Devant la porte de ma maison, je pris un moment avant d'entrer pour faire le point, un peu comme chaque soir. Saya est une jeune fille formidable, avec une détermination qui lui est propre, mais notre maison était une terre sacrée. De manière générale, nous évitons de parler de politique ou de la guerre. Ce n’est pas un sujet tabou, loin de là… Seulement la vie de shinobi exige de nombreux secrets. De cette manière, ce genre de sujet est simplement devenu inutile et nous avons pris l’habitude de laisser nos kunais à l’extérieur si je puis dire. Il va sans dire que ce moment était devenue pour moi une routine, depuis notre arrivée sur le Yuuka beaucoup de choses s'étaient passées. Iwa, Konoha, Salomon, Risako et ma fille. Ô source de toutes mes inquiétudes. J'étais tellement occupé depuis que Saya avait rejoint les rangs shinobi de Konoha que j’oubliais presque que derrière les nombreux masque enfilé, mère, shinobi, ami, amante... Il restait la femme. Sayaka
Celle qui rêvait de créer un nouvel Eden, me semblait bien loin désormais. Depuis la mort de mon mari tout semblait loin, tout excepté Saya. Chaire de ma chaire. Je profitai de cet intervalle pour laisser le vent de l’été souffler dans mon cou, il était frais. Je levai les yeux vers la lune pour lui adresser une demande de pardon silencieuse. De me pardonner de revenir aussi tard chaque soir et de ne pas pouvoir lui consacrer plus de temps. Elle comprendrait sûrement un jour. L’instant passé, je poussai la porte d'entrer. Alors que la porte n’était même pas encore fermée derrière moi, un individu craque une allumette.
En une fraction de seconde, j’avais attrapé le kunai encore fixer à ma cuisse pour adopté une position défensive. J’avais peine à déceler l’intrus dans la pénombre de ma maison, j'étais soudainement très nerveuse. Une lionne prête à défendre ses petits.
« Bonsoir, Sayaka Kirishitan. »
Je restai figer les minutes ou l’intrus alluma une bougie de la maison pour enfin se révéler. Il fallut quelques secondes à mes yeux pour s’ajuster à la nouvelle luminosité. Je reconnus l’uniforme. Bien que je ne l’ai pas souvent vue de mes yeux, je savais qu’il existait et visiblement elle me cherchait. Je ne répondis rien, je me contentai de ranger mon kunai à sa place et je me détendis.
« J’ai entendu parler de vous. Mais les rumeurs ne sont que des rumeurs. Pour autant, elles ont toutes un petit fond de vérité. N’est-ce pas ? »
Rumeur… Elle a entendu parler de moi ? Je fermai la porte d’une main habile subtile, sans me retourner. Une poussée avait suffi. Une nouvelle sensation parcourait désormais ma colonne, je ne saurais vous dire exactement ce que c’était. Le fait est que l’on est parlé de moi, c’est une chose, mais que les services secrets débarque dans votre maison, c’est tout autre chose.
« C’est ainsi que naissent les légendes. »
« Entendez-vous le souffle, Kirishitan Sayaka ? Le vent qui annonce la tempête ? Bientôt, elle s’abattra impitoyablement sur Konoha. Elle pourrait même réveiller les feux de la guerre. À ce moment-là, l’Anbu dévoilera sa force et toute son utilité. Nous sommes fidèles à la République, et à ses enfants. Et depuis deux ans, vos enfants sont les enfants de la république. »
Si je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit au sujet de ma fille évoquer indirectement, je ne peu m'empêcher de grincer des dents. Même si au final, je me doutais bien que l’ANBU présente chez moi n’était pas là pour nous faire disparaître. Si non, ce serait fait depuis un moment.
« Ma question est simple : êtes-vous prête à donner votre vie pour affronter la tempête et protéger la république ? »
Voilà ce qui me courait le long de la colonne vertébrale depuis le début.
« Si ma vie et mon innocence peuvent préserver les gaines de l’Eden. Sans hésiter. »
Machinalement, j'avançai un pied et brandis le poing pour soutenir physiquement cette détermination. Je ne voyais pas grand chose dans la maison, mais je voyais dans les yeux de l’ANBU qu'elle avait compris. Ces enfants, tous nos enfants était les graines de l’Eden.
Où avais-je la tête, d’un seul mouvement, je me redresse et je m'incline respectueusement face à la femme devant moi. Les yeux rivés sur le sol, je réalisai que seulement quelques minutes, c’était écouler depuis mon entrée. Je posai calmement un genou au sol ainsi qu'une main avant de renchérir.
« Je vous confie ma vie. »