Fouine, petite fouine

On pourrait comparer Masato à une véritable fouine. Discret, habile, futé et parfaitement incapable de se tenir en place sans fouiner. Et fouiner l'avait amené là, dans cette forêt à la fois lugubre et fantaisiste, après avoir suivi le plus discrètement possible une rouquine des plus intéressantes. Le temps était clément, doux. Un petit vent frais lui chatouillait le cou et faisait virevolter sa tignasse brune sans vergogne. Le temps idéal pour se mêler des affaires des autres, en somme.

Croyez moi, il avait essayé de résister à ses viles pulsions ! Mais sa curiosité l'avait vaincu et forcé à la suivre, à l'épier, à décortiquer et à découvrir quel secret sa petite carcasse pouvait regorger. Alors comme ça, elle était en deuil ? Quelle histoire rocambolesque, vraiment ! C'était pathétique comme romance, l'histoire d'amour impossible entre une Uzumaki naïve et un Chikara haineux. Oh, et ce dénouement final ! Digne d'un livre à suspense. Quel retournement de situation, cette histoire d'amour et de mort... Oh, il en était toute chose.
Cette femme allait lui apprendre beaucoup de choses palpitantes, il en était sûr.
Tiens, d'ailleurs, elle avait fini par s'arrêter. Pourquoi ? il n'en savait rien. Et franchement, il s'en fichait un peu. Il voulait juste jouer avec elle, travailler son esprit et nourrir le sien, beaucoup trop vorace.
D'un petit bond, il alla se cacher derrière un tronc d'arbre et ne laissa passer que sa tête.
À quoi pouvait-elle penser ? Oh, il mourrait d'envie de le savoir. Et il allait le savoir, nom d'un Senbon !

La forêt. C'était là qu'elle avait rencontré Nakatsu. Kazami ne voulait pas être de ces femmes endeuillées qui n'osaient plus s'approcher de quoi que ce soit qui leur rappelait leur amant. Elle voulait être forte, elle le devait. Elle l'avait promis. C'est ainsi qu'elle se rendit dans la petite clairière où elle avait rencontré Nakatsu pour la première fois. Enfin, pour la deuxième en réalité car ils s'étaient déjà vu enfants.

La jeune femme cueillit une fleure sur la route et lorsqu'elle arriva à la clairière, la déposa au niveau du gros rocher central. Elle s'assit alors là où ils s'étaient assis tout les deux précédemment. La rouquine soupira, ses cheveux s'emmêlant un peu avec le vent. Elle serait probablement restée là des heures si cet imbécile de petit fouineur n'était pas encore entrain de la suivre. Ne pouvait-elle pas faire son deuil en paix ? Tout le monde était-il obligé de la regarder de travers où qu'elle aille ?

Dans cet élan de colère, en une fraction de seconde elle attrapa un kunai, se retourna accroupie, une jambe fléchie et l'autre tendue sur le côté pour un meilleur équilibre, et lança son arme sur le tronc d'arbre d'où dépassait cette petite tête énervante.



Kazami le foudroya du regard. Ce n'était pas le moment. Vraiment pas le moment.

Elle l'avait donc repéré ? Bien, bien. Ça lui évitait d'organiser une entrée abracadabrante.
Masato sortit de sa planque d'une démarche royale, un indétrônable sourire aux lèvres.



Demanda-t-il sans vraiment le demander. Il se foutait de sa réponse. Ce n'était pas à ce genre de questions qu'il souhaitait des réponses. Il s'approcha alors d'un pas assurément lent.



Il jeta un regard à la fleur et fit une petite moue. C'était si... Cliché. Il en avait pourtant connu, des histoires. Lui, le grand voyageur incapable de tenir en place. Il avait ce besoin de découvertes, de nouveautés. Il était d'ailleurs assez rarement présent à Konoha et savourait donc plus encore les fois où il pouvait profiter de ses habitants si colorés.

Mais qu'est ce qu'il voulait ce mioche ? S'il était venu pour tourmenté la jeune femme s'était raté. Cela l'énervait juste. Ce parasite l'embêtait comme une mouche sur le dos d'une vache. Qu'est ce qu'il en savait hein, de cette promesse ? Il n'avait aucune idée de qui était cet homme, qui elle était et ce qu'ils avaient vécus. Il n'était qu'un curieux qui n'était même pas capable de se retenir.

Kazami fronça les sourcils. C'était une bonne idée de venir titiller quelqu'un qui avait tué un ninja il y a peu de temps ? Cet homme était fou ou complètement stupide. La jeune femme eut un petit élan de débuter un combat, pour évacuer un peu cet énergie ... Mais finalement elle se leva doucement et marcha vers lui, le regard au loin. Au moment où elle arriva à sa hauteur, elle passa à côté, sans même le regarder. C'était comme si c'était un fantôme, que les deux shinobi n'étaient pas dans la même dimension.

Elle voulait être seule, tranquille dans cette forêt qui lui donnait un peu d'oxygène. Et pas avec une espèce de fouine qui lui tourne autour en lui posant des questions.

Il ne put se retenir de sourire en la sentant s'énerver ainsi. Oui, ça l'amusait. Mais il refusait de perdre son cobaye aussi vite, ils venaient juste de se voir et il avait tant à faire pour lui faire regretter un peu plus la mort de cet homme. Après tout, elle était responsable de tout ça. Elle avait choisi de privilégier sa raison à son cœur et l'avait froidement tué pour un crime bien petit. Mourir pour avoir fait rentrer deux vampires dans un village ? La blague. Il avait vraiment dû en rajouter une couche après.
Elle le dépassa sans même le regarder et lui ne bougea pas. Il s'attendait à ça, il s'attendait à tout.



Oui, il avait une bonne mémoire et oui, il avait été là ce jour. Pour tout dire, il avait bien connu Nakatsu en tant que partenaire dans de nombreuses missions. Dont celle-ci. Il les avait vus arriver main dans la main, le sourire aux lèvres. C'était touchant.



Son sourire s'élargit un peu. Il était sûr qu'elle allait être touchée par cette histoire, d'une manière ou d'une autre.

Les paroles du chuunin l'arrêta net. Elle resta un instant à regarder devant elle puis fit, sans le regarder :



Puis elle se tourna vers lui, le visage impassible. Elle le détailla de haut en bas, confirmant qu'elle ne connaissait pas cet homme.



Quel était le but de cet homme ? Que lui voulait-il ? Est ce qu'il voulait juste l'embêter ou carrément lui faire cracher le morceau ? Il commençait sérieusement à l'agacer et elle avait juste envie de se défouler. Kazami décida alors d'entrer dans son jeux.



La rouquine prit un air le plus normal possible, le regard interrogateur.

Touché. La jeune femme exprima ces condoléances comme n'importe quel être humain l'aurait fait. Lui tournant toujours le dos, peu décidé à bouger, il observa cette roche qui servait grosso modo d'autel pour le Chikara.



Il se retourna enfin, le sourire toujours aux lèvres. Masato ne savait faire que ça, sourire. C'était assez insupportable, avouons-le, et ça cassait la majorité de ses propos sérieux.
En revanche, quand il perdait son faciès d'homme jovial, on pouvait considérer que la situation était vraiment critique.



Il la toisa du regard, s'habituant à son visage et à son allure. C'était donc bien elle, Kazami Uzumaki. Se seraient-ils vraiment mariés ? Non, impossible. Nakatsu n'aimait pas les Uzumaki et, même s'il l'aimait elle, il ne l'aurait pas épousé. Ou alors il aurait tout remis en cause pour cette fille.



Il pouffa de rire à cette idée, puis reprit.



Lui-même douter de ce terme qu'il n'employait que peu, habituellement. Mais pourtant, il trouvait que là, ça sonnait bien.

Finalement, il y avait beaucoup de choses sur Nakatsu qu'elle ignorait. Mais elle ne voulait pas les connaître. Pourtant cet homme était décider à la tourmenter au possible. Kazami eut pitié de cet être. Il semblait en colère contre elle ... Ce grand sourire ne pouvait cacher que cela.



Puis elle tourna les talons pour rejoindre le village. Il allait sûrement ENCORE la suivre mais à part lui casser le nez ou l'ignorer il n'y avait pas grand chose à faire.

Il semblait de pas croire à son mensonge sur le mariage... C'est vrai qu'elle aussi ça la faisait rire d'imaginer la scène. Nakatsu était pas trop du genre à dire ses sentiments, encore moins en public !
Mais de toute façon, une telle situation était impossible à présent. Vu qu'il était mort.

Oh, non. C'était déjà fini ? Elle partait, comme ça, de façon si nulle ? Oh, pitié.
Ce n'est pas amusant de martyriser quelqu'un d'aussi peu réceptif. Mais pourtant, il n'avait pas envie de la suivre. Il n'était pas ce genre de chiens qui harcèlent leurs maîtres pour une friandise, les yeux humides et miséreux. Non, lui était bien au-dessus de ça. Il était au-dessus de tout. Il aimait certes s'immiscer dans toutes ces histoires qui ne le concernent en rien mais il était hors de question qu'il s'y retrouve coincé. Il se voulait être l'élément perturbateur des histoires des autres et suivre leurs péripéties en y rajoutant son grain de sel mais il refusait catégoriquement d'y prendre une place importante.
Masato était comme ça, le petit insecte dans votre vie qui fait que tout va mal mais dont vous ne prouverez jamais la culpabilité.



Ils se reverraient, il en était sûr. Oh, oui. Il n'en avait pas fini avec cette fille, cette histoire. Il n'avait pas fini de se servir de Nakatsu pour occuper ses journées.