Ce ricanement ne débutait pourtant que par un simple rictus et il se clôturait par un rire franche et moqueur. La blancheur du visage de Hatsuharu était impressionnante, mais elle ne reflétait absolument pas les pensées obscures de l’homme. Ils ne connaissaient pas ce nouveau Kiri et ils semblaient y agir comme de véritables fauves. Ici, ils n’étaient pourtant qu’un repas. Le terrible Kenketsu était subjugué par cette innocence… Les individus face à lui n’étaient que de piètres idiots. Ils espéraient des choses inimaginables et ils étaient suffisamment fous pour inventer d’énormes mensonges…
« Donc, je vous laisse partir et je récupère le contrôle des ruines d’un village ? Cette guerre est ancestrale, les Kenketsu et les Gaikotsu combattent depuis toujours. Souhaitez-vous réellement me proposer de mettre fin à cette guerre ? Pensez-vous sérieusement que les Gaikotsu accepteront ? »
Son visage était dorénavant sous les rayons du soleil tombant, une mince brûlure provoquait une fumée sur le visage du Kenketsu. Il ne craignait plus la lumière, mais ceci n’était pas rare. Visage cadavérique et regard sadique, le monstre n’avait définitivement rien pour plaire. Il n’était pas ici pour stabiliser le monde, mais pour se venger. Son armée ? Un simple artifice pour répandre la haine de son coeur ainsi que pour donner un élan d’espoir à sa fille. Hatsuharu était mort le jour de la fin de Natsuko, il ne vivait plus et il passait son temps libre à trouver un moyen de divertir son esprit. Il ne pouvait oublier. Dorénavant, il le savait. Ses deux enfants étaient bien plus importants que le reste de sa vie. Cette Bakura… Elle allait vivre le même drame.
« Je suis d’une humeur joyeuse. Le soleil est resplendissant, vous ne trouvez pas ? Je ne souhaite pas tuer, j’offre compassion. Je souhaite transformer chaque membre de ce clan de chasseurs et de tueurs. Je souhaite qu’ils se détestent entre eux. Qu’ils se haïssent. Je souhaite prendre mon temps. Quoi de plus tragique qu’un fils en obligation de tuer son père ? Un père tuant son fils, peut-être… »
Hatsuharu prenait son temps, ils devaient souffrir. Bakura finirait bien par venir pour sauver son peuple et ce jour… Ce jour, elle découvrirait sa famille détruite et en partie transformée. Peut-être même qu’elle possédait une mère ou une soeur déjà sous le joug de l’envie de sang ? L’éternel ne pouvait qu’en rire. Sa vengeance devait être longue, tout autant que son chagrin.
« Je vous offre une opportunité de fuir. Abandonnez vos stupides idéaux et vivez loin d’ici. Rejoignez l’île des Kaguya et faites-y votre campement. Les Gaikotsu deviendront mes frères, mes fils, mes aïeux et mes choses. »
Le Kenketsu ne souhaitait finalement que s’offrir une vengeance. Natsumi était-elle assez mature pour l’imaginer ? Hatsu’ espérait que non… Non loin, la fausse Princesse possédait bien un rôle, mais Hatsuharu n’y voyait qu’un intérêt moindre. Il était bien plus plaisant de s’oublier à la haine et à la décadence.