« Et bien, tu es très doué ! Je crois que je n'ai plus besoin de retenir ma vitesse… »
Ce n'étaient là que quelques mots, simplement sortis... Mais dans cet encouragement spontané, Seijuro y trouva une source de satisfaction particulièrement prononcée. Un Chikara, et pas le moindre, venait d'apprécier les capacités du Kitto. Il allait enfin donner toute sa vitesse au combat, c'était la le signe d'un grand respect, et c'était finalement tout ce qui devait être recherché dans une situation comme celle-ci. Oui, les deux hommes qui s'entraînaient mutuellement sur ces lieux venaient à témoigner de leur respect l'un pour l'autre. La coupelle de sake serait définitivement bonne à partager.
« Un homme m'a dit un jour que nulle puissance ne peut espérer effleurer une vitesse qu'il ne peut atteindre... Qu'il en soit ainsi pour notre entraînement Qazea. »
Le Kitto ne savait comment réellement témoigner de sa gratitude par le verbe. Il n'était pas l'homme parfait pour les situations de conversations impliquées, mais tentait de faire des efforts... Le temps de son mutisme complet remontait désormais à loin... C'était d'ailleurs grâce à un autre Chikara, qu'il avait apprit à communiquer, Len. Il eut une pensée pour cet homme qu'il n'avait croisé depuis un moment qui semblait désormais s'éterniser. Aujourd'hui, il en rencontrait un autre qui avait su, en quelques instants seulement, gratifier tout sa renommée et tout son honneur. C'était peut-être là le travail de son précurseurs... Perdus quelques instants dans ses pensées, Seijuro se ressaisit et porta une nouvelle fois toutes ses pensées vers le combat présent.
Cette fois-ci le Chikara se propulsa d'un coup, effleurant la vitesse possible de déplacement pour un être humain. D'un instant à l'autre, toute sa masse s'était portée là où Seijuro se trouvait, tentant d'asséner un coup de la main droite. Il fallait être attentif, les coups portés n'étaient pas appuyés de puissance, mais la vitesse aurait occasionnée de véritables dégâts lourds. L'oeil et la vision du Kitto seraient des atouts non négligeable. Seijuro para la manchette droite en déviant le coup de son bras gauche et resta sur la défensive sur les enchaînements que déployait Qazea. Ses parades étaient bonnes. Il restait finalement quelques souvenirs de ses entraînements d'enfance...
Cette fois-ci, il ne s'éloignerait pas, il réussissait tant bien que mal à rivaliser avec la vitesse de son partenaire, il fallait tenter de maintenir la cadence. Certes, il commençait déjà à se fatiguer, mais c'était le but de la journée... Repousser ses limites à de nouvelles frontières...
Seijuro décida alors de contre-attaquer, il arma ses deux poings qu'il élança simultanément en direction du coeur et du foie de son vis-à-vis. C'était une technique de corps à corps dangereuse, mais ici, le but n'était pas de porter le coup, il retiendrait l'impact dans le cas où la vitesse utilisée dépasserait la capacité de réaction du Chikara. C'était un coup qu'il aimait utiliser, tant son enseignant avait loué son mérite, un double coup porté sur deux organes vitaux... Le grand-père de Seijuro avait appelé cette technique de combat pied-poing, Eijuken. Qazea la connaissait-il ?