L’instant de faiblesse de Kimino avait été balayé, forcé par la conversation imposée par le quadragénaire. Le doute n’était pas interdit, mais la paralysie qu’il faisait subir était proscrit. Personne ne pouvait se le permettre en ces temps, surtout pas l’Hokage lui-même. Le soutien que le borgne lui offrait était imperceptible. Keisan l’avait compris. Que ce soit Shimazu le chef du clan Uzumaki, Matsuo ou Imawara le disciple de Seijuro, le roux tenait à tous ces ninjas, à tous ces hommes.
L’ex-Régent avait fait fie de cet instant, ignorant sa fragilité, pour ne se concentrer que sur une solution dont il ne tenait qu’à lui de la saisir ou non, avec pour seul allié sa perspicacité. L’Hokage en avait jugé les risques et avait placé sa confiance en ses trois hommes, il avait fait son choix. Une main lui était tendue. Tant moralement que physiquement et elle n’attendait qu’à être saisie. Réconfortante, en phase avec ses dires, mais intimidante, comme s’il y avait encore.. quelque chose d’autre.
« Carte blanche, je n’en attendais pas tant. Merci. »
Sa main se resserrait sur celles de l’Uzumaki, sans lui faire mal. Mais une force additionnelle, non nécessaire, rendait la poignée de main inutilement plus ferme, brusque. Derrière un petit trou de son cache-oeil, l’oeil pourpre s’était ouvert, supprimant l’utilisation des sceaux de la figure de Konoha. L’effet était soudainement pesant. La voix était grave, profonde, pleine de reproche, de colère...
« Ne t’approches plus de mes anciens élèves. Ils sont amis, Uzumaki et Chikara, main dans la main, ils sont le futur. »
… mais aussi de compassion. Un battement de paupière levait la contrainte, l’oeil s’était rendormi, tuant la menace avec lui.
« Je n’aimerai pas être à ta place en ce moment. Vraiment pas. »
Les responsabilités que Kimino devait porter étaient nombreuses et lourdes, et ce malencontreux accident n’avait jamais été volontaire. Il aurait été stupide d’en penser le contraire. Juger l’ancien alcoolique était dur. Sermonner le plus jeune Hokage de l’histoire n’avait pas été l’intention première du barbu, néanmoins, il le méritait. Keisan faisait au plus court. Il n’avait plus rien à dire : ça aurait été superflu.