L'eau continuait de monter inlassablement et l'étroitesse de la pièce ne jouait pas en leur faveur. Et tandis que le jeune Shinobi s'attelait à ralentir l'écoulement à l'aide de son Mokuton natif, Azukiyo cherchait toujours une issue ou un indice de celle-ci, en glissant sa main contre les parois de pierre. L'urgence de la situation n'aidait pas non plus à se concentrer, et même si les formations et missions précédentes les entraînent à palier à tous les dangers, on est jamais véritablement prêt à affronter ceux-ci. Pourtant avec les années, Azukiyo en avait vu des pièges mortels, des situations périlleuses, des zones où le danger est omniprésent ; et si il était encore en vie aujourd'hui pour pouvoir en parler, ce n'est pas uniquement grâce à sa grande force de conviction ou en ses compétences. Non pas uniquement. Il y avait la connaissance du terrain, des phénomènes de la nature, des théorèmes de logique que la vie et les missions lui ont inculqué à grand coup de poings dans la tronche. Mais c'est ce qui fait qu'il en était là aujourd'hui, un Jônin, suffisament bon, compétent et expérimenté pour assurer aussi bien une mission que la surveillance d'un Chûnin.
Le Shinobi continuait son petit jeu de recherche, tapotant par-ci par-là contre une brique à la teinte plus pâle qu'une autre. Mais rien. Aucune dalle ne semblait vouloir bouger ou s'effriter sur le passage du ninja, et l'eau qui poursuivait sa montée sans se soucier des vies qu'elle avait prise auparavant et dont ses actes allaient pour se répétér. Les deux Konohajins n'avait de l'eau que jusqu'à la taille, grâce à l'intervention du Kirishitan qui pressait les racines de son justu jusque dans la moindre fissure ; leur donnant ainsi le plus de temps possible de ce sortir de cette mort certaine. Certaine ? Pas si sûr. Azukiyo n'avait pas donné son dernier mot, et après un bref coup d'oeil vers le garçon qui depuis les derniers jours avait gagné sa sympathie ainsi qu'un léger sentiment de fierté paternel, il reprit son exploration en plongeant sous la surface.
Il ne pouvait se résigner à laisser ce gamin plein de vie et aux longues années devant lui mourir ainsi. Même si le village les entraîne à affronter la mort dignement, ce n'est pas une fois sous terre que l'on sert son pays. Et alors que son regard parcourt l'étendue de pierres engoncées les unes dans les autres, un détail capte l'attention de l'homme. C'était là, sous ses yeux, infimes, mais bien présent. Un flot de toutes petites bulles s'échappait d'une fissure imperceptible à l'oeil nu. L'eau qui voulait les tuer jusque là allait peut-être finalement être la clef de leur évasion. Mais la pierre est toujours aussi dure, et le temps dictée par la montée des eaux manque cruellement. Comment lutter contre deux éléments en même temps ? Comment combattre la terre et l'eau en même temps ?
Par le feu.
Une seule solution pour garantir leur survie : Briser l'interdit, devenir un paria, un ennemi de la nation. Même si pour celà le prix à payer revanait à détruire son propre corps. Un dernier regard porté en direction de Tomohiko ... le garçon titube et perd connaissance, épuisé par le chakra qu'il avait consummé. Parfait, il n'allait ainsi pas être témoin du crime commis. A présent, il faut déchaîner les enfers.
Azukiyo effectue une série de mûdra et reste immobile quelques instants, concentrant son chakra dans un point.
Il libère le chakra qui explose hors de son corps. et s'échappe de chaque parcelle de peau, le recouvrant entièrement. L'immense quantité de ressource déployée semble prendre vie autour lui et forme un brasier dont les couleurs froides ne sont pas sans rappeler le danger sur lequel s'engage l'utilisateur d'une telle technique interdite. Le shinobi presse son poing mécanique pour à nouveau concentrer ce chakra nouvellement généré, formant un épicentre destructeur au creux de la paume artificielle. Le bras dirigé vers le mur repéré juste avant, Azukiyo déploie son poing et libère le chakra bleu qui fuse en direction de sa cible, dans un tir destructeur. Les briques ne résistent aucunement face à ce boulet de canon décoché à bout portant et volent dans tous les recoins, tandis que le bras mécanique se démantèle, subissant le même contre-coup.
L'eau se déversent dans la nouvelle pièce, largement plus grande que celle piégée, emportant tous les corps présents, et s'échappe vicieusement par des conduits au sol certainement prévus à cet effet. Le shinobi reste un moment au sol à suffoquer après avoir bu la tasse, et se redresse, s'aidant de son unique bras valide. Instinctivement il avance vers le gaçon inconscient, avec des pas désordonnés par la fatigue, l'effort et la douleur, murmurant en boucle "Allez gamin, claque pas maintenant, pas après tout ça." Genou à terre, il prend le pouls du shinobi et soupire de soulagement alors qu'il s'effondre à ses côtés.
« Tu t'es bien battu gamin. Tu peux être fier de toi. »
Car oui, même si ils n'avaient pas clairement affronté d'ennemis depuis leur arrivée, ils avaient combattu un bien pire adversaire : la mort. Et les deux ninjas pouvaient s'accorder un peu de répis avant de reprendre leur mission et ce pourquoi ils avaient risqué leur peau. Azukiyo tapote l'épaule du garçon pour lui intimer l'ordre de rester à se reposer puis se lève pour reprendre l'exploration avec cette nouvelle pièce. Au premier regard, rien ne semble diverger des autres tombeaux, il y a des stèles et des cercueils en pierre, mais cette fois le tout semble disposé dans un ordre précis et géométrique.
La scène est composée de plusieurs demi-cercles formés par les tombes et concentrique en une direction. Le shinobi avance vers cette direction, dépoussièrant quelques stèles d'un revers de main pour constater que la plupart comportent toutes les mêmes hiéroglyphes. Il arrive rapidement au fond de la salle, étrangement éclairée par des brides de lumières. Le sable a laissé une partie de sa place à de la végétation envahissante à base de racines, de lierres et de mousses. Le shinobi inspecte le mur qui lui fait face et ses nombreuses écritures étranges qui s'étendent aussi bien vers le plafond que vers le sol. Ses yeux se portent vers celui-ci et entrevoit d'anciens cercles et runes gravés à même la pierre et dont le temps n'a pas entièrement effacé.
N'ayant ni le temps ni les documents nécessaire pour traduire ce dialecte, il mémorise chaque parcelle écrite et retourne auprès de Tomohiko. Il attrape le garçon par les épaules, alors que ce dernier retrouve un semblant d'équilibre, et engage le chemin du retour. Au final dans cette histoire, le Hokage sera sans doute content d'apprendre que ce lieux a été l'hôte de rituels shinobis dont il vaut mieux taire le nom. Peut-être que le chef du village en sait quelque chose sur ces étranges symboles en forme d'yeux ?