Deuxième vie

Préparer son départ. La Dame de Fer devait préparer l’avenir de l’Anbu, l’organisation dont elle était à la fois la fondatrice et son premier général. Son règne allait probablement être de courte durée… Il ne faisait aucun doute pour elle que, si Kimino voyait ses actions comme une traitrise, il la punirait sévèrement. Plus que ça, elle ne pouvait décidément rester à son poste sans proposer elle-même sa démission. Elle n’était pas folle… Des actes aussi borderline ne serait probablement pas impunis.

Alors, elle avait fait une liste. Une liste de Shinobi capable de rejoindre l’Anbu. Et dans cette liste, il y avait le nom d’un Kirishitan. De plusieurs Kirishitan même. Mais chaque recrutement était particulier, personnalisé. Cette nuit-là, il s’agissait du recrutement de Kirishitan Moji. Un homme qui, d’après les rapports, était plutôt du genre loyal, fidèle. Mais fidèle à qui ? A son clan ? A Konoha ? Probablement à son clan. Cela ne faisait que deux ans que les Kirishitan avait rejoint Konoha. Difficile donc de leur demander d’être fidèle, en premier lieu, à la république. Pourtant, il allait devoir surpasser cette difficulté.

La Dame de Fer attendit le Shinobi proche de chez lui. Lorsqu’il arriva à la porte, elle sorti de sa cachette, et planta deux Shuriken dans sa porte. Une attaque surprise, de quoi tester ses réflexes. Du haut d’un toit adjacent, la lune dans son dos, masquée et le chakra camouflé, la silhouette était encapuchonnée. Il n’y avait qu’un seul masque, distinctif des services secrets.



Derrière son masque d’animal, la dame fixait d’un regard impassible le Kirishitan.



Et tout allait se jouer là.

Une douce brise, une toile sombre projeté sur le ciel accompagnée par des étoiles brillantes qui illuminent les rues, il s'agissait d'un temps parfait pour une marche. C'était donc en quête de réponse que Moji avait décidé de quitter son domicile, tentant de faire le vide tout en revenant sur les événements passées récemment. L'homme à peau d'ébène se sentait terriblement seul. Bien qu'il soit venu sur le Yuukan avec son peuple, ceux qui lui tenait le plus chère trépassaient tous les uns après les autres. Durant son périple afin d'arrêter Masaru, le jeune homme perdit Salomon, le Pasteur de son village, ainsi que son rival. Les deux hommes possédaient de fort caractère ainsi que des idéaux divergeant mais ils se respectaient tout de même et cherchaient constamment à se protéger mutuellement. Le Pasteur avait périt de la façon la plus noble possible, au combat face à un adversaire surpuissant, Masaru, assassiné quelques instants plus tard par Moji lui-même.

Cette action perdurait également au sien de l'esprit du senseur qui s'arrêta pour regarder ses mains sur lesquelles il semblait voir du sang en permanence. Depuis son arrivé sur le Yuukan, Moji se sentait changer, devenir quelqu'un d'autre. Tout commença par les meurtres des hommes-poissons aux bords des rives, maintenant le sang de Masaru tachait ses mains. Ces actions n'étaient jamais sans but, elles menaient tous à la même réponse, protéger son peuple. Ce monde est rongé par la mal, la haine, tout ici veux votre peau, Moji ne faisait que s'adapter, enfin, c'était ce qu'il souhaitait croire.

Il reprit la marche, errant dans les rues du quartier où les Kirishitan sont rapatriés, plus perdu que jamais. Son seul et unique amour avait été tué, empoisonné aux abords du village. Son assassin a été retrouvé et tué à son tour, mais le vide persistait à l'intérieur du coeur de Moji. Pour finir, la Cheffe de leur tribu et Hokage du village, Risako, perdit la vie en mettant bas l'enfant qu'elle eut avec le deuxième Hokage, Uzumaki Kimino. Depuis ce temps, Moji erre au sein du village, n'étant plus très actif au sein du cadre politique, lui qui détenait la place de bras droit de Risako. Suite à la mort de Salomon, le Kirishitan avait promis à Risako de veiller sur elle, d'être ses yeux, ce qu'il fit vaillamment, jusqu'à ce que la vie n'en décide autrement, prenant ainsi par le fait même l'enfant de leur union. Perdu dans ses pensées, il fut ramener brusquement au monde réel lorsque deux Shurikens vint se planter contre sa porte, alors qu'il terminait sa marche nocturne. Surpris, Moji se retourna sur ces gardes, était-ce le fait qu'il était trop préoccupé par ses pensées qui faisait en sorte que le ninja senseur n'avait ressenti aucune présence ? Le grand à peau foncé balayait le décor du regard, jetant ensuite rapidement ce dernier en direction d'où provenait la trajectoire des Shurikens. Il y vit, perché sur le haut du toit d'une maison, une personne capuchonné, portant un drôle de masque aux airs animaliers. Moji reconnu les forces spéciales de Konoha, les services secret, l'ANBU, que pouvaient-ils bien lui vouloir ? Ses années passées aux côtés de Risako en tant que bras droit lui avait permis de prendre connaissance de beaucoup d'information utile sur ce village, dont la présence des services secret. Malgré son visuel, le senseur n'arrivait pas à ressentir ce chakra dans les environs, ce qui lui mit la puce à l'oreille comme quoi cette personne possédait les mêmes habiletés que lui. Crois-tu au destin ? Moji ne répondit pas à cette question, toujours légèrement sous le choc de cette attaque surprise, ce fut lorsque se qui de voix, ressemblait à une femme, parla de Risako que Moji prit la parole.



Le senseur restait planté là, au pied de la porte de son domicile, le souffle accéléré. Suite à sa prise de parole, il tenta d'identifié quelqu'un d'autre dans les parages, usant de ses talents, même s'il se doutait bien que ce serait en vain, qu'une unité de traque comme celle-ci posséderait probablement tous cette affinités.

À son assaut, Moji n’avait pas réagi. Trop confiant ou trop rouillé ? Un manque de vigilance ? Il était trop tôt pour le savoir. Tout ce qu’elle savait, c’était que si son attaque avait voulu être mortelle, il n’aurait probablement pas pu agir à temps. Excès de confiance ? Dépression ? Toutes les hypothèses étaient possibles. Tout ce dont elle avait peur, c’était que sa réputation soit surestimée par rapport à ses capacités.



La silhouette de la Dame restait perchée en haut du toit, sans même bouger. Cet arrêt d’activité aurait eu raison de ses capacités ? Non, au fond d’elle, elle le savait plus que quiconque. Le métier de Shinobi ne s’oubliait pas. Il restait gravé au fond de vous, inlassablement, irrémédiablement. Il était probablement simplement rouillé.



La Dame de Fer prit une courte pause, avant de reprendre.



Une énième pause. La Dame de Fer le jaugeait du regard.



La stricte réalité. Moji avait encore le choix de rester dans la lumière. Être de l’Anbu n’était jamais une partie de plaisir. Ce n’était pas un honneur, pas un métier. C’était un sacrifice, une vocation. Chaque membre le savait, une fois marquer, il n’y avait plus aucune échappatoire.

L'ombre d'Iwa restait sur place, continuant d'analyser la situation. Il utilisa son sens aiguisé de la déduction pour en venir à une conclusion. Cette femme avait une opportunité rêvé de mettre fin aux jours du Kirishitan, si cela était vraiment ce qu'elle souhaitait, mais elle en avait décidé autrement. Sa présence sur place devenait de plus en plus évidente pour Moji.



L'homme fier fronça les sourcils.



Rétorqua t-il froidement. Moji possède un fort caractère, une fierté. Le tout couplé au fait qu'il n'ait maintenant plus rien ni personne à perdre dans ce monde pourrait s'avérer un mélange explosif pour la femme devant lui, au loin. La femme persista avec le même discours, toujours sur un drôle de ton qui ne plaisait guère à Moji, comme si elle lui était si supérieur.



Il baissa la tête, une pensées pour les gens qu'ils a aimés et qui sont partie lui vint à l'esprit.



Il releva la tête en direction du membre des forces spéciales avec de la conviction au sein de son regard.



Dit-il avec assurance. Son monologue ne laissait place à aucune fausse interprétation, comme quoi qu'il était maintenant un homme libre, sans attache, sans peur, un élément parfait pour l'ANBU. Moji savait bien lire entre les lignes et se doutait bien des intentions derrières les questions de la femme.

La Dame de fer n’était pas une femme facile à vivre. Elle avait un caractère bien trempé, forgé par les expériences douloureuses, les pertes et la guerre. Elle était un vestige du passé, un souvenir du temps où les Uzumaki vivait en tant que nomade, hors des murs d’un village. Elle connaissait le prix de la division, de la discorde. Et elle devait protéger le village de ses propres démons, seule, s’il le fallait. Désormais, elle était prête. Prête à encaisser toutes les foudres du monde pour épargner les jeunes générations.

La réponse de Moji était de sa trempe. Il était un Homme perdu, presque détruit. Il n’avait plus vraiment grand chose pour le rattacher au village, à part le village en lui-même. Bonne ou mauvaise chose ? Difficile à dire. Cela dépendait du point de vue que l’on adoptait sur la situation. Mais pour la Quadragénaire encapuchonée, c’était une bonne chose. Sa réponse était d’ailleurs parfaitement cadré pour un entretien d’embauche de l’Anbu. Derrière son masque, la Quadragénaire affichait un sourire satisfait : elle ne s’était visiblement pas trompée.



La Dame de Fer sauta alors du toit pour se mettre au niveau du Kirishitan. En chemin, elle déploya ses dons sensoriels. Personne. Ils étaient seuls. Elle s’en doutait… Le lieu du recrutement n’était jamais anodin.



La Quadragénaire sortie alors de sa cape un masque d’animal. Personne n’était dans les environs, mais elle ne le sorti pas totalement de sa cape, comme si elle risquait que quelqu’un d’autre ne le vois.





La Dame de Fer fixait l’homme

Le jeune homme restait là, à fixer la femme au masque. Il venait de déballer ce qu'il avait à dire, tout ce qu'il ressentait au fond de lui depuis si longtemps. Cette discussion se trouvait à agir comme quelque chose de réparateur psychologiquement, finalement. La membre des forces spéciales, ANBU, semblait satisfaite de la réponse du jeune homme. Cette dernière quitta finalement son toit pour venir rejoindre Moji au niveau du sol. Le Kirishitan resta sur place, le menton bien haut, déposant son regard sur la femme qui avançait vers lui, un regard stoïque. À son intérieur, Moji ressentait comme un grand vide, vide créé par la mort de tout les gens qu'il aimait autour de lui. Ce fût lorsque la femme arriva en face de lui qu'elle prit de nouveau la parole. L'ombre d'Iwa avait une tête de plus que la ninja, bien qu'il n'était pas considéré comme étant un membre très imposant physiquement pour les membres de son clan, la différence se faisait tout de même ressentir face à un membre de ce Yuukan.

Se dont il se doutait vint finalement se transformer en évidence, il s'agissait bel et bien d'un recrutement. Voilà donc ce qu'avait à offrir une vie au sein des forces spéciales ANBU, une vie dans l'ombre. Tout cela semblait coller parfaitement à la personnalité de Moji, qui se faisait aussi appeler l'Ombre d'Iwa, dans son ancien village. Une vie dans l'ombre, un double vie, mensonge et espionnage, aucune reconnaissance. Tout ceci ne semblait pas très attrayant en temps normal, pour quelqu'un de normal. Mais en ce moment, Moji était tout sauf quelqu'un de normal. Le vide en lui l'avait amener à un cheminement psychologique presque en état de détresse, ou instable. Une telle vie semblait faire du sens en ce moment selon la logique. Mais au fond, Moji restait Moji, un être dévoué et émotionnel, un être qui aime aider et être reconnu par ses pairs, le chemin de la lumière l'interpellait encore au loin. Il tourna le dos à l'ANBU, faisant face à sa porte, levant la main en direction de cette dernière.





L'homme prit les deux Shurikens plantés dans sa porte et se retourna face à la femme, avançant ces derniers vers elle, comme pour faire un échange avec le masque. Les cheveux masquant son regard, il prit la parole encore une fois, sur un ton bas, laissant sortir une voix plus grave.



Calme, assurance, l'ancien Moji semblait refaire surface, en une version plus froide et vindicative. Son esprit tourmenté semblait maintenant plus clair, en paix. Un vent de changement avait soufflé aujourd'hui, tournant une nouvelle page de l'histoire de Moji Kishitan, l'Ombre de Konoha.

Le choix qu’imposait la Dame de Fer à Moji n’était pas simple. Pour aucun Shinobi. Choisir entre son devoir au prix de la liberté était loin d’être un acte anodin. Il s’agissait d’une vocation. D’une intime conviction. Un processus personnel que chaque Shinobi devait un jour faire face. Aujourd’hui, c’était au tour de l’ancien garde du corps de l’Hokage et leader des Kirishitan de le faire.

L’homme se retourna, et posa sa main sur la porte, comme en signe d’un au revoir. La zélée observait la scène en silence. Chacun se devait de faire son petit rituel pour signifier ce changement. Prendre le temps, se faire une raison. Les Shinobi que sélectionnait la Dame de Fer avait tous une raison de rejoindre l’Anbu d’après elle. Cet entretien n’était qu’une formalité, qu’une confirmation de cette vocation qu’elle soupçonnait. Par les actes, par les paroles, par l’attitude. De nombreux indices pouvait la mettre sur la piste de sang neuf.

En guise de réponse, elle ne s’éternisa pas.



L’homme récupéra les Shuriken, et se retourna vers la Dame de Fer. Il acceptait son offre. Ainsi soit-il. D’ombre de Risako, il renaîtrait en tant qu’Ombre de Konoha. Elle rangea les Shuriken, et annonça.



La Dame de Fer effectua quelques Mûdras, et posa son doigt sur les lèvres de Moji.



Puis, elle déposa le masque sur son visage.



Enfin, elle sortie une cape, qu’elle posa sur les épaules du Kirishitan.



La Dame de Fer recula légèrement.



Une fois le Kirishitan levé, la silhouette s’éloigna.



Et elle continua sa route, jusqu’à disparaître dans la nuit.

Le jeune homme remit les Shurikens dans la mains du membre de l'ANBU puis exécuta les ordres et se mit à genoux, comme pour recevoir un serment. Il reçu un sceau, qui l'empêcherait ainsi de dévoiler quelconque information au sujet de cette équipe spéciale. Moji n'était pas du genre à parler, mais sous la torture, parfois même un muet peut révéler des choses, il accepta donc de recevoir ce sceau en guise de protection supplémentaire. Il se releva sous une nouvelle identité, arborant un masque et une cape, aux effigies de l'ANBU.



Il avait comprit son devoir, la lumière venait de s'éteindre sur Moji pour laisser place à un masque, un être sans nom, ni renommé. Dorénavant, il agirait dans l'intérêt du village et du village seul, prêt à mettre sa vie en péril pour lui et pour sa prospérité. Moji tourna le dos à son collègue de l'ANBU qui s'égloignait et rentra chez lui, histoire de faire le point sur tout ce qui venait de se produire.