La petite Tsubasa

Len continuait de voir Tsubasa régulièrement. Du moins, il essayait. Il fallait reconnaître que son nouveau job à la prison lui réclamait beaucoup d'investissement. Sans parler de la chasse aux Nukenins : Des missions qui duraient parfois des mois. Le Hokage ne négligeait pas ses déserteurs et une nouvelle campagne débuterait probablement sous peu. Cependant, Len ne regrettait pas son engagement envers la section Ruto. Il se sentait utile et s'éloigner un peu du village, voyager, lui faisait le plus grand bien. Une certaine tension perdurait dans les rues de Konoha, l'air devenait presque irrespirable parfois.

Le brun arrivait devant la maison de celle qu'il considérait comme une petite soeur. Il toquait à la porte - ce qu'il ne faisait pas toujours - et attendait qu'elle vienne lui ouvrir.

Deux jours. Deux jours qu'elle n'avait pas sorti de ne serait-ce que le bout de son nez dans le village de Konoha, deux jours qu'elle venait de passer cloitrer chez elle, ignorant tout du monde extérieur et refusant tout contact avec ce dernier. Ses stores étaient fermés, elle avait même renforcé sa porte et y avait rajouté deux loquets et une chaine pour s'assurer que toute intrusion dans ce bâtiment qu'était son domicile serait une tache pénible et ardue.
Tsubasa était assise en tailleur sur un coussin, en plein milieu de son salon. Sur sa tête trônait un petit bâtonnet fumant tenu par son bandeau ninja dont l'odeur devait soi-disant repousser les mauvais esprits.
Des grigris et autres portes bonheurs étaient suspendus un peu partout et de nombreux cierges étaient allumés sans interruption afin que la pièce ne sombre jamais dans l'obscurité totale.
On toqua à sa porte, ce qui lui arracha un petit hoquet de surprise. Étaient-ils là pour elle ? Elle s'était juré de ne pas ouvrir mais une voix qu'elle aurait reconnue entre mille l'appela, dehors. Len. La jeune femme grimaça, rongée par l'envie d'ouvrir à son ami et la peur de ce qui pouvait se trouver derrière cette porte si jamais elle était tombée dans le piège qu'on lui tendait peut-être.

        Finalement, après de longues secondes à peser le pour et le contre, elle s'élança vers la porte en expulsant tout l'air qu'elle avait dans ses poumons et, après avoir tout déverrouillé, entrouvrit la porte pour jeter un coup d'œil méfiant dehors. Il n'y avait que cet homme aux longs cheveux noirs et au visage fin et qui ressemblait à s'y méprendre à son précieux camarade. Mais était-ce vraiment lui ? Personne ne pouvait le prouver. Sa main droite glissa jusqu'à son étui à kunais pendant que ses yeux inspectèrent avec attention le beau Chikara qui se tenait face à elle. Il devait la prendre pour une folle. Encore une fois. Elle avait le teint pâle et des poches sous les yeux. La faute de l'insomnie probablement.
Après cette brève inspection, elle l'agrippa par le col de son T-shirt et le tira vers l'intérieur avec autant de douceur qu'un rhinocéros qui souffrirait d'une overdose de caféine. À peine fut-il rentré qu'elle referma vivement le battant et s'y appuya de tout son long.



Elle colla son oreille sur le chêne massif et écouta attentivement les bruits venant de l'extérieur sans pour autant quitter son invité des yeux.

Len était choqué de voir son amie dans cet état. Elle semblait complètement rongée par la paranoïa. Il l'observait refermer méticuleusement les différents verrous de la porte avec un pincement au coeur. Elle était devenue tellement craintive qu'elle hésitait même à lui faire confiance à lui. Pourtant, leur amitié ne datait pas d'hier. Alors qu'elle avait toujours l'oreille coller à la porte, Len tira légèrement sur son bras pour lui indiquer que toutes ces précautions n'étaient pas nécessaires.



Il baissa un peu la tête, formant une légère moue sur son visage. Il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir responsable mais il cherchait à se retirer cette idée de la tête. Il portait à nouveau son regard sur elle. Finalement, il disait en empruntant un air narquois que Tsubasa connaissait bien :



Il espérait que ces quelques mots lui redonne le sourire. Il n'aimait décidément pas la voir malheureuse.

Tsubasa aurait presque eu un mouvement de recul en voyant la main de Len s'approcher de son bras. Elle devait avoir le même regard qu'un lapin pris au piège. Deux grands yeux ronds, luisants de peur et d'anxiété. Cette tension s'adoucit néanmoins légèrement quand elle croisa les prunelles vivantes et rassurantes de son acolyte. Elle se mordit nerveusement la lèvre inférieure, elle était ridicule. Paranoïaque.
Len était comme toujours, parfaitement identique au Len qu'elle avait rencontré avant et qu'elle croisera encore les jours suivants. Mais devait-elle le mettre dans la confidence pour autant ? N'attirerait-elle donc pas le malheur sur ce pauvre innocent si elle lui avouait la raison de tant de méfiance ? Sa main se resserra sur le verrou quand il émit l'hypothèse d'une sortie prochaine. Il ne fallait pas qu'il sorte. Si ça se trouve, le simple fait d'avoir toqué à sa porte l'avait condamné, lui aussi.
Après un instant de blanc, elle soupira de nouveau.



Sans attendre de réponse, la jeune Chikara se dirigea vers le placard et en sortit deux coupes et une bouteille à moitié vide -ou à moitié pleine- et lui fit signe de la suivre jusqu'à sa table de salon. Ses pupilles, elles, ne cessaient les allers retours entre le minois du garçon et les fenêtres closes de son domicile.

Elle se laissa tomber sur un pouf et posa l'alcool au centre de la table.



Osa-t-elle finalement demander timidement.

Len préférait lui épargner les questions ridicules. « Est-ce que ça va aller ? » Non. Tout allait de travers désormais. Tsubasa n'arrivait même plus à regarder son ami en face, son regard fuitait sans cesse sur les ouvertures de la maison. Pourtant, il n'y avait aucun bruit. Pourtant, personne n'avait suivi l'homme jusqu'à chez elle. Tsubasa lui proposait finalement du Saké. Il acquiesçait et souriait légèrement mais son visage n'arrivait plus à se détendre complètement. Le stress de son amie commençait à se répercuter sur lui, ce n'était pas une bonne chose. Que pouvait-il faire pour rendre Tsubasa joyeuse comme avant ? Que pouvait-il faire pour que Konoha redevienne un lieu rassurant comme par le passé ? Les derniers événements semblaient peser lourd sur les épaules de la jeune fille. Tout ça semblait la ronger à petit feu. Ils s'installèrent près de la petite table basse, saké au milieu de la table. Les choses auraient pu sembler meilleurs, l'espace d'un instant.. Mais Tsubasa était tourmentée et les questions se répétaient en boucle dans sa tête. Len servait les verres et affirmait avec ses certitudes :



Il attrapait alors sa coupelle et tendait son bras en direction de son amie afin de trinquer. Puisse l'alcool la détendre au moins quelques instants...

Elle soupira de soulagement en entendant que tout était habituel dehors, ailleurs, partout. Elle regarda son compagnon remplir les deux verres mais attendit avant de se servir, toujours un peu songeuse. Un ricanement s'échappa finalement de ses lèvres. Elle se sentait idiote mais la pression qu'elle s'était mise ces derniers jours retombait et la sensation d"être délivrée d'un poids lui faisait du bien. Le verre de saké qu'elle but après avoir trinqué avec Len en fit de même



Elle se resservit instantanément après et, entre deux petits rires, imita la voix d'une personne âgée.



Elle roula des yeux et descendit son verre aussi vite qu'elle l'eut rempli. Elle était trop superstitieuse, elle l'avait toujours été. Superstitieuse et naïve. Agacée par sa propre stupidité, elle pointa un index menaçant vers son invité.



C'est étrange comme la simple présence de cet homme pouvait l'apaiser. Il devait avoir un don, quelque chose. Peut-être était-ce pour mieux l'endormir avant de la poignarder dans le dos et de la dévorer. Peut-être était-ce lui, tout simplement, le Dieu des Morts. D'ailleurs, il ne devait rien y comprendre, le pauvre.

Tsubasa n'avait pas commencé à boire qu'elle commençait à délirer toute seule. La pression qui retombait probablement ? Len était tout de même curieux de savoir qui était cette vieille bique. Elle avait visiblement maudit les Chikaras, mais y avait-il autre chose ? Est-ce que ça pouvait avoir un lien avec le fait que son amie se sente ainsi surveillée ? C'était sans doute une accumulation de tous ces événements et de l'ambiance au village. Len prenait un air un peu bête, mais cependant intéressé :



Il prenait alors un air narquois, moqueur. Mais Len continuait tout de même à s'inquiéter pour l'état psychique de son ami. Il serait bientôt l'heure d'agir. Le brun avait d'ores et déjà commencé à échafauder un plan, il attendait juste le bon moment afin d'attirer l'attention du plus grand nombre.

De qui elle parlait ? Elle ne le savait même pas. C'était juste une vieille sans nom, sans identité et sans intérêt. Une folle dingue qui avait dû garder son nez trop longtemps dans le saké pendant sa jeunesse et qui aujourd'hui subissait le contrecoup de tant de déboires.



Elle avait déclaré ça mais continuait tout de même à réfléchir à l'identité de cette personne. Où l'avait elle vu, à quoi ressemblait-elle... Des bribes de souvenirs lui revenaient au fur et à mesure que son verre se vidait.



Superbe description n'est ce pas ? Elle espérait qu'il voit enfin de qui elle parlait mais rien n'était moins sur, vu son descriptif flou et en partie inutile.