L'importance de la croyance

La vieille femme observait Asae avec un air désolé. Elle se disait qu’elle était en train de la plonger dans une cage aux lions et se désolait des avis des autres. Tout en exigeant au pousseur du pousse-pousse de partir, elle prit la parole :



Chihiro posa sa main droite sur l’épaule droite de la jeune femme, lui sourit légèrement pour reprendre :

Cette entrevue des plus étrange était enfin terminée et Asae en était toute secouée. Elle avait l'impression d'avoir été un pion qu'on avait mis là sans savoir pourquoi et qui n'avait pas eu sa place à un seul instant dans cette conversation où il fallait tout décortiquer et lire entre les lignes. Une sorte d'enfer, pour elle, qui ne comprenait même pas une simple blague à double sens.

Une fois dehors, elle prit une bouffée d'air frais et profita de ce temps radieux tout en escortant l'Oka-Sân jusqu'à son pousse pousse.. Cette dernière dut d'ailleurs remarquer la mine songeuse de sa disciple puisqu'elle engagea un monologue sur ses défauts majeurs avant de lui avouer sa parenté avec Raiko. Cet homme était son fils ?! Cette femme avait un fils ? Cet aveu eut l'effet d'un véritable chamboulement chez la jeune femme qui ne put retenir une grimace de surprise et un peu effrayée. Ces deux personnes ne semblaient pourtant n'avoir rien en commun ! Enfin, à part leur nez...
Elle lui parla un peu de cet homme et de ses possibles ambitions, lui disant de s'en méfier et de ne pas le laisser la dominer. Mais comment ? Elle était si faible, si fragile et lui inspirait la force... Serait-elle capable de l'affronter ? De le combattre comme elle le faisait . Elle avait de gros doutes là-dessus mais, face à la question de la vieille femme, elle ne put que s'encourager, se promettre d'essayer.



Cette femme croyait en elle ? Deuxième révélation et tout aussi perturbante -quoique plus appréciable. Cette phrase la rassura un peu. Elle lui redonna confiance.

La vielle femme était calme. Elle devait le rester, son destin était déjà décidé. Elle ne pouvait pas estimer l’inestimable. L’avenir allait se faire sans elle. Le pousse-pousse venait de se garer devant la demeure de Asae, la vieille femme ajouta :

Asae écouta silencieusement chaque mot de sa matriarche. Était-ce des sermons ? Il était facile pour elle de parler avec tant d'assurance... Elle en avait l'habitude, vu son âge et sa position. Et elle n'était qu'une jeune femme perdue qui cherchait un appui pour rester droite dans ce monde impitoyable. Elle ne le savait pas encore mais ce monde était bien plus cruel qu'elle ne le croyait.
Le pousse-pousse roulait au rythme calme des paroles de la vieille femme. Asae était songeuse, cette journée l'avait fatigué. Elle n'avait plus envie de réfléchir, son esprit était trop plein de torsions malsaines et d'hésitations dévorantes. Elle ne comprenait même plus ou voulait en venir l'Oka-Sân. L'encourageait-elle ? La conseillait-elle ? La menaçait-elle ? Le véhicule s'arrêta devant sa maison, enfin. Elle soupira silencieusement avant de rassurer sa supérieure comme elle le put.



Elle récitait un cours qui lui avait été gravé dans la tête il y a des années. On apprenait ça à toutes les petites Miwaku. Le sacrifice de soi pour la survie de tous. Mais pourtant, elle y croyait malgré tout.
Délicatement, elle quitta le véhicule et salua son ainée avant qu'elle ne redémarre.