L'intérêt du Prince à l'encontre de notre protagoniste n'était pas pour lui déplaire. Bien trop fière pour s'en enorgueillir, elle préféra feindre la nonchalance. Au delà du regard curieux que lui gratifiait le hiérarque, Akira sentait bien que chacun de ses gestes étaient soumis à son analyse . Ce regard était bien trop intelligent pour se laisser berner par des subterfuges. Qu'il en soit ainsi !
A l'énoncé du titre, elle lui fit face, les mains posées sur les hanches, la tête haute. Il n'était pas question de le gratifier d'un tel honneur avant qu'elle lui reconnaisse une quelconque valeur. Elle décida donc en son fort intérieur d'esquiver tout sujet pouvant exiger son utilisation, n'excluant pas le respect qu'imposait son rang.
La jeune femme utilisait bien mieux les mots que les armes, il fallait l'avouer. L'homme transpirait la force tranquille et mieux valait fricoter avec la tranquillité plutôt que de chatouiller la corde sensible. Elle lui répondit docilement :
« En effet, la solitude est une vieille amie que j'affectionne particulièrement et... »
Sa mâchoire se crispa. Le fait même que ce prince ait sous entendu qu'elle soit le fruit d'une transformation malheureuse maltraita son ego. Il est vrai qu'elle ne s'était jamais posée la question et quand bien même, aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours été dotée des caractéristiques Kenketsu. La famille de marchands qui l'avaient recueillie avait été formelle. Avoir été humaine ? Elle ? L'idée fit naître un frisson de dégoût qui ne due pas passer inaperçu. Le fait même de s'imaginer humaine, avec le sang infecte de ces êtres dépourvus de tout intérêt... Cela lui donnait la nausée.
Oh oui, vous pouvez y mettre le mot. Akira se trouvait être particulièrement raciste et imbue d'elle même. Cela était naturel chez elle, presque innocent.
Elle s'approcha néanmoins de lui à pas feutré, comme pour marquer un peu plus le silence qui régnait dans la salle. C'est en chuchotant qu'elle poursuivie sa phrase, un rictus amer déformant son visage :
« Je me suis toujours connue ainsi. Ce n'est pas très poli de m'associer aux enfants sauvages dont l'esprit s'est perdu … »
Akira n'en voulait pas trop au prince cependant. Il était normal de s’interroger à la vue des carnages qui s'opéraient un peu partout. Elle n'avait eu de cesse de croiser les animaux peu éduqués et ces derniers l'avaient souvent obligée à quitter son abri. De fait, ses « déménagements » étaient devenus réguliers ces dernières années.
Ainsi se trouvait-elle à une distance peu raisonnable de ce Prince. Nonobstant, elle le dévisagea sans méfiance aucune. « Je ne vais pas te mordre » Étrangement, elle le croyait. Bien que ... son instinct de survie se soit quelque peu noyé dans la colère qu'avait éveillés les mots du Prince...
Elle le croyait.
Il lui sembla dès lors pertinent de garder le silence, permettant à son interlocuteur de l'observer à sa guise.