Au moins, comme à leur habitude, les deux jumeaux étaient sur la même longueur d'onde. Forcément qu'ils n'avaient pas envie de la suivre, parce que y avait de la méga-baston qui se passait derrière eux, pendant qu'ils s'occupaient à... marcher. Pendant des jours et des jours, sans savoir ni comprendre où est-ce qu'ils allaient. D'ailleurs, pourquoi est-ce qu'ils les suivaient ? Franchement, ils auraient mieux fait de désobéir, ils n'en seraient pas là aujourd'hui. Heureusement que son frère était là, à lui parler dans sa tête, pour lui changer les idées.
« Trop trop trop bonne idée ! Puis si on arrive à bien manœuvrer, on pourrait même repartir vers Kiri en quelques minutes, j'en suis sûr ! »
Alors qu'ils étaient à plusieurs jours de marche de leur village ? Aucune chance...
« Ok ! Dès qu'elle fait pas gaffe, on fouille son sac ! Mais il faudra s'occuper de son toutou d'abord, il va nous faire chier pendant trois heures après, à nous parler comme s'il était notre père. »
D'ailleurs... c'est qui déjà, celui-là ?
Forcément, ça ne ratait pas. Le toutou recommençait à nous faire la leçon pour des broutilles, alors qu'il ne comprenait même pas le quart de ce que pouvait ressentir les jumeaux. Pour qui se prenait-il au juste ? ll était grand temps de le remettre à sa place.
« Les bêtes sauvages, c'est ceux qui attaquent notre chez nous, pendant que nous on part ? Parce que nous c'est pas sans raison qu'on veut se battre, c'est car c'est notre maison qu'ils attaquent là ! Et où sont papy Mishi et cousin Kyôta, eux vous vous en foutez s'ils crèvent parce qu'ils se font attraper pendant qu'on est pas avec eux ? Bah bravo, elle est belle la famille. »
Franchement. Ils croyaient réellement qu'ils n'ont aucune raison de se battre, alors que c'est leur foyer et leur famille qui est attaquée ? Si Yahiko et Yohiko étaient des bêtes sauvages, alors Kazumi et Masato étaient des monstres sans coeur.
« On est peut-être des sauvages, mais nous au moins on a un coeur, et on est pas des lâches. Et toc. »
Yohiko n'était pas satisfait, et le faisait bien comprendre aux deux adultes qui étaient à leur côté. À neuf ans seulement, ils étaient déjà insupportables.
Un sourire narquois sur le visage, il regardait son frère, et lui parlait de manière audible.
« Lady Kazumi... Lady Kazumi... À croire qu'il veut remplacer Kyôta. »
Une énième pique à leur encontre. Leur chemin continuait, et une fois de plus ils ne répondaient qu'à moitié à leurs questions.
« C'est pas qu'on l'écoute pas, c'est que moi je sais pas c'est quoi ton Kusa truc bidule. C'est où ? C'est loin ? Et qu'est-ce qu'on va bien foutre là-bas ? Pourquoi c'est vous deux qui décidez qu'on doit y vivre. C'est plutôt nous qui vous sugg... jé... truc de mieux nous écouter, car vous répondez qu'à la moitié de nos questions ! »
C'est vrai quoi, c'est beau de dire Kusa, mais c'est quoi. Et surtout, pourquoi ? On laisse mourir notre famille pour aller vivre dans la campagne, loin de tous les dangers ? C'était ça l'idée ? Mais quelle idée pourrie...
Les heures passaient, et le trop plein de chocolat ingéré par la madame commençait à être trop lourd à porter pour elle, si bien qu'ils décidèrent de faire une pause, d'une manière assez originale, forcé de le reconnaître. La jeune femme s'adossa à un arbre, et observa les deux jumeaux qui jouaient ensemble, pour tuer le temps. De son côté, le toutou s'occupait des provisions... la voilà, l'occasion unique !
À l'aide de leur communication télépartique, Yohiko s'empressa de comploter avec son frère, bien qu'ils aient sans doute vu la même occasion se présenter.
« Regarde, elle s'est endormie ! Je vais occuper le toutou, et toi tu t'occupes de son sac, ça te dit ? »
Les deux Kaguya se mirent d'accord sur ce plan d'attaque,et Yohiko s'en alla rejoindre Masato.
« J'ai faim, c'est quand qu'on mange ? T'as besoin d'aide pour préparer ? »
Le Kaguya regarda aux alentours, puis sourit vivement.
« Regarde là-bas ! Y a peut-être des fruits dans tous ces arbres ! J'en veux, j'en veux ! Puis c'est bon pour la santé, Kazumi sera en pleine forme après ! »
Bien entendu, les arbres étaient à l'opposé de la malice qui allait être produite par son frangin adoré.