Encore cette fois-ci, tu avais quitté cette terre d’accueil pour en rejoindre une autre. Tu le savais, il ne faisait jamais bon rester trop longtemps à un même endroit. Tu laissais derrière toi trop de trace, cela donnait trop de jour à des éventuels poursuivants. Cette vie calme et tranquille, tu n’y avais pas droit. Tout simplement. Une simple réflexion permettait de comprendre le pourquoi du comment.
Tu étais un apatride.
Ancien Kirijin, « ex-nukenin ». Après tout, pouvons-nous parler de nukenin ou de désertion lorsque l’on quittait un village avant sa destruction ? Lorsque l’on abandonnait le navire, car on le savait perdu ? Il ne comprenait pas le choix de subsister sur une terre dont les rivières allaient se remplir de sang, de mort, et de maladie.
Oui, une maladie. La Vampinaris Sanguinaris, c’est comme ça que tu l’avais nommé. Certains le connaissaient sous le nom de « Clan Kenketsu ». Mais un clan ne se résumait pas à un simple héritage génétique, c’était une manière de penser, une culture, un environnement social. C’était de nombreux facteurs, bien plus que celui du sang. Après tout, tu te considérais comme un membre du Clan Gaikotsu, même si toi-même, tu étais un orphelin. Le vieux t’avait juste accepté, pour tes cheveux blonds et tes yeux rouges.
Mais tu n’avais jamais réussi à vraiment t’attacher à eux.
Au début, tu considérais que tu avais un problème, que tu étais différent. Que tu n’eusses d’attache en ce monde que ta propre vie, et que cela était un souci majeur, que tu devais le corriger. Mais aujourd’hui, tu n’avais plus que ta propre vie à te soucier. Et ce souci de ne penser qu’à soit était devenue une qualité indispensable.
Tu avais appris la leçon. Dans ce monde, il ne fallait que comptais sur soi, et sur personne d’autre. Après tout, tes parents eux-mêmes t’avais abandonné, à cause de ta faible constitution. C’était la seule raison plausible : tu étais un parasite.
Et comme les parasites, tu te terrais dans les lieux abandonnés. Mais celui-ci ne semblait pas si abandonné que ça. Tu avais entendu un lourd convoi arriver en ta direction. Pris au dépourvus, tu t’étais déplacé jusque dans les recoins de la forteresse. Avec de la chance, il ne faisait que passer. Mais malheureusement, ce n’était pas le cas. Quelqu’un, ou quelque chose, arrivait en ta direction. Tu étais un piètre senseur, mais il était aisé d’entendre les bruits de pas se déplaçant dans les cailloux. Après un moment, tu décidas de t’orienter pour observer de loin la progression de ces intrus.
*poc, poc, poc, poc*
Merde. Tu regardais cette petite pierre dévalant l’étage pour rejoindre le sol. Un détail que tu n’avais pas vu. La chose avait grogné. Un animal ? Dans ce cas-là, il valait mieux fuir. Tu ne savais décidemment pas jouer à cache-cache. Et tu étais un piètre combattant. Lui, avait sûrement un flair exceptionnel. Il allait te repérer, et il allait peut-être te dévorer. À moins que ce soit un herbivore peureux ? Malheureusement, les herbivores ne grognaient pas.
Tu pris ta décision trop tard. La chose t’avait repéré. Tu essayas de fuir, mais elle fondit sur toi et t’écrasa au sol. Dos contre la pierre froide. Tu étais une silhouette dans une longue cape noire, plutôt fine, blonde, et peu masculine, si bien que l’on aurait pu croire que tu étais une femme. Mais tu étais bien un homme, un jeune garçon. Tu ignorais ton âge exact. 16 ans, c’était ce que tu avais décidé.
Écrasa, et sous pression par cette patte imposante, tu levais les bras, montrant « patte blanche ». Ironie, celle qui te maintenait ici était aussi blanche. C’était une créature, comme une sorte de dessin à l’encre, mais vivant. Tu étais fasciné, tu aurais voulu la toucher avec tes mains, comprendre ce que c’était. Mais tu n’osais pas. Tu ne voulais pas qu’elle t’arrache le bras.
Ton regard se détourna vers ce qui était probablement la maîtresse de cette chose. Avec une voix faible, tu t’adressas à elle.
« Je suis seul. Je suis médecin. Je ne suis pas une menace. Je ne suis pas comestible non-plus. Ne me manger pas. »
Tes yeux rougeoyant la fixaient. Tu n’avais pas ton masque de médecin. Tu ne l’avais pas mis, car tu étais seul. Si tu avais su, tu aurais agi différemment.
HRP : J'ai posté avec l'autorisation de Matsuo ;)