Elle était là, face à moi, sur scène à faire semblant de danser avec ses parentes, dans ses habits traditionnels au rythme d’une musique joué par des musiciens de son clan. Elle se connait en spectacle en effectuant d’autres pas que ceux qui lui avaient été imposé de faire. Elle se refusait, une fois de plus, à se conformer aux attentes de ses aînés. Elle défait, une fois encore, leur autorité. Et, une nouvelle fois, elle s’exposait à une sanction, à une correction.
Lorsqu’elle m’aperçut, ce qui n’était pas compliqué puisque je lui avais fait signe, elle se transforma, devant telle une tornade sur cette scène où ses partenaires de danse et parentes du clan essayaient tant bien que mal de reproduire les pas de danse qu’on leurs avaient demandé d’effectuer. Gesticulant en tous sens en retirant sa perruque, je vis qu’elle cherchait également à quitter ses habits traditionnels. Une pensée me traversa alors l’esprit : « J’espère qu’elle n’est pas en petite tenue sous ses vêtements » mais bien vite, mes doutes furent dissipés lorsque j’aperçus d’autres habits. Et, alors que les femmes sur scène semblaient outrées par les agissements de Kazuko, l’homme qui lui avait précédemment crié dessus resta sans voix.
Avait-il apprécié ce spectacle ? Il n’avait manifesté aucune gêne lorsque la jeune femme avait retiré ses vêtements et n’était pas intervenu pour l’en dissuadé. Une réaction qui démontrait là, surement, son envie de voir la jeune femme dans une autre tenue que celle-ci ?
Après de longues secondes sans avoir manifesté le moindre signe d’activité cognitive, l’homme se remit à crié après la jeune Miwaku fraîchement changée. Ce cri, qui avait semblé être le signe de la remise en fonction de ses capacités cérébrale -limitée, était emplis de haine et d’incompréhension. N’était-il pas évident que la jeune femme allait quitter la scène ? Visiblement, non. Aucun Miwaku n’avait bougé, à l’exception de la jeune femme qui s’avançait vers le bord de la scène, devant une horde d’habitant de Kumo, choquée.
Personne n’avait jamais osé faire une telle chose depuis la création de ce festival, s’était indiquée une femme qui c’était arrêtée pour regarder les danseuses durant leur répétition. Seulement, voilà, c’était à présent chose faite. Et personne ne semblait l’arrêter. Une chance pour elle, pour moi. Pour nous.
Malheureusement, trois -peut-être quatre individus- c’était mis à courir derrière Kazuko. Mais cette dernière, qui semblait avoir un compte à régler, venait de se jeter vers le doyen -l’homme qui n’arrêtait pas de lui crier dessus- afin de lui mettre un coup de pied au niveau du menton. Ce coup de pied, remarquable, le fit tomber et nombreux furent les personnes qui s’arrêtèrent pour l’aider à se relever, délaissant la jeune femme. Malgré sa mauvaise réception, elle avait créé une distance suffisante avec ses poursuivantes et se jeta à corps perdu dans la foule afin, semblait-il, de me retrouver.
Lorsqu’elle apparut enfin près de moi, je lui pris la main et l’entraina vers un autre endroit. Nous devions quitter cette place afin de trouver un coin plus tranquille et discret, loin de ses poursuivants.
Nous courions à en perdre haleine, quand soudain je vis une ruelle, étroite, dans laquelle il était possible de faire une halte. Alors, après m’être engouffré avec elle et posé contre un mur, je pus la regarder sereinement et lui sourire.
« Et bien... Je crois que cette fois tu ne t'en sortira pas avec de simple corvée. »
« Mais je suis content de te revoir... »