Le Yūhodō comme lieu de rencontre ?

        Il s'en était passé des choses ces derniers jours : les vampires, les Kumojins. La vie à Konoha semblait presque intéressante maintenant. Je m'installais à une table du Yūhodō. Je n'avais pas assisté à l'inauguration, mais semblait-il que ça avait été un sacré événement. Suite à celui-là, j'avais eu quelques bons échos et depuis, je m'y rendais de temps à autre. Non pas que je fuyais la foule, mais j'avais tout de même une préférence pour les petits comités. Il devait être aux alentours de 22h et lieu était plutôt calme pour l'instant. Je commandais un saké et faisais un petit tour d'horizon de la salle pour voir si je connaissais déjà quelques hommes présents.

Ils étaient encore bien loin de rentrer dans leurs frais, après tout avec le succès qu'avait connu leur journée d'inauguration, et les dépenses colossales qu'elle avait engendré, ce n'était guère étonnant. Masao et son frère Zenjirô, le jeune cuisinier en chef, discutaient tranquillement au comptoir. Depuis l'ouverture Masao ne fréquentait plus les bars, il avait désormais un nouveau point de chute bien plus agréable. Le sourire de son frère était contagieux et le vétéran ne se morfondait plus dans sa solitude. Peut-être finirait-il réellement par surmonter son deuil...

Il était légèrement aviné, pas assez pour être un mauvais exemple pour son jeune frère, mais suffisamment pour saluer Taram d'un grand signe de la main quand il la vit. Il avait rencontré la kunoichi quelques jours auparavant, à l'occasion de l'interrogatoire d'un Kenketsu. Masao n'avait toujours pas digéré que les deux "créatures" aient été exécutées. Mais visiblement, celui qu'il avait interrogé était devenu fou dans sa cellule à cause de sa soif de sang et l'autre avait tenté d'attaquer le Kage... La décision de Gekidô se comprenait dans ce contexte...

En plus d'une ancienne collègue d'interrogatoire, Taram allait être, il avait reçu un message le stipulant plus tôt dans la journée, une de ses nouvelles coéquipière. Bien que leur première réunion d'équipe officielle n'ait pas encore eut lieu, il n'était jamais trop tôt pour faire plus ample connaissance.

        J'apercevais Masao. Ce n'était pas vraiment étonnant de le trouver ici, après tout c'était bien son frère qui tenait le restau. J'allais jusqu'à lui et le saluait.



        J'essayais de lancer un peu la discussion, et puis après un moment je décidais d'aborder un sujet plus sérieux :



        Je baissais la tête sur mon saké, en buvais une gorgée et poursuivais :



        Bien sûre, je n'avais pas du tout l'intention de lui dire que c'était précisément avec Gekido que j'avais eu cette discussion qui manquait cruellement de jugement et d'ouverture d'esprit. Ça datait déjà de plusieurs jours et pourtant, je l'avais toujours mauvaise. Chaque fois que je me remémorais ces instants, je me sentais comme contrariée. Alors que de base, jamais je n'aurais remis en question le pouvoir de notre Hokage Uzumaki. J'avais toujours cru en lui. Mais je désapprouvais totalement une telle fermeture d'esprit. Presque par fierté, j'aurais aimé lui montrer que son « triste » sort de kage n'était pas une fatalité, et qu'il y aurait toujours des alternatives possibles.

Alors que Taram se rapprochait, Masao lui avança un tabouret du comptoir pour qu'elle puisse se mettre à l'aise. Visiblement elle avait pas mal de choses à dire et Masao écouta en silence, sirotant sa coupelle, qu'elle ait terminé avant de répondre.



Elle enchaîna ensuite sur un tout autre sujet, demandant si un Kage Kitto ne serait pas préférable à la cohabitation Uzumaki-Chikara actuelle. Se demandant au départ s'il ne s'agissait pas d'une mauvaise blague ou d'une question piège, Masao ne décela dans le regard de son interlocutrice aucun indice lui permettant d'affirmer qu'elle n'était pas sérieuse. Dans le doute, il décida de lui répondre tout aussi sérieusement.



Finissant sa coupelle, il la reposa avant de soupirer et d'ajouter une dernière phrase.



Essayant de peser ses mots avec le plus de justesse, il n'avait pas trouvé de meilleur qualificatif pour exprimer son ressenti sur le Kage. Ce n'était pas un mauvais bougre et il n'était pas animé de mauvaises intentions, mais ça manière de traiter les choses pouvait en froisser plus d'un.

        Masao pensait quant à lui que le village se porterait mieux si un représentant de chaque clan avait sa part du pouvoir. Il fallait bien que j'émette des retenus face à cette hypothèse. Je lui disais donc, sans toutefois remettre en cause ses propres idées :



        Je lui précisais ensuite brièvement mon avis. Nos idées avaient l'air de diverger et mon but n'était pas vraiment de le convaincre. Juste de connaître ses opinions politiques.



        Vint alors le sujet de l'absence du représentant Chikara, Yasuo.

L'idée de Kazami était inattendue, ses arguments intéressants mais ses conclusions difficiles à vérifier... Uzumaki et Chikara se sentiraient-ils moins lésés avec un Kitto pour seul chef ? Difficile à dire... Konoha manquait cruellement d'une identité propre. Mezzo se demanda un instant si Kiri souffrait du même problème... ou si l'herbe semblait tout simplement plus verte ailleurs.

Le cas Yasuo intrigait également Taram. Il fallait bien reconnaître que cette situation n'avait rien de bien normal. Yasuo n'était pas du genre à rester en retrait, surtout face à des événements d'une telle importance.

        Je disais ça sans y croire vraiment avec conviction. Je me remémorais l'épisode de la prison : à aucun moment Gekido ne s'était soucié de l'avis de Yasuo, ni même simplement de lui faire parvenir l'information. Et il avait pris des décisions hasardeuses, notamment celle de tuer Nakatsu. J'avais beau réfléchir, je ne comprenais pas pourquoi avait-il fait une chose pareille. C'était un traître, je le concevais parfaitement, mais j'avais la conviction que Yasuo lui aurait offert le même traitement - si ce n'est un pire. Alors pourquoi prendre le risque d'être fautif ? D'être coupable ? Je ne cessais de me dire qu'il y avait anguille sous roche. J'essayais de me souvenir de notre dernière réunion dans les anciens quartiers Uzumaki, c'était la veille de l'annonce officielle de Gekido sur l'attaque des vampires. J'avais demandé explicitement des détails sur les événements de la prison. Gekido était quelque peu gêné et agacé à l'idée de me répondre. Et il m'avait bien laissé comprendre qu'il ne voulait pas de questions. Tout ça était quand même bizarre.



        Je finissais mon verre et laissais quelques pièces sur le comptoir avant de saluer mon nouvel équipier et de partir.

La conversation n'avait pas duré bien longtemps, mais l'heure était déjà avancée et ils n'avaient pas grand chose d'autre à se dire dans l'immédiat. Ils auraient de toutes manières, comme l'avait dit Masao, l'occasion de se connaître un peu mieux, et de manière plus professionnelle, lors d'une entrevue que leur nouveau chef d'équipe ne tarderait pas à organiser. D'ici là, le Kitto avait tout loisir d'essayer d'en apprendre un peu plus sur ce "Sayan" et sur l'étrange disparition de Yasuo