La demande d'une mère

Le temps était venu.

Elle avait attendu très exactement une semaine précise depuis le retour du chef du clan Uzumaki à Konoha. Comme à son habitude, elle avait fait ce qui devait être fait. Elle avait accompli ces missions de Chûnin sans faillir, elle avait mis de côté ses émotions, elle avait su monter son projet d’unité tactique exceptionnelle, et elle avait également assurer que les choses se passent pour le mieux.

Elle avait accompli sa mission en tant que Shinobi.

Mais tout cela n’était que le début d’un projet encore plus grand, plus ambitieux. La dame de Fer avait l’âge qui lui permettait, après la tempête de voir les choses en plus grands. Elle avait su se défaire de la haine et de la colère suscité par l’annonce de l’état de son fils, pour réfléchir à quelque chose de plus vertueux qu’une simple vengeance.

Mais aujourd’hui, il était temps. Il était temps de clarifier la situation du clan Uzumaki. Il était temps d’assurer à toutes et à tous que cet acte d’abus ne se reproduise plus jamais. Il était temps de rassurer les troupes, de rassurer le clan. Il était, plus que jamais, temps de souder les troupes pour vaincre Gekido. Et pour cela, elle avait besoin de l’aval et du soutien précieux du chef de Clan.

Il devait venir, dans l’après-midi, avec qui de droit. Elle ne lui verrouillait aucune porte. S’il pensait qu’un autre membre devait être présent, alors il le serait. Elle avait préparé un thé vert au Jasmins, et également quelques petits gâteaux ainsi qu’une bouteille d’alcool s’il souhaitait avoir quelque chose de plus fort à disposition. Du Whisky, une boisson noble d’adulte, mais aussi du Rhum, s’il préférait les douceurs de l’été. Comme à son habitude, elle l’accueillerait dans un environnement impeccable.

Ce dernier transpirait une bienveillance naturelle, prêt à recevoir son fils à toute heure. Du jour, comme de la nuit. Il y avait de nombreux cadeaux, fleurs et autres attentions apportées pour soutenir la famille durant cette épreuve. Mais l’heure des lamentations arrivait peu à peu à son terme. Que se passerait-il ensuite ? C’était une question à laquelle cette entrevue devait répondre. Il y avait également l’hôtel d’Uzumaki Shido dans ce couloir menant jusqu’au salon. Un des rares Uzumaki s’étant révolté contre Gekido, et qui avait perdu la vie par la même occasion.

Lorsqu’il arriva, Mako l’accueilli dans une longue robe avec des motifs aux couleurs vives. S’inclinant respectueusement, elle l’invita à entrer.



La femme déplaça ensuite l’invité et les autres arrivants (s’il y en avait) dans le salon. Elle servit ensuite le thé, avant de demander.



Mieux fallait-il attendre avant de rentrer directement dans le vif du sujet. Question de respect du protocole. Et surtout, la dame de fer savait être avenante, quand elle le voulait bien.

Sans broncher, le chef du clan Uzumaki suivit la Kunoichi dans le plus grand des silences. Le ninja était encore fatigué de sa mission et son bras lui faisait encore atrocement mal. Il n'avait même pas eu le temps de rendre visite à la Kanashisa factice depuis son retour. Malgré tout, il le savait, il n'avait pas le choix de répondre à ses responsabilités. En y repensant, il s'était bien fait arnaquer par Gokoro, il n'avait jamais souhaité de ce titre et Shimazu se retrouvait maintenant comme principal gestionnaire de sa famille. Le ninja prit place dans un siège aussi proche que le reste de la maison, il porta le thé à sa bouche et se contenta d'une gorgée. Une telle hospitalité était malheureusement rare en ce moment...


Le ninja se mit à sourire pour ensuite reprendre son sérieux.


Le chef du clan Uzumaki n'était pas du genre à bêtement rejoindre la maison d'un membre de son clan sans se renseigner sur les raisons de la discussion. Il n'avait pas été dur d'en savoir plus au sujet du jeune Uzumaki Seito... Cette affaire était inquiétante, Kimino avait effectivement merdé et il n'avait pas correctement assumé sa faute.

L’Uzumadôno semblait dans de bonnes conditions pour la discussion qui allait suivre. Cela rassurait la quadragénaire dans un sens, puisqu’elle avait également anticipé la situation -catastrophique- qui consistait à ce que son chef de clan se positionne unilatéralement -et sans écoute préalable- du côté de son adversaire judiciaire. Ce qui n’était visiblement pas le cas.


Et également foncièrement différent. Elle n’avait aucune autorité pour convoquer le chef de clan à sa guise. Elle lui avait demandé une entrevue pour parler de son fils, de Kimino, et de l’avenir du clan en tant que vétéran Uzumaki et femme tenue en haute estime dans le clan. Et ce n’était donc que par ce pouvoir officieux que le chef du clan des sceaux avait pu se sentir obligé de répondre à sa demande. Son visage devint alors plus sérieux.



Elle but une gorgée de thé, avant de sortir de dessous sa table de salon un gros dossier, qu’elle posa en face de l’Uzumaki.



De la chance dans notre malheur, si j’étais une Chikara, le village pourrait déjà être en feu et à sang…



L’Uzumaki laissa le temps à son interlocuteur de digérer la pilule.



Elle soupira



Elle fixa l’Uzumadôno, buvant une énième gorgée de thé.



Elle croisa les bras.



Elle fixa Shimazu.

"Ça ne s'arrête jamais ?", voici le bref résumé de ce que Shimazu en pensa... Il était habitué aux rapports rapides et Mako semblait spécialiste dans les discours. Bien évidemment, un tel comportement ne méritait absolument pas un violent coup dans le plexus, mais si Kimino avait été abordé de la sorte, il était possible qu'il se soit effectivement braqué.


Il hocha lentement de la tête pour s'excuser.


Shimazu observa son interlocutrice droit dans les yeux avec une certaine forme de détermination.


Il ramena sa tasse au niveau de ses lèvres pour savourer son thé.


Il se mit alors à sourire, s'approcha de son interlocutrice et se baissa de façon à être inférieure en taille. Le chef du clan Uzumaki était à moins d'un mètre de Mako. Il saisit ses deux mains et la regarda de nouveau dans les yeux.



Shimazu était sincère, il croyait de nouveau en l'avenir. Les Genin étaient jeunes, il devait les protéger... Dont Kanashisa... Il s'était leurré sur lui-même et sur son village, il était temps de passer à autre chose...

La position de l’Uzumadôno était… Complaisante. Il reconnaissait effectivement la part de culpabilité du Hokage Uzumaki en place dans cette affaire – et à raison- mais aussi une part de culpabilité de sa propre personne. Ce qui fit hausser un sourcil à la dame de fer. Kimino était un Hokage, et il se devait d’être un homme, un vrai, un fier. Pas une lavette perdant son sang-froid en plein milieu d’un temps de crise. Qu’était-il arrivé à ce village qui avait vu naître des légendes -héros comme criminels, parfois les deux en même temps- pour avoir à sa tête un homme incapable de se tenir droit à la moindre des provocations ? Exaspérant…

Pour autant, Shimazu n’avait pas totalement tord aux yeux de la quadragénaire. Oui, les dirigeants étaient loin d’êtres idéaux, les choses loin d’être optimales, et ils allaient devoir composer avec. Du moins, le temps que la tempête extérieure, incontrôlable, passe. Et ce serait dans ce « monde nouveau » que l’on rendrait justice. Du moins, sur ces ruines, s’il en reste.

Mais la demande, même humble, de son chef de clan, tendit la Dame de Fer. Elle senti la frustration sous forme d’énergie parcourir son dos. Comment aider quelqu’un qui refusait de s’excuser ? Qui se pensait tout-puissant ? Qui croyait pouvoir gérer toute cette affaire seul, sans aide, et encore moins d’elle ? C’était une lourde responsabilité qu’on lui demandait de porter.



Elle le mettait dans une situation impossible. Comme pouvait-elle faire entendre raison à Kimino dans ces conditions ? Quel artifice pouvait-elle mettre en place sans l’accord d’un des trois hommes les plus hauts placés de Konoha ? Entendrait-il raison ? Avait-il le moindre doute au fond de lui qu’elle pouvait utiliser pour l’amener sur le chemin de la rédemption ? Elle l’ignorait.

Main dans celle du chef du clan Uzumaki, elle se plongea dans son regard. Il était sincère. Cela la rassurait, même si au fond d’elle, elle aurait préféré qu’il en soit autrement. Que l’on écarte Kimino définitivement du pouvoir, qu’on le torture pour ce qu’il avait fait à son fils. Mais c’était son instinct de mère, celui semblable à une lionne féroce défendant ses petits, qui parlait. Celui de Shinobi lui disait autre chose. Qu’il fallait œuvrer autrement.





Même si c’était un lot de consolation de voir le chef du clan Uzumaki s’occuper personnellement de son fils, la discussion avait un goût amer. Et coûteux. Elle allait encore devoir faire sacrifice de sa personne pour la République. Mais c’était ainsi, cela devait être son destin. La dernière fois qu’elle avait mis en avant ses désirs personnels, elle avait échappé de peu à la catastrophe. Elle ne referait plus cette erreur. Plus jamais. Elle se libéra ensuite de l’étreinte de son chef de clan.



Elle prit une gorgée de thé.



Elle fixa l’Uzumadôno, gravement.



Les acteurs étaient désormais tous à leurs places respectives. La dame de fer avait avancer ses pions dans une position ouverte, pour offrir à Kimino la rédemption et une voie vertueuse, mais aussi pour le coincer si jamais il osait se défiler. Si l'Uzumadôno acceptait, tout serait sous contrôle, et elle serait en position de force dans ce jeu dangeureux, et elle pourrait alors s'occuper de Gekido personnellement.

Car au fond, c'était lui, son véritable adversaire.

Il était clair que Uzumaki Mako méritait son grade, celle-ci était capable de mettre une stratégie en place avec très peu d'éléments. Cette femme était redoutable. Kimino n'aurait jamais dû se la mettre à dos.


Le ton de Shimazu était sec, il était indéniable que le village n'avait pas besoin d'une énième raison de se fragmenter. Le temps frais annonçait un désastre proche.


Le Uzumaki avait confiance en cette femme, il pensait que celle-ci était plus mûre que le Kage et qu'elle avait l'expérience nécessaire. Userait-elle de cette confiance pour commettre des méfaits ? Il n'en savait rien et il estimait que cela n'était pas d'actualité. La tasse du chef de clan était dorénavant vide et il avait encore un rendez-vous...


Shimazu pouvait paraître impoli, mais il n'avait malheureusement pas le temps de parler du beau temps... Il n'avait toujours pas eu l'occasion de voir Kanashisa et il semblait reculer cette rencontre volontairement... Il avait peur de voir la vérité en face...

Tout était en place. La confrontation allait simplement attendre quelques jours, le temps que Mako révise tous ces arguments et que Keisan finisse ce qu’il avait à faire. Le temps d’organiser les dernières modalités administratives, et elle poserait ses cartes avec des appuis extrêmement solides. Personne ne pourrait lui refuser un tel plan, tant il était d’actualité, tant il était soutenu par des personnes importantes, tant il était nécessaire.

Sans que ce ne soit directement, elle allait mettre Kimino devant un choix unique, tout en maintenant l’illusion que tout dépendait de lui. Elle s’y connaissait, en politique, en leadership, elle savait que tout n’était que question d’appui, de soutien, ou de semblant de soutien. L’image, l’illusion, les croyances, étaient malheureusement plus importantes que la réalité. Mais la force de l’expérience du réel, elle, elle était encore plus forte que n’importe quoi. Et Kimino avait pris de plein fouet la puissance de l’opinion publique.




Elle se leva ensuite.



Elle s’inclina ensuite.



Elle fit un sourire.



Puis, après de brèves salutations, elle retourna à ses plans. Tout s’organisait, en tant et en heure, pour accueillir Gekido avec une multitude de pièges, machinations et autre. Elle allait l’arrêter, de sa main, quoi qu’il lui en coûte. Elle était la Dame de Fer. Et une Dame de Fer ne saurait tomber, même face au plus puissant des démons.