Les galères du lendemain

Malgré eux, l'ordre avait été clair. Il entendait encore la voix de Kimino hurler « DEMAIN MÊME HEURE ! », alors qu'il s'éloignait. Est-ce que l'entraînement du jour allait être aussi laborieux que celui de la veille ? Difficile à prédire. Pour cause, Kano avait accepté de laisser son ami tout seul hier, et ne l'avait donc pas vu de la journée. Il ne saurait dire ce qu'il en était pour lui, comment il était vis-à-vis de Kimino. Allait-il encore chercher à le tuer à tout bout de champ ? Allait-il péter un câble une nouvelle fois si le Chikara se faisait attaquer ? À cette pensée, il sentait une certaine pression monter. Il redoutait cet entraînement.

Et puis, Kano se sentait mal à l'aise depuis la veille. Savoir que Seitô avait pu croire qu'il l'avait trahi l'avait réellement mis mal, dans tous ses états. Et lorsqu'il l'avait rassuré, il s'était à la fois senti bien... et mal à la fois. Quelque chose ne tournait pas rond, mais il ne se sentait pas en sécurité. Et c'était désagréable, tant il peinait à trouver les bons mots pour l'expliquer. Il s'en venait même à se poser des questions stupides. Devait-il aller le chercher pour qu'ils y aillent ensemble ? Devait-il le laisser encore tout seul, jusqu'à qu'ils se retrouvent sur les terrains d'entraînement ? Après tout, il ne lui avait pas demandé de venir avec lui. Mais a-t-il besoin de le demander pour qu'il vienne ?

En marchant, Kano regardait le ciel, puis baissait les yeux.



Agacé par lui-même, il prit le chemin vers l'hôpital, il allait passer le prendre. Tant pis. Il lui avait laissé la journée hier tout seul, ça ne devait pas déranger d'aller le retrouver maintenant ? Une fois à l'hôpital, il apprit qu'il était déjà parti. Seul. Kano se mordait la lèvre, il aurait du s'en douter. Alors, pourquoi était-il venu ? Il n'en savait fichtrement rien.

Et puis... il n'y avait pas pensé, mais ce petit détour vers l'hôpital, puis attendre qu'on lui dise qu'il était parti, cela lui avait coûté un petit temps précieux.



L'option marcher n'était plus envisageable, il allait devoir courir s'il voulait espérer arriver à l'heure. Aussi vite qu'il le pouvait, il essayait de rattraper son retard, en courant vers sa direction. Il n'avait pas envie d'imaginer ce que Kimino pourrait lui faire si jamais il arrivait en retard. Parce que lui, il avait sans doute le droit d'arriver en retard, comme la veille, mais si au grand malheur c'était lui qui arrivait quelques minutes trop tard... Non, il n'osait même pas imaginer.

Cela ne lui ressemblait néanmoins pas d'être aussi distrait, et mal organisé. Malgré sa paresse qu'il a quotidiennement, il respecte tout de même ses engagements lorsqu'il y tient. Alors que là ce matin, tout allait de travers, si bien qu'il commençait même par ne plus se souvenir de s'il avait bien fermé la porte de sa maison, ou des broutilles comme ça.

C'est finalement légèrement, mais en retard tout de même qu'il arriva. Cela devait sans doute se jouer à une ou deux petites minutes.

Kimino se réveilla à l'heure, il espérait que l'entraînement d'aujourd'hui ne serait pas le même que celui de la veille. Seito avait était dur à tenir, au point que Kimino avait du lui apposer le sceau bloquant les sentiments, pour calmer sa rage. Le problème de ce sceau, c'est qu'il n'était pas éternellement actif, et quand il s'était désactivé, Seito avait du de nouveau être plongé dans cet abîme de haine envers Kimino. Le Hokage se prépara rapidement, cette fois il n'arriverait pas en retard, il ne voulait pas commencer une autre journée en contrariant ses élèves. En arrivant, il trouva un terrain d'entraînement... Vide... Les petits cons ! Lui faire la morale tout le matin de la veille pour ne pas être à l'heure le lendemain. Au bout de quelques minute, Kano arriva. Seul...



Chance pour Kano, il n'aurait qu'une petit réflexion verbal. Seito ne se montrait toujours pas, mais les deux n'étaient pas ensemble. Kimino avait peut-être réussi à faire comprendre au jeune homme, que être un soutien ne voulait pas dire, toujours être collé à la personne comme un ours à du miel, et oublié ses propres besoins.



Kimino fit des mundras, et ses mains furent recouverte de chakra irou. Puis il donna un coup sec sur un poteau de bandou servant à s'exercer à l'épée, et le trancha en deux en diagonale. Puis le chakra disparu de ses mains.



Kimino le savait, il ne comptait plus le nombre d'ennemis à qui il avait tranché la gorge à l'aide de ce jutsu. Ce serait un plus pour Kano d'apprendre à ce défendre un minimum. Un médecin devait aider un groupe, mais il ne devait jamais être un boulet pour le groupe, où le laisser se mettre en danger pour lui.



Kimino fit lentement les mundras pour les montrer à Kano.

Le Genin arrivait finalement sur le terrain d'entraînement, et il n'était pas vide cette fois-ci. Kimino était déjà là, à l'heure. Dans le fond, le blondinet espérait qu'il soit un peu en retard ce jour-là aussi, afin qu'il ne puisse pas le voir arriver lui-même en retard. Même si ce n'était qu'une petite attente de quelques minutes, c'était sans doute suffisant pour qu'il en paye le prix. Mais finalement, ce ne fut qu'une petite remarque qu'il eut, rien de bien méchant. Un peu trop dormi ? Si seulement. L'adolescent avait bien eu du mal à trouver le sommeil durant cette nuit, et il aurait bien dormi plus justement. SI c'était à l'époque, il ne se serait même pas levé, et pourtant le voilà. Comme quoi, les choses changent.

Cependant, quelque chose le tracassait d'autant plus. Seitô n'était pas à l'hôpital, et n'était pas ici non plus. Et il avait fait le trajet de l'hôpital jusqu'ici. Où était-il, dans ce cas ? Cela ne lui ressemblait pas tellement d'être en retard... Enfin, ça ne lui ressemblait pas non plus de ne pas vouloir voir le Chikara, et de vouloir rester seul aussi. Décidément, un réel malaise était présent, et ne serait sans doute pas dissipé avant qu'il ne le revoie...



Non, il ne pouvait décemment pas dire à Kimino qu'il était en retard car il cherchait Seitô. Mais en même temps, il s'inquiétait.



C'est pas forcément mieux... Kano avait envie de se gifler tant la situation était ridicule, et que cette boule au ventre qu'il avait ne s'estompait pas. Pire, elle ne faisait qu'empirer ! Il allait lui demander s'il savait où était son meilleur ami, mais celui-ci ne lui laissait pas le temps. Il comptait profiter de ce moment, où ils n'étaient que tous les deux, pour lui apprendre une technique un peu plus particulière, et unique pour ses talents. Une technique demandant des connaissances en Irou no Jutsu, mais différent de ce qu'il connaissait selon ses dires. Le garçon était interpellé par cette présentation des choses, et écoutait attentivement son professeur. Il devait se changer les idées, il en avait besoin.

Kimino fit des mudras, et son chakra vint envelopper ses deux mains. La concentration en chakra était différente de ce qu'il avait l'habitude de voir : habituellement, lors de jutsus médicaux, le chakra ne semblait pas aussi... incisif. Et effectivement, c'était bien le cas. Le Hokage fit traverser sa main à travers un poteau en bambou, et celui-ci fut littéralement tranché en deux. Sa main n'avait rien fait de spécial, il ne s'agissait là que de son chakra.



Il voulait lui apprendre une technique pareille ? Bien que cela avait l'air d'être dans ses cordes, le garçon ne savait pas si c'était vraiment une bonne idée de lui donner de telles armes entre les mains. Si jamais il venait à l'utiliser en combat, ça pourrait vite être désastreux... enfin, en théorie, il n'avait jamais réellement combattu jusqu'à là.



Suivant les indications de son sensei à la lettre, il reproduisait les mêmes mudras que lui, puis essayait de concentrer son chakra dans ses deux mains.

Le chakra enveloppait ses mains sans soucis, néanmoins il ne risquait pas de trancher grand-chose avec ça. Visualiser quelque chose d'aiguisé ? Comme une épée, par exemple ? Cet exercice ressemblait étrangement à un entraînement aux jutsus Chikara maintenant qu'il y pensait... mais avec du chakra médical. Il n'était pas très doué dans l'art clanique de son clan, peut-être qu'il y arriverait mieux avec l'Irou Jutsu ? Dans tous les cas, pour l'instant le résultat n'était qu'un tas de chakra dans ses mains, qui risquait plus de caresser que de trancher quelque chose. Lorsqu'il essayait de visualiser dans son esprit quelque chose d'aiguisé, il fut bien vite confronté à ses inquiétudes concernant son ami. Il avait du mal à se concentrer.

Alors qu'il essayait de faire sa technique, il fut bien obligé de poser la question qui lui brûlait tant les lèvres. Saurait-il néanmoins lui répondre ?



À ses paroles, sa concentration en chakra faiblissait, et dans un grognement il se reprit comme il le pouvait. Pour l'instant, rien de bien tranchant... Il n'avait aucun problème à dégager du chakra, mais lui faire prendre une forme incisive était quelque chose de bien nouveau pour lui.

Kimino n'était pas dupe, il voyait que quelque chose troublait la concentration de Kano. Il aurait dû parvenir à maîtriser ce jutsu rapidement. Pour un Chikara ce genre de chose était bien plus facile que pour un Uzumaki. Mais il avait la tête ailleurs, le Hokage voyait bien qu'il n'arrivait pas à malaxer son chakra correctement. Puis vint la question, il se demandait où était Seito. Kimino lui dit avec une légère autorité.



Le Hokage le regarda quelques seconde, et ajouta.



Kano avait du potentiel, le potentiel pour être un grand Shinobi. Mais qu'est-ce qu'il pouvait être doux... Il était trop doux et cela allait lui poser problème si un jour il était confronté à de vrai méchants. Face à Gekido, Sugishi, ou n'importent quel Kumojin... Il se ferait massacrer. Il ne comprenait peut-être pas encore pourquoi Kimino etait aussi dur avec lui, c'était simplement pour lui sauver la vie.

Forcément que le Hokage allait remarquer que le garçon n'était pas dans son assiette. Même s'ils ne se connaissaient pas encore très bien, il ne fallait pas être un génie pour comprendre que quelque chose le travaillait. C'est avec un ton autoritaire qu'il lui répondit, mais sa réponse était tout de même rassurante. Elle avait du sens, chose qui manquait cruellement à Kano actuellement. Lui qui était d'ordinaire assez rationnel, le voilà à s'imaginer tout et n'importe quoi... Ce n'était pas sérieux.

Sa remarque concernant le punching-ball le fit néanmoins réagir...



Parce que la veille, il avait bien pris des coups de la part de son professeur. Un coup de poing dans le plexus, puis utilisé comme un boulet de canon pour heurter Seitô. Sans doute qu'il avait encore quelques bleus de cette chute, d'ailleurs. Le garçon était encore bien chétif à ce moment-là, évitant un maximum les entraînements physiques... il n'était pas habitué à donner des coups, et encore moins d'en recevoir. Le comble pour un ninja.

Son senseï lui ordonna de continuer l'entraînement, et de ne plus lui parler du rouquin. Il avait raison, il devait être capable de se concentrer, pour réussir l'exercice qu'il venait de lui confier. À ses questions, il se demandait lui-même où est-ce qu'il bloquait. Au-delà son problème d'humeur et de troubles; il y avait autre chose. Un autre problème plus personnel, plus significatif de sa personnalité et de sa manière de s'entraîner. Il le jugeait d'ailleurs comme étant trop gentil. Sans même lui avoir répondu, il avait déjà mis la main sur de ces points qui posaient problème.



Il le regardait dans les yeux, d'un air un peu gêné.



Son regard se baissait un peu.



Lorsqu'il parlait de son père, il sentait néanmoins que sa concentration en chakra s'agiter légèrement, comme un semblant de tranchant sur une partie de sa masse de chakra qui se dégageait dans ses mains. Kano n'y avait même pas prêté attention sur le coup, vu qu'il était en train de parler à Kimino.

Le jeune Kano semblait être une petite personne bien tourmenté. C'était le problème des shinobi trop gentil. De plus il finirait sans doute par penser qu'on lui demander d'être moins gentil pour entrer dans le moule. Mais Kimino ne le faisait pas pour ça, il le faisait juste pour que le jeune Chikara puisse vivre vieux, chose qui n'était pas donné aux trop gentils et aux utopistes dans ce monde.



Kimino le regarda quelques secondes, l'air grave. Oui il venait d'insulter son père sans sourciller, mais faire perdre sa confiance en lui a un enfant ? Qu'est-ce que cela avait bien pu apporter à Kona à part de la colère et de la tristesse, ce n'est pas comme ça que l'on doit se comporter. Car même si Kimino était rude avec les deux shinobi, c'était pour les aider à survivre seuls dans le futur.



Kimino venait de reelement se conduire comme un sensei avec Kano pour la première fois. Il avait besoin d'être remotivé, et surtout que quelqu'un lui dise enfin que son père est un connard, et qu'il ne faut pas écouter ce qu'il a pu lui dire. Le voyant encore bloqué, le Hokage se contenta de dire.



Deux élèves deux méthodes. Détruire la haine chez Seito, la faire naître chez Kano. Les deux était à l'opposé, et Kimino voulait qu'il se retrouve, au milieu, à l'équilibre de leur sentiments négatifs et positifs.

Kano s'était trompé sur toute la ligne. Il s'attendait à ce que Kimino le descende pour se conduire ainsi, mais au contraire... Il semblait le comprendre. Mieux encore, il le soutenait. Certes il était dur avec lui, et ce depuis le début... mais grâce au discours qu'il lui avait tenu, il comprenait maintenant mieux pourquoi. Kimino avait raison, sur toute la ligne. Son expérience parlait, et primait sur les idéologies pacifistes que le Chikara avait. Lui aussi aimerait un monde en paix, mais malheureusement pas tout le monde était comme eux. Mais peut-être que plus tard, il parviendrait à changer ce monde pourri en quelque chose de bien meilleur ? C'était cela qui le motivait intérieurement.

Néanmoins, il devait apprendre à se défendre, à combattre. Et pour ça, il avait raison. Le garçon ne pouvait décemment pas se contenter de simplement rester en retrait pour soigner, et aider... Il risquerait bien assez vite de devenir un fardeau pour son équipe, ou pour Seitô. Et c'était la dernière chose qu'il souhaitait. Et contrairement à ce que pensait son père, qui était un abruti comme le disait si bien son senseï, lui était convaincu qu'il avait l'étoffe pour devenir un grand shinobi, l'un des meilleurs même. En l'entendant dire ça, le blondinet rougissait un peu, un peu gêné d'entendre ça. C'était bien la première fois qu'il l'entendait dire ça... Mais dans un sens, cela lui faisait plaisir, et lui procurait un sentiment qu'il avait bien trop besoin : la confiance en lui.



Le garçon soupirait légèrement, puis lui sourit.



Contrairement à son père, le Hokage savait se montrer pédagogue. Et cela le rassurait sur ce point. Il avait raison, Kano ne pouvait pas se concentrer uniquement sur des techniques de guérison... il devait apprendre à se battre. La route serait longue pour lui, mais il fallait bien commencer quelque part.



Être un fardeau était bien la dernière chose qu'il souhaitait, au vu de sa vocation. Maintenant, il devait prouver sa bonne volonté avec des actes, et pas des paroles. Comme il voulait le faire avec Kazami.

Penser à tuer... Même si cette idée le dégoûtait, c'était néanmoins nécessaire. Contrôler sa haine, hein... que détestait-il ? Son père ? Même pas. Il ne l'aimait pas, mais l'avait complètement déconsidéré de ses fonctions. Alors quoi d'autre ? Ce monde ? ... C'était la bonne réponse. Sa bonne réponse. Ce monde perpétuellement en guerre, ses tensions naissantes de partout. Kimino avait raison. Le monde serait en paix si tout le monde pensait comme lui, s'ils étaient tous comme lui. Pourquoi cela ne pouvait pas être ainsi ? C'est comme ce qu'il avait discuté avec Seitô, ce qu'il avait ressenti lorsqu'il a éveillé son envie de changer les choses. Ce monde était pourri... et un jour, il lutterait, à sa manière, pour combattre les ténèbres de ce monde.

Le Genin se concentrait sur ses mains, sur son chakra, sur cette haine. Cette idée le dévorait légèrement de l'intérieur, mais il devait se contrôler.

Penser à tuer. À ma haine. À ce monde...

Son chakra qui avait adopté une forme moelleuse, s'affinait à vu d’œil sur l'une de ses mains, la droite. Ce n'était pas encore parfait, mais le chakra s'affinait de plus en plus. Lorsqu'il sentait qu'il ne pouvait pas aller plus loin, il rouvrit les yeux vers l'un des poteaux en bambou.



D'un coup vif, il abattit sa main sur le côté droit du poteau, et sa main passait au travers... à moitié. L'objet en bois était à moitié entaillé, et sa main avait terminé sa course à l'intérieur du corps du pantin. Le garçon saignait, sur la tranche de sa main. Une belle égratignure rien de bien grave en soi... son chakra n'avait pas entièrement encaissé complètement l'attaque, à la fin de sa technique. Il ne l'avait pas tenu plus longtemps que ça.



Le garçon ignorait qu'il était capable de quelque chose de la sorte. Alors certes, c'était imparfait... et il n'était pas sûr de pouvoir le reproduire, si bien que lorsque sa haine avait prit le dessus, cela avait laissé derrière lui une étrange sensation, comme si les derniers événements s'étaient embrumés.

En attendant le verdict de son professeur, il traitait sa blessure avec son propre chakra.

La nuit avait été longue pour le jeune Uzumaki. Effectivement, le sceau avait fait son office. Seitô c’était rendu compte de l’horreur de la situation. Il était réellement devenu une tempête de feu, détruisant tous ceux se mettant en travers de sa route. Ami comme ennemi, il ravageait sans distinction. Il était plongé dans cet abysse de haine, et il lui avait fallu un sceau pour le lui faire réaliser. Qu’était-il devenu ?

Ce moment de répit, il le passa à prier. Prier pour un éventuel salut. Prier les morts de lui apporter une réponse. Devenait-il un monstre ? Devenait-il ce que son père avait toujours combattu ? Que devait-il faire ? Il était perdu. Perdu dans cet océan entre les ténèbres. Le monde s’était écroulé, et il gisait dans ses propres cendres.

Mais c’est lorsque le sceau se dissipa que l’Uzumaki prit d’autant plus conscience de sa propre noirceur. Sa haine n’était pas un caprice, elle était bien réelle. Il avait réellement le désir de vengeance, comme face à sa propre monstruosité. Et il n’avait que 14 ans ! Qu’allait-il devenir dans 2, 5, 10 ans ? Quel genre d’homme allait-il être s’il développait dès aujourd’hui le goût du sang ? Sa nuit fut agitée. Perdu entre milles et une question. Le lendemain, il n’alla pas au terrain d’entraînement, mais face à la tombe de l’Hokage. Deux jours, deux jours sans elle, et il était déjà perdu.

Il fixa la tombe d’un air sombre, les larmes coulant sur sa joue.



Tu t’effondras devant sa tombe, tenant seulement ton sabre à la main.



Elle ne serait pas fière. Son père ne serait pas fier. Il trahissait la mémoire de ses ancêtres. Là, maintenant, tout de suite, il aurait voulu fuir, se cacher, disparaître, réduire son existence à néant. Le village était de nouveau plongé dans une atmosphère anxiogène, et ce n’était pas que de la faute de l’ombre d’une attaque sur le village, mais aussi de la sienne ! Pourquoi il avait fait ça ? Pourquoi n’arrivait-il jamais à se maîtriser ?! La rage l’envahissait encore. Mais au final, Risako avait raison. Kimino n’avait était que l’étincelle… Mais c’était lui, le carburant des flammes de sa haine. C’était lui, qui nourrissait ce ressentiment à l’égard de l’Hokage.

Alors, il essuya ses larmes, face à cette nouvelle vérité. Et il se releva. À chaque fois, cela devenait plus facile. Il se renforcer. Il devenait un arbre un peu plus grand. Après un instant, Seitô arriva en retard sur le terrain d’entraînement. Il ne se montra pas. Il resta dans caché, loin, mais l’oreille attentive. Kimino semblait faire la morale à Kano. Qui découpa, en partie, à main nu le mannequin d’entraînement. Lui aussi, il progressait. Alors que Seitô, lui, stagnait. Alors, il ouvrit la bouche, d’une colère froide. D’un calme glacial. Et d’un regard presque serein face à la tempête.

Du sous-bois, le jeune Uzumaki se dévoila, le sabre dans son fourreau à la main. Il s’avança en boitillant, suffisamment proche, les yeux rouges, le regard vitreux. Il n’avait visiblement pas passé une excellente nuit.



Il était peut-être un Genin, mais il était un Uzumaki. Et un Uzumaki avait sa fierté, même dans son état pitoyable.



On y arrivait. Le chemin qui restait à parcourir était long, mais c’était un début.



Seitô attacha son sabre à sa ceinture d’un mouvement habile. Il avait l’habitude.



Il fixa Kimino d’un regard mauvais.



Puis, il reprit un regard et un ton tout aussi froid.



Le respect de Seitô était quelque chose qui se méritait. Le garçon n’avait que 14 ans, mais il avait déjà une sacré trempe.

Kimino ressentait pour la première fois de la fierté en voyant Kano reussir le jutsu. Le problème ne venait pas du jutsu, mais de son coup, il n'était pas assez rapide pour passer à travers le tronc, mais la technique elle, était parfaite.



Kimino n'eut pas le temps de profiter de ce moment de joie avec son élève, que la petite boule de haine qu'était Seïto arrivait. Le Hokage ne fit aucune remarque sur son retard, son but était de calmer la tornade, pas de le braquer. Mais au vu des prochaines parole du jeune homme, Kimino devait le remettre à sa place. Pas par fierté, pas par méchanceté, mais pour que le jeune homme ne risque pas sa vie en de pensant plus fort qu'il ne l'était pour le moment.



Kimino avait fini d'être doux et compréhensif avec le jeune Uzumaki. Le laisser prendre le dessus sur lui, c'était le laisser penser que sa haine était assez puissante pour déplacer des montagnes. Pour tuer un Hokage. Kimino était son sensei maintenant, et c'était son rôle que de lui remettre les pieds sur terre. Kimino très lentement, très méthodiquement s'approcha de Seito. Son chakra ressortait de tout les port de sa peau, comme le jour où il l'avait presque tué. Puis avec une vitesse folle, il recommença, il allait le frapper au plexus. Sauf que cette fois il s'arrêtait à quelques millimètre sans toucher le jeune homme. Juste un fort courant d'air vint bouger les cheveux de Seito.



Kimino voulu ajouter que en plus, il ne ressentait aucune culpabilité, il voulait juste honorer la mémoire de Risako. Mais il savait que cette phrase allait faire exploser le jeune Uzumaki alors il ne dit rien. Il retourna vers Kano qui semblait être en état de choc. Sans doute avait il cru que cette fois Kimino allait tuer Seïto.

Sa technique était parfaite ? Le Chikara, en entendant ces quelques mots, ressentait un sentiment particulier brûler en lui. De l'estime en lui, en ses capacités. Bien qu'il n'était pas à l'aise avec ce genre de techniques, à vertu bien trop offensive à son goût, il devait bien admettre que Kimino avait raison sur toute la ligne, et qu'il devrait apprendre au moins à se défendre par lui-même. Alors certes, le garçon aux cheveux d'or ne voulait pas blesser autrui, ne voulait pas faire couler le sang. Mais il devait se rendre à l'évidence : sans défense, ce serait son sang qui coulerait.

Le problème venait apparemment de son Taïjutsu, plus que de sa technique. Alors ça, c'était un autre problème... Kano ne se voyait pas devenir un jour un expert dans son domaine, mais il notait dans son esprit qu'il devra s'entraîner un minimum, s'il veut au mieux exploiter cette nouvelle technique.

Kimino pouvait voir un petit sourire sur son visage. De la fierté ? Plutôt, oui. Et il remarqua également que son senseï s'adressait à lui avec une certaine fierté également, pour la première fois. Il avait peut-être ses chances, finalement, d'être un véritable élève du Hokage.

Néanmoins, il n'eut pas le temps de lui répondre qu'un élément vint les interrompre. Seitô arrivait enfin. Lorsqu'il le vit, il ne pouvait s'empêcher de se sentir rassuré. Il était là, tout allait bien... Enfin presque, il était toujours aussi froid, refoulant sa colère. Et le discours qui suivit le laissa mitigé. Il comprenait son ami, et observait qu'il y avait eu de l'évolution dans son mode de pensées... À croire qu'il avait bien réfléchi durant toute la journée de la veille, et cette nuit. Mais ses paroles étaient toujours dures, et il craignait de la réaction du Hokage. L'Uzumaki le menaçait même, au nom du dieu de la mort, s'il venait à faire du mal à ses proches. À lui. Entendre ça lui faisait autant chaud au coeur que froid dans le dos, si bien que le médecin ne savait plus vraiment comment réagir.

Par contre, pour Kimino... Il lui répondait, puis en s'avançant vers lui l'attaqua. Ce coup. Cette sensation. Il revoyait la scène d'il y a quelques temps, où il l'avait attaqué. Kano n'était pas assez proche pour intervenir à temps. Pris à la fois de terreur et de colère, il avançait vers leur direction, et criait de toutes ses forces.



Il n'eut pas le temps d'arriver à temps, que Kimino arrêtait son coup juste avant. Kano s'était comme figé, à quelques pas d'eux. De la sueur coulait de ses temps, et son coeur s'était agité, à toute allure. Le Chikara venait d'avoir peur, peur de perdre son meilleur ami, sur un nouveau coup de colère de la part du Hokage. Si c'était arrivé... le garçon aurait encore une fois, été impuissant pour le sauver. C'était donc ça, ce dont Kimino parlait un peu plus tôt...

Leur sensei s'était donc éloigné, décrétant que le vrai entraînement allait pouvoir commencer. À ses mots, Kano se rapprochait de Seitô, troublé. La situation était... particulière. Déjà qu'il était mal à l'aise depuis hier, mais avec ce qu'il venait d'arriver... C'était encore une étape au dessus.

Ressaisis-toi...

Kano se mordait légèrement la lèvre, puis regardait Kimino, puis Seitô.



Il avait tant de choses à lui dire. Il voulait s'excuser pour la veille, tenter de lui faire entendre raison, le rassurer... ou tout simplement s'excuser pour la première fois où il n'a pas réussi à réagir à temps, comme ce qui avait failli arriver ici. Tellement de choses à dire. Et pourtant, il se devait d'éviter beaucoup de toutes ces paroles, au vu de son état psychologique.

Le garçon prit une grande inspiration, et continuait.



Pour Seitô, ce genre de discours ne sortait que très rarement de la bouche de son ami, lui qui rechignait à toute notion de puissance ou d'entraînement réel. Comme quoi les paroles de Kimino portaient leurs fruits.



Il lui fit un petit clin d’œil, et se retournait vers Kimino, attendant les instructions. Qu'entendait-il par "vrai entraînement" ? Ils n'allaient pas tarder à le savoir.

Le Genin ne bougea pas lors de la tentative de Kimino. Simple manque de réflexe ou véritable volonté de ne pas bouger ? Probablement un mélange des deux. Oui, il était actuellement complètement hors de porté pour lui, surtout avec son état. Il le fixait purement et simplement avec le même regard. Le jeune Genin avait bien hérité de sa mère sa volonté inflexible. La problématique était maintenant de rediriger cette volonté implacable de se venger vers un but plus vertueux.

Mais le Hokage avait, dans son discours, toucher un point sensible : Risako. C’était elle qui lui avait dit de venir s’occuper de lui ? Cela avait plus de sens pour le jeune Uzumaki. Risako avait, dans ces derniers instants, fait le nécessaire pour respecter sa parole. C’était une Hokage, une vrai Hokage, qu’il servirait, même après sa mort. Du moins, il se plierai aux exigences de son pire ennemi jusqu’à que sa volonté soit faite.



Seitô se mordit la lèvre inférieure, et corrigea ses propos.



C’était un contrat tacite entre l’Hokage et un Genin. Chacun avait un intérêt commun à collaborer avec l’autre, du moins, pendant un moment. Puis, le Genin posa son regard sur son meilleur ami, et ce dernier donnait l’impression de s’adoucir. Kano avait toujours eu un effet calmant sur l’Uzumaki… Même si, très souvent, il s’avérait être insuffisant. Et à sa demande, la tornade dégaina son sabre, malaxant son chakra et libérant une série de petites étincelles de Raiton. L’affinité réagissait littéralement à sa colère.



Fut la seule réponse du Rouquin à son meilleur ami. Toutefois, il ne se précipita pas tout de suite comme la dernière fois pour abattre Kimino. Il attendait. Un ordre, des consignes… Seule la suite le dirait. Mais une chose était sûre…

La tornade de feu était devenue un éclair prêt à s’abattre sur tous les ennemis qu’il croiserait sur sa route.

Bien, les choses semblait enfin prendre un tournant un temps soit peu normal. Kano commençait enfin à comprendre ses capacités, et il arrêtait de donner raison à son abruti de père ! Seito lui était toujours un peu tendu, mais il n'essayait plus de tuer Kimino. Non le véritable entraînement allait pouvoir commencer. Cependant, la tornade de feu de Konoha était peut-être un petit peu trop pressé d'en venir au main. En temps normal c'est sans aucun doute cela qui se serait passé, mais un combat frontal risquait de le blesser d'avantage. Les réflexe du jeune homme ne serait cependant pas dur à vérifier.



Kimino se mis en garde face au jeune Uzumaki. Il avait des éclairs autour de lui, c'était vraiment rare de voir un Uzumaki avec ce genre de capacité. C'était agréable de voir que la nouvelle génération avait progressé à ce point.



Kimino lança tout de suite une salve de Shuriken en direction de Seito. Le but n'était pas de le blesser, mais de vérifier ses réflexes, il avait alors fait exprès de lancer les Shuriken pour qu'il ne fasse que l'entailler légèrement s'il ne parvenait pas à les éviter. Dans le même temps, le Hokage forma un clone de boue qui fonçait sur le jeune Uzumaki. Il allait l'attraper s'il ne faisait rien. Le but était simple, vérifier ses capacités de défense en combat réel, si Kimino ne trouvait pas le résultat satisfaisant, le combat s'arrêterait là.