[Flash Back] [Ouvert] Seule

        L’ennui la ronge, deux cents soixante ans d’existence, tout ça pour quoi ? Rien, enfin, rien de bien marquant. Pas qu'elle veuille marqué plus que ça le monde de son empreinte, mais bon, donnez lui un peu d'action. Par pitié, juste un peu de bagarre, de l'agitation, quelque chose !



        Les années ne lui avaient pas appris à parler poliment. Ça devait sortir. Son désespoir était trop profond. Seule, comme toujours, au milieu de cette salle ou les Kenketsu avaient élu domicile. Mais ce n'était pas ici son chez soi. Il fut un temps ou les vampires vivait paisiblement, entre enfant du démon, tous de race pur. Aujourd'hui, la soif inarétable des mordus a pris le dessus et nous sommes chassé, traqué comme des bêtes.



        Sana avait entendu un bruit venant de sa gauche.

Tapis dans l'obscurité depuis de nombreuses minutes, une autre créature observait Mme le vampire qui s'adonnait insoucieusement à son monologue. Ne sachant quoi en penser, de quelle manière agir et ne trouvant aucun intérêt à manifester sa présence, Hiroshi, qui à la recherche de son maître avait fait de ce lieu sa résidence pour le jour, avait décidé ni d'intervenir, ni de lui faire part du fait qu’elle était trop bruyante. Il continua tout simplement de l'observer avec attention. C'était une rare scène que de voir un vampire à priori âgé prononcer autant de jurons répétitivement.
En dépits de cela, il était à même de comprendre la solitude que devait ressentir cette inconnue. Quelle autre raison expliquerait qu’une personne apparemment saine d'esprit se retrouvait dans cette situation si ce n'est la solitude. Il la plaignait du fait que lui aussi souffrait de ce mal. En effet, il se languissait de son maître, Kenshin dont il regrettait désespérément la compagnie. Finalement las de toutes les lamentations de cette étrangère, qui se comportait à son grand dégoût un peu trop comme une humaine, il tourna les talons et prit la décision de quitter cet endroit qui, il trouvait, avait perdu tout de son charme depuis l'intrusion de cet autre vampire.
Alors qu'il ne lui suffisait plus que de quelques pas pour disparaître à jamais engouffré par l'obscurité de la nuit, elle remarqua sa présence et d'un ton autoritaire, lui demanda d'annoncer qui il était. A ce moment précis, deux options s'offraient à lui. Soit il l'ignorait totalement et continuait son chemin sans se retourner, ce qui n'aurait manqué de la mettre hors d'elle, soit il se retournait et lui faisait la cosette probablement pendant des heures. Il est vrai que lorsqu'une personne pensait à voix haute, cela ne laissait présager rien de bon quant à son actuelle santé mentale. Toutefois, allez savoir pourquoi, Hiroshi décida de répondre à la question posée d'une façon tout aussi autoritaire, en rétorquant:



Ses quelques mots furent emportés dans tous les recoins de la salle alors qu’Hiroshi se rapprocha peu à peu de son protagoniste vampire, laissant apparaître la quasi-totalité de son corps dont seule la face demeurait masquée par l'ombre d’un des piliers de la pièce.

        C'est vrai quoi ! Pourquoi ne pas faire les choses simplement ? Avait-il vraiment besoin de la faire chier comme ça. Perde du temps, c'est tout ce à quoi cela allait servir. Heureusement, du temps, elle en avait, plus qu'il fallait même.

        L'autre se cachait, qu'es qu'il foutait là, cacher dans l'ombre. C'est impolie au possible de masquer son visage, surtout quand on s'adresse à une si belle jeune femme.

Quelle situation paradoxale. Celle possédant le moins de sens commun s'adressait à Hiroshi impliquant qu’il était celui laquant toute notion de politesse. Quelle galère! Comme en était-il arrivé là alors qu’il aspirait désespérément à un peu de quiétude. D'abord, il était le premier à localiser cet abri où pensait-il se reposer, ensuite elle l'avait interrompue sans crier garde et ne s'en excusait pas le moins du monde et enfin, lui faisait de nombreuses remarques désobligeantes. Tout ceci était assez déplaisant.
C'était comme si leurs raisonnements et vue du monde s'opposaient naturellement l’un à l'autre tandis que chacun s’évertuait à se lancer des piques. Que faire dans cette situation pleine d’ambiguïté? Le temps suivait son cours inexorablement et la nuit encore jeune ne demeurerait éternellement présente à couvrir le ciel de son obscure manteau étoilée. En effet, l'heure n'était à converser oisivement, ce pourquoi Hiroshi se résigna dans une attente de calmer l'ambiance et répondit calmement tout en faisant fi des convenances cette fois:



Alors qu'il continuait de s'adresser à elle, il se déplaça lentement laissant paraître l'entièreté de son anatomie de la plus petite mèche de cheveux au reste et poursuivit d'une tonalité calme et sure:


Allait-elle lui donner la moindre pièce d'information la concernant ou pas, cette décision était désormais sienne.

        Le monsieur voulait savoir qui tu es Sana, tu vas lui dire ? Avoue tu as envie de le faire tourner en rond, encore un peu, histoire de le faire murir un peu, il n'était pas encore prêt.



        Tu lui avais dis, bravo ma belle, tu t'améliore au fil des années toi, comme un bon vin. Mais maintenant quoi, il voulait te poser des questions, que tu y mette du tien. Chiant.. Mais pour tout dire, tu n'avais rien de mieux a faire, alors ses questions, qu'il les pose.

Eh bien, que de surprise! A son grand étonnement, le vampire aux premiers abords âgés d'au moins un siècle savait se montrer coopératif. La tournure que prenaient les évènements n’était pas pour déplaire. En perpétuel quête d'informations, son cœur s'emplit d'espoir lorsqu'elle accepta de lui venir en aide du mieux qu'elle le put. Il était vrai qu'elle ne s'était exprimée en ces termes, mais qu’importe la forme, le fond était qu’elle tâcherait de lui venir en aide si l’on put dire.
Très expressif dû au bonheur engendré par l’idée des retrouvailles avec son maître, Hiroshi se rapprocha de l'étrangère: Sana l’air quelque peu soulagé. La tension que ressentait le jeune vampire s'était dissipée grâce à de simples phrases prononcées par son interlocutrice. De cette atypique situation, dans laquelle il s'était retrouvé, pouvait résulter la découverte d'inestimables informations quant à la présence d'un vampire disparu depuis long: Kenshin. D'un ton calme et avec clarté, il s’exprima concisément :



Le visage crispé et ne lâchant Sana du regard, l’atmosphère autour de lui devint indescriptible. La probabilité qu’elle détienne le moindre indice n’étant de zéro, il ne pouvait demeurer placide. Un feu ardent brûlait en lui du fait que retrouver son maître n’était peut-être plus inconcevable.
Il ne pouvait ôter de sa mémoire les actes altruistes de Kenshin qui l’avaient poussé à désirer demeurer indéfiniment à ses côtés. La grandeur de cet homme ou vampire, bien que plus humain à ses yeux que bon nombre d’eux, lui servait de quotidien modèle. De son vivant, il n’avait ressenti l’excitation d’une vie vécue pleinement qu’après qu’il ait trépassé. Il considérait sa vie comme une prison cauchemardesque dont il avait été extirpé par sa rencontre avec Kenshin. Plus jamais il n’eut à endurer les railleries des autres ou encore les monstruosités commises par ceux abusants de leurs pouvoir pour assouvir les bassesses les plus intolérables.
Pire qu’un animal, l’être humain l’était à n’en douter. Engendreur de sa perpétuelle agonie, son arrogance n’avait de limites que les folies qu’il se permettait. Assez du passé place au présent. Hiroshi de nature patiente et posé s’agitait dans tous les sens. Ne supportant plus la lourdeur de l’attente précédant la réponse positive ou négative de Sana, il anticipa et reprit en disant:



Tel un bateau à la dérive résistant au poids des bourrasques de vent et la violence des océans en attendant que luise à l’horizon une lueur d’espoir, il espérait. Qu’espérait-il? Jonglant entre les tourments l’assaillant et l’espérance, il demeurait passif à observer la brunette au yeux de braise en face à de lui.

        Eh bien ! Au final ce vampire savait se montrer intéressant. Pas forcement dans ce qu'il te racontait, mais plutôt dans son attitude, il était affolé, pressant, déterminé.. Que cachait-il sous ses airs de vierge éffarouché ? Allez petit, tu vas nous livrer tes secrets, histoire de voir s'il on peut t'aider.



        Tu le faisais mariner un peu, marquant une pause courte mais qui du sûrement lui paraître une éternité. C'est ce que tu voulais hein ? L'éternité. Que ton nom résonne, pendant des siècles et des siècles.

L’espérance était réellement un sentiment emplit de naïveté. Le contentement que ressenti le vampire âgé d’une centaine d’années, lorsqu’elle révéla pouvoir posséder de capitales informations, était illimité. Ses infructueuses recherches menées depuis plus de trente ans ne s’avèreraient vaines s’il parvenait à se quérir de la situation et position de son maître. Il pourrait enfin demander amendement pour les évènements passés. Un rayon d’espoir venait d’apparaître et briller plus ardemment à chaque minute écoulée. Tel un accro, il lui en fallait plus. De plus amples et plus détaillées renseignements, il le requérait du regard demeurant quiète. En cet instant, tout le reste était vide de sens. Seules les prochaines indications révélées par celle devenue son informatrice importaient à ses yeux.
Contre toute attente, à la stupeur générale, elle n’en dit plus quant à la position des assassins mentionnés auparavant. Au contraire, toujours aussi pleine de surprise, elle passa du coq à l’âne et devînt d’une curiosité plutôt inattendue. Levant les yeux aux plafonds, la réaction d’Hiroshi traduisait une sorte de gêne. Il avait anticipé que la conversation prendrait une tournure telle qu’il ne fut contraint d’aller à l’encontre de ses principes. De nature peu communicative, il était parmi ceux très peu bavards. Le trop plein de propos éloquents qu’il avait tenus jusqu’à maintenant résultait du désespoir de la condition dans laquelle il se trouvait quant à son entreprise.
Et maintenant, elle se montrait très inquisitive s’étonna Hiroshi. Quel était l’objet de ce naissant intérêt? Gardant son calme et analysant la situation, il était convaincu que trop en dire n’était une bonne idée. Qui put l’en blâmer? Personne…Après tout Sana possédait l’un des esprits les plus versatiles qu’il lui avait été donné d’observer. Dans l’incapacité d’être en mesure de définir de quelles intentions elle était animée, il se refusait à dévoiler son véritable objectif. De plus, il ne savait si les données lui étant communiqué se montreraient probantes.
Il s’expliqua donc avec concision tâchant d’être aussi pragmatique qui le put:



Ce n'était pas matière à négocier. Bien qu'en proie au désespoir, il n'abandonnerait sa fierté. A l’extérieur commençait à gronder l’orage, les cieux se déchireraient bientôt laissant s’écouler un torrent d’eau purificateur et nourrisseur. Une fois l'identité des assassins révélée, Hiroshi s’en occuperait personnellement et leur ferait goûter aux délices d’une ignoble et lente mort.

        Qu'es qu'il voulait aux Gaikotsu lui ? Hein ? Qu'es qu'il pouvait bien lui avoir pris pour qu'il soit si presser de le retrouver ? Énigmatique le petit vampire. Il n'était pas du genre langue pendu à l'évidence. Dommage pour lui, j'avais tout mon temps et je comptais m'en servir.



        Je lui offrais l'occasion de gagner du temps, il n'avait qu'à me révéler ce qu'il recherchait. Je lui dirais ce qu'il faut. Enfin peut être.

Il était déconcertant de voir à quel point elle pouvait se montrer agaçante quand elle le désirait celle-là. Il aurait apparemment mieux valu céder au caprice du vampire, qui s'avérait détenir des données sur la position du campement ou encore le village de ces exterminateurs de noctambules. Certes ce serait une habile démarche, mais ce qu'elle demandait n'était pas quelque chose de moindre signifiance vu le déconfort que ressentit Hiroshi. Deux options se présentaient l'une totalement opposée à l'autre. Demeurer campé sur sa position ne résulterait en l'acquisition d'aucune information. De l'autre côté, céder serait donner satisfaction à Sana, ce vampire à la libido démesurée. Que faire? Cette situation paradoxale demandait d'y accorder un instant de réflexion.
Les yeux jusque-là rivés sur elle, Hiroshi détourna son regard et d'un pas calme se mit à marcher. La pièce se rafraîchissait dû aux intempéries actuelles. Alors que l’orage grondait, l’eau commençant à s’infiltrer dans la pièce, ses pensées s’entremêlaient les unes aux autres. S'en aller était l'unique option à laquelle il était enclin. Accepter de révéler son objectif sous la pression du chantage ferait de lui une proie à saisir sans difficulté. Si elle le tenait par les burnes, il n'aurait qu'à lui démontrer que sa paire était plus qu'impossible à exploser. La résolve fixe, il la regarda une fois encore avant de s'exprimer:



Alors qu'il se tut, il observa une fois encore le visage de son interlocutrice, comme s'il désirait l'ancrer profondément dans sa mémoire. Elle était si bornée mais cela faisait sans nulle doute partie entière de son charme. Ne remarquant que maintenant les lunettes dissimulant les yeux écarlates de la brune, il s’interrogeait quant à leur utilité. Il était inconvenant pour certains humains de voir sans user de cet objet, mais pour un vampire, son utilité ou encore sa nécessité était inconcevable.
L’idée qu’en vieillissant la vue d’un vampire pourrait se détériorer paraissait relever d’une absurdité totale. Ces lunettes étaient probablement un moyen de "show off" autrement dit "faire genre" à moins qu’elle ne fût adepte du bronzage. A cette idée, il esquissa un sourire alors que le jour s’était enfin levé. Ils s’étaient donc tenu compagnie jusqu’à ce que l’aube dissipe l'obscurité de la nuit en révélant ses détestables couleurs. Bien que le soleil absent, du fait qu’il pleuvait des cordes, il aurait été faire preuve d’imprudence que de s’en aller dans l’immédiat. Se laissant glisser contre le mur jusqu’à ce corps entre en contact avec le sol, il soupira avant de fermer ses yeux. A l’apparition de la voûte céleste de la nuit, sa quête se poursuivrait sans l’obtention du moindre indice. C’était définitif, elle ne partagerait pas son savoir, ça du moins il en était de plus en plus sûr pensa-t-il. Ses espérances vaines, il n’aspirait qu’à un peu de calme, se triturant les méninges quant à la direction que prendraient ses recherches.

        Décidément un drôle de personnage que ce vampire en herbe. Si pressé d'avoir des informations et pourtant il était prêt à partir sans en avoir une aucune autre que la certitude de les avoir loupé.



        Une chose était sure maintenant, il ne me dirait rien, même si je lui donne ces informations, il restera muet. Imbécile, tu me fais perdre mon temps, je devrais t'arracher la tête et la donner à manger aux corbeaux.

Accordant désormais peu d’intérêt aux propos du vampire en face, il s’armait de patience attendant l’imminente arrivée de la nuit. L’on pouvait ouïr le son grondant émis par les violents orages s’abattant non loin de la zone, l’humidité de la pièce qui n’avait cessé de croître avait causé l’apparition d’une mousse peu épaisse de couleur verdâtre. Ce n’était probablement pas la première fois que cette bâtisse souffrait sous le coup d’une nature déchainée. Allait-il encore devoir attendre longtemps? La seule idée d’avoir à repartir de zéro à nouveau exaspérait Hiroshi. Il ne comprenait l’attitude du vampire ou ce la motivant. Du fait de son expérience passé, il était bien conscient de l’engouement qu’éprouvait la gente féminine à l’égard de toutes formes de commérages, ce qui la rendait terriblement curieuse quant aux moindres évènements. Peut-être était-ce aussi le cas chez les vampires.
Bref l’heure n’était plus aux présomptions. Aucune information obtenue…Voilà ce que résultait de son refus de partager son objectif avec cette inconnue. Toutefois, qui put lui en vouloir? C’était chose commune de se montrer sceptique en la regarde des intentions de toute autre personne, tel le disait si bien l’adage: ‘’La confiance n’exclue pas la prudence.’’ Sa décision relevait donc du sens commun rien de plus. Malgré cet essai désespéré, aucune pensée n’était à même de lui apporter quelconque réconfort. Il se devait néanmoins de persévérer dans son entreprise. A l’extérieur, le son de la cacophonie naturelle devenait de moins en moins distinguable alors que les premiers signes de la nuit paraissaient. Il était enfin temps de s’en aller tirant le rideau sur cette stérile entrevue.
Sans rien dire, Hiroshi se redressa et épousseta ses vêtements l’air empressé. N’ayant aucun lead quant à sa prochaine destination, sa posture exprimait sa perplexité un dernier instant avant de se retourner et observer à nouveau Sana. Pourquoi ne pouvait-elle pas se montrer plus compréhensive, c’était tellement aberrant d’avoir à en rester là alors qu’il était si près du but. Bien que tenté de revenir sur ce auparavant énoncé était hors de question. Prêt, il marcha tête haute vers la sortie avant de disparaître comme s’il s’était fondu parfaitement avec l’obscurité des ténèbres dans lesquels le périmètre était maintenant engouffré.