Les doigts de l’Intendante se crispèrent lorsqu’elle remarqua que l’Hokage ignorait tout simplement ses conseils, passant à un autre sujet. L’ignorait-il par sexisme ou par arrogance ? Ah, les hommes ! Même suspendus au bord d’une falaise, ils refuseraient, pour préserver leur virilité, une main tendue vers eux, d’autant plus si celle-ci est féminine. Tant pis pour lui, songeait la jeune femme. Elle agirait de son propre chef pour assurer sa sécurité, ce dont elle avait déjà l’habitude de faire quand elle épaulait Shinji. Lui aussi n’était pas un adepte de la politique et son disciple ne comptait plus les fois où elle devait repasser derrière lui.
Shirona n’était pas particulièrement attachée à Kimino mais parce qu’il était Hokage et qu’il était l’autorité la plus sacrée et légitime au sein de la République, elle se devait de le soutenir. Se diviser à l’aube d’une guerre ne finirait que par causer la perte du Pays du Feu, un scénario inimaginable pour celle qui avait juré de favoriser l’intérêt public avant le sien. N’était-ce pas le serment que les shinobis prononçaient à la sortie de l’académie ? Ainsi, lorsque l’Uzumaki-en-chef lui demanda de surveiller des concitoyens devenus maintenant opposants politiques et menaçant ainsi la paix du village, elle ne put qu’acquiescer.
« Ne vous inquiétez pas pour la mère de Seitô. J'irai lui rendre visite dans la semaine et nous aurons une discussion de femme à femme... »
La sirène de Konoha savait à quel point la Dame de Fer pouvait se montrer intimidante ; elle n'avait pas acquis ce surnom pour rien. Toutefois, Shirona pouvait être très persuasive.
« Quant à Keisan, j'ai vu que vous lui aviez laissé carte blanche... Ce n'était peut-être pas la meilleure idée mais je garderai un œil sur lui également et cette petite équipe qu'il essaye de former en vue des négociations. »
Les hommes étaient ses proies de prédiction. Être dans les petits papiers du vieux Kitto allait être un jeu facile. Ce n'était parce qu'il ne lui restait qu'un œil qu'il ne pouvait pas continuer à le rincer.
« J'ai également une mission pour vous, Hokage-sama... »
La jeune femme se leva pour contourner le bureau et se mettre à la droite du chef du village, une position qui leur était déjà familière. Elle posa délicatement une main sur son épaule. Assis, il avait une vue imprenable sur la poitrine de son intendante.
« Vous devez vous reposer. Si vous continuez sur ce rythme, vous n'allez pas tenir jusqu'au dénouement final...
Si nous voulons une armée forte, nous avons besoin d'un chef fort. »