. Pire, il mourrait comme un kamikaze, comme quelqu'un d'agressif. Qu'importe, la mort est certaine. Le chakra semblant s'évaporer, Ikuro reprit :



L'homme se laissa mourir. Il approchait de la vie. De la perfection. De la fin. Du renouvellement. Bien qu'il lui fut impossible de se venger, il souriait. Le futur est trop sombre pour vouloir y vivre. Sa soeur, son père et sa mère n'étaient plus là depuis bien trop longtemps. Cette vie était dénuée d'affectuosité. Il ne pouvait ressentir. Il était passif, toujours passif. Il n'avait pas espéré grand chose. Un peu de bruit, un peu de changement quitte à en crever.
Inutile de préciser que des dégâts collatéraux ne sont pas un changement. Parler à la prêtresse aurait pu en amener un. Un manque de plan. Un manque de force. Un manque de lâcheté.
Le vampire préférait mourir que de devoir vivre dans cet endroit où une sous-fifre doit se charger du sale travail. Oui, ce Kage est faible. Oui, il est ridicule. Oui, il ne mérite pas sa place.

Une dernière fois, Ikuro observa les yeux de la femme. Étrangement, la lueur semblait changer. Elle semblait ressembler à celle de l'assassin de sa famille. Le goût du sang, serait-elle en train d'y prendre goût. Les yeux de l'homme se refermèrent. Son coeur s'arrêta. Son âme s'en alla.

Tout était terminé.
La faim s'en allant pour laisser enfin place à la fin.

Tandis que le vampire perdait tout son chakra dans les mains de Sae, il lui parla. D'une voix calme, il semblait s'être préparé à la mort. Sae ne put que soutenir ses propos en répliquant de sa voix sifflante :



Alors que sa victime tombait dans le néant, Sae se délectait de son pouvoir. Ce fut seulement lorsque le vampire fut à terre et qu'elle se calma que Kazami reprit sa place.







D'un coup de marteau de force mentale, elle expulsa l'Autre. Pour qui elle se prenait ? C'était Kazami la maîtresse de ces lieux.

La jeune femme découvrit le corps qu'elle n'avait vu que de façon confuse. Ce vampire était donc mort. Kazami était donc bel et bien une meurtrière. Mais que pouvait-elle y faire ? Peut-être fallait-il passer par là pour mieux sauver des gens. Et puis, elle ne pouvait rien refuser à Gekido. Plus il lui ferait confiance, plus il lui apprendrait des choses et lui donnerai du pouvoir.

Elle appela un garde et lui demanda de ramener un brancard. Elle y plaça alors le corps mort de l'homme dessus et le recouvrit d'un drap. Elle s'adressa alors au garde :



Sans accorder plus d'attention au ninja, elle poussa elle-même le cadavre de son ennemi jusqu'au sous-sol de la prison où se trouvait la morgue.