La relève de la brume

Le Mizukage ne pouvait pas s'en arrêter à ça. Dorénavant, il était clair, les classes politiques changeaient au sein du pays de l'eau. La famille de Dohko était puissante, elle finirait par re-désirer le pouvoir. Il était bien évidemment possible d'arrêter ça. Il était nécessaire de constituer des équipes plus stratégiques. Mélanger les forts et les faibles afin de manipuler l'esprit des futurs révoltants. L'honorable chef du clan Kaguya avait fait convoquer deux Shinobi de renom afin de faire évoluer la situation de Kiri.
Okami, un ninja faisant parler de lui, il estime pouvoir se charger de la protection du Kage. Il n'a jamais réellement exprimé la moindre haine envers le pouvoir de l'actuel Mizukage. Quelqu'un de sage et calme.
Zetsu, le chef de la section d'interrogation. Un homme semblant peu stable mentalement mais ne s'intéressant pas le moins du monde à la politique. Il ne fait qu'obéir. Un très bon soldat.
Encore faible, le chef des Kaguya ne craignait pas. Un membre de cette illustre famille ne pouvait agir en faiblesse. Gochiro prit la parole :



Le Mizukage évita de parler de Yasuo. Cela faisait 15 heures qu'il se reposait au maximum. Il était dorénavant temps de prendre une décision.

        Okami s'était dépêcher de rejoindre le bureau après avoir délaisser sa sœur. Il s'en voulait quelque peu, mais le village importait plus que leurs besoins sociaux respectifs, et il ne changerait pas d'avis sur un coup de tête.
        Il était fier d'avoir été appelé par le Mizukage, malgré sa propension à l'arrogance, et écouta avec attention ce qu'il avait à dire.
Gochiro souhaitait créer des équipes en mélangeant les membres de la famille du défunt à ses hommes loyaux, une très bonne idée pour consolider la force du village qui avait été mis à mal, suintante, après la mort de Dohko.

        Il entendit que le prochain sacrifice devait être le dernier et ouvrit les yeux en grand, d'étonnement.

« A vos ordres, Mizukage-sama. Je ferais tout ce qui est nécessaire pour préserver notre village, j'imagine que Zetsu également, et qui plus est, je pense que c'est la bonne solution. Je parlerais et j'agirais en votre nom. Cependant, j'avais une question... que comptez-vous faire du Hokage ? »

        En vérité, la réponse à cette question était plutôt évidente, mais il lui fallait une réponse par simple curiosité. Il cherchait à voir si Gochiro lui faisait assez confiance, c'était important pour lui.

« Mais vous comptez faire en sorte que ce soit le dernier... voudriez-vous dire que... ? »

        Il n’eus pas la foi de finir sa phrase, et c'était aussi une manière de savoir si ce qu'il pensait était solide sans être clair. C'était la première fois qu'il était convié à une réunion officielle et il ne voulait ni passer pour un prétentieux je-sais-tout, ce qu'il pensait être plus ou moins, ni pour un imbécile, il fallait rester vague, dans l'équilibre.
        Par habitude, il tira une cigarette de son étui en regardant son interlocuteur, tube à la main.

« Je peux ? »

La question de Okami ravivait la flemme du Kaguya. Le Mizukage se permit de légèrement sourire. Oui, le dernier. Le dernier sacrifice.



        Gochiro n'en espérait pas énormément mais, la guerre civil approchait. Les Gaikotsu n'allaient pas se laisser faire éternellement. Il était temps de rendre la situation en main.

Il était là depuis le début de la conversation, avachi sur une chaise, écoutant silencieusement le discours du Mizukage et les réponses d'Okami avec un intérêt certain, bien qu'indiscernable visuellement. En effet, bien que son visage exprimât un royal nihilisme, Zetsu suivait et pire, réfléchissait. Cette histoire était importante, grave, et méritait que l'on se penche dessus. Et cela même si on a pour habitude de suivre sans broncher. La mort de Dhoko était bête mais le grand Kaguya la considérait méritée. Il l'avait cherché, il s'était cru plus fort, il avait payé. On ne s'attaque pas à plus fort que soi.
Et puis, il y avait plus important : le sort des pays voisins. Kiri était passif depuis bien trop longtemps aux yeux d'un homme qui ne vit que pour le combat, pour un homme issu d'un clan de guerriers redoutables. Mais les faits étaient là, le village s'était affaibli. Et continuerait de s'affaiblir tant qu'il ne parviendrait pas à unir tous ses habitants. Et tant qu'il y aurait à choisir une victime tous les trois ans pour assouvir un tant soit peu la soif de supériorité de Kumo.
Quant au Hokage... Eh bien ce dernier se montrait plus hermétique qu'il ne l'avait imaginé. Hermétique mais pas indestructible, non. Il n'était qu'une baguette de bambou que Zetsu tordait et testait jusqu'à pouvoir la faire rompre. Zetsu, rompre, détruire. C'était ça, sa vie. Il n'attendait d'ailleurs que l'approbation de Gochiro pour passer à la vitesse supérieure, pour commencer les séances de torture...

        Rien qu'à cette idée, il se trémoussa sur sa chaise et changea de position, portant ainsi son regard sur les deux hommes.



Il venait de s'immiscer dans le débat d'une voix posée, calme. Trois ans pour souder Kiri et préparer une riposte. Trois ans pour redevenir une puissance, pour renforcer les équipes, pour libérer le pays de ses entraves. Serait-ce assez ? Il fallait réussir, pour la survie des Kaguya, la survie de Kiri. Il fallait lui rendre sa gloire d'antan.
Il allait falloir plus qu'un simple entrainement, exiger le surpassement de chaque ninja, chaque villageois, chaque être vivant apte à combattre.
Et régler tous les autres problèmes que connaît Kiri pour pouvoir se concentrer au mieux sur ce développement.

        Le Loup alluma sa cigarette et souffla deux ou trois taffes avant de reprendre la parole, tous ça était important et il fallait garder la tête froide,et après quelques bières en ville, son esprit divaguait légèrement, il avait besoin de toute sa réactivité.

« Mizukage-sama, je vais m'y employer. Cependant, Zetsu fait parti de mon équipe d'intervention habituelle, je pense qu'il serait sage de me confier de nouveaux effectifs, auriez-vous des shinobis que je devrais rallier au sein de mon groupe ? »

        Effectivement, Okami avait besoin de nouveaux hommes pour s'atteler à renforcer Kiri, et les Kaguyas. Il avait quelques idées en tête pour les hommes, mais préférait attendre les indications de son supérieur.
        Il souffla à nouveau, et se prépara à demander autre chose.

« Aussi, je voulais vous demander quelque chose. Beaucoup voudront vous faire tomber suite à la mort de Dohko, aussi je pense vous être utile en me proposant comme votre garde du corps et conseiller. Je sais que cette demande est plutôt étrange, mais je veux servir mon village au mieux, et bien que parfois, j'ai eu des doutes quant à votre façon de diriger, aujourd'hui je suis sur et certain de faire le bon choix pour les nôtres en vous donnant ma confiance pleine et entière. »

        Il eu un sourire nerveux après cette demande, il se sentait terriblement prétentieux de demander d'être protecteur du chef ainsi que conseiller, mais le Kaguya était sur de ses compétences stratégiques et politiques. Quant à confier sa vie à la défense de Gochiro, il était désormais certain d'obtenir une utilité dans la nouvelle gloire de Kiri.
        Ils avaient besoin de lui en vie.

        Le Mizukage appréciait cette réunion au plus haut point. Les deux concernés semblaient participer.



        Gochiro se permit de sourire légèrement. Comment faire autrement ? Un homme venait de lui avouer le désir de le protéger. La fin de Dohko semblait enfin renouveler l'intérêt des Kirijins à son égard.

ares étaient les fois où Zetsu restait aussi stoïque. Avait-il perdu sa langue ? Non, non. Il n'était pas dans ses habitudes de contredire de telles paroles, surtout quand elles allaient dans son sens. Plus ou moins.
Pour tout dire, il trouvait cette histoire de garde du corps un peu grotesque mais ne fit pas de remarques. Qui était-il pour juger les actes de son supérieur, d'un homme plus fort que lui ? Car oui, outre l'affection ou le respect, Zetsu était là car il considérait Gochiro comme son supérieur, un mâle dominant de Kiri. Et bien que ça le fasse intérieurement chié de se soumettre ainsi, il n'irait jamais à l'encontre de cet homme ou d'un homme à qui il doit allégeance. Un bon toutou, ce Zetsu ; un toutou qui n'obéit qu'aux rapports de force et non aux gâteries. Bon, par contre, avoir des inconnus dans les pattes risquait de créer certaines tensions chez le jeune homme. Il n'avait pas vraiment l'étoffe d'un chef d'équipe et sa tendance à vouloir prouver sa supériorité constamment lui causait quelques petits problèmes au niveau social. Ça et son côté sado-masochiste prétentieux, aussi. Un peu.
Il allait donc devoir faire quelques efforts pour assurer à son poste d'interrogateur et à celui de chef d'équipe qu'on venait de lui assigner. En plus il ne connaissait absolument pas ses futurs partenaires.



Ce n'était pas de l'hypocrisie, loin de là. Zetsu était une personne franche, sans le moindre tact mais franche. Si quelqu'un voulait encore faire perdre du temps et des combattants à Kiri, il lui ferait sévèrement payer.



Ce n'était pas le sujet mais, comme je vous le disais, Zetsu ne cherche pas, il parle et dit ce qu'il pense.

        Okami avait obtenu ce qu'il voulait, et il en était très heureux. Après ces paroles, il acquiesça sans écouter Zetsu.

« Sur ce, je vais prendre congé, puis-je... ? »

        Et avant de finir sa phrase, il se souvint d'un oubli qui, malheureusement, aurait pu compromettre sa journée.

« Si vous acceptez que je m'en aille, pourriez-vous convoquer Nowaki et Ozu, je vous prie ? Je vais m'occuper de Kitsune. »

        Le Loup savait que sa grande sœur avait besoin d'entendre le fait qu'elle était désormais sous les ordres son frère par la bouche de ce dernier, sans cela, elle perdrait sûrement tout contrôle sur elle-même et sa tâche serait plus ardue... le Kaguya fumant avait du pain sur la planche pour recruter des Gaikotsu sans se mettre des bâtons dans les roues.

Le Kage semblait apprécier cette réunion. Les choses semblaient changer à son honneur.



Une fois Okami dehors, Gochiro observa Zetsu. Cet homme possédait une place importante au sein du village. Suffisamment pour interroger un prisonnier de prestige. Ainsi, sans rajouter la moindre phrase de politesse, le Mizukage se mit à dire :



L'homme gardait son calme en sachant éperdument qu'il allait devoir agir sous peu.

Zetsu observa le troisième Kaguya quitter les lieux, rassuré de savoir que quelqu'un de confiance allait se charger du morveux porté disparu. Ou pouvait-il être ? Il fallait le retrouver, il pouvait être n'importe qui, n'importe quoi. Kiri étant déjà en conflit avec Kumo, il ne manquerait plus que ce gamin parler de l'état du village à Konoha. De nombreuses questions étaient à éclaircir, sans compter que ce Hokage n'en était peut-être pas un, finalement... Allez savoir pourquoi, il en était même venu à la conclusion d'une feinte, d'un énorme bobard venant de Konoha pour connaître les réactions de Kiri en cas d'intrusion. Après tout, un Kage serait-il assez fou pour débarquer en plein village, comme ça, escorté d'un homme qui disparaît mystérieusement en cours de route ? L'air grave, il se redressa pour répondre.
Il suit son cours.



Il pouffa de rire, trouvant cette histoire grotesque mais n'hésitant pas à la raconter pour autant. Il n'était pas là pour donner son avis, juste pour rapporter ce qu'il avait appris.

        L'homme observait son interlocuteur avec un manque d'émotion. Le Mizukage connaissait sa destinée, il était dans l'obligation de constamment faire des choix. Dans l'obligation de protéger sa place. Tout ça pour protéger sa famille qui semblait ne jamais le comprendre.



        Il était trop tard pour Dohko. Trop tard pour cet enfant. Gochiro s'empêchait d'abandonner, il serait celui qui empêcherait les sacrifices de se faire. Il est le seul à le pouvoir. Les autres ne seront se sacrifier, ils vivront au jour le jour. C'est pourquoi, le Mizukage continuerait à vaincre l'un à un les prétendants du titre. Pour accomplir son destin, pour sauver son clan et son village.

Un idiot. C'était parfaitement ça. Il fallait être idiot pour s'inviter comme ça sans réfléchir et se la raconter. D'ailleurs, il allait certainement y passer et ce point ne dérangeait nullement notre Zetsu qui considérait ça comme une chose juste. On ne se moque pas de Kiri.



D'un mouvement souple, le grand Kaguya se dressa sur ses pieds et toisa son interlocuteur qu'il dépassait d'une dizaine de centimètres.



« Mon atelier de torture est tout ouvert » faillit venir ponctuer la phrase mais le jeune homme se retint, jugeant ses mots suffisamment explicites comme ça. Il valait mieux ne pas trop parler de ce qu'il faisait, là-bas...