C’était un petit coin de paradis. Ici, au cœur de l’Empire de Kumo, Yahiko devait bien l’avouait, il savait s’amuser eux, au moins. Des combats, du sang, de la violence, des larmes. Et surtout, on le rendait bien ! La gloire, les applaudissements, le confort et les bonbons. En quelques années, ils étaient devenus les idoles de la catégorie « Combat Junior » ... Et ils adoraient ça ! C’était comme un rêve qui devenait réalité ! On les récompensait pour être sanguinaire, si elle n’était pas belle la vie ?
Alors quand les Kirijin sont partis pour la grande escapade vers l’inconnu, il n’y avait pas l’ombre d’un doute. Non, sérieusement, quel Kaguya troquerait cette vie de chouchou des combats contre une pseudo-liberté dans des terres gigantesques sans aucune friandise ? Il fallait être fous. C’étaient eux les barbares ! Ce système était vertueux, donnant-donnant ! On entrait dans l’arène, on faisait notre show, on castagnait les minables, on récoltait les fruits de la gloire, et eux s’en mettais pleins les poches. En échange, on avait une cellule de plus en plus confortable.
Maintenant, d’ailleurs, ça ressemblait plus à une « maison de vacances de haute sécurité » qu’à une réelle cellule de prisonnier de guerre. Car comparé à leurs débuts, où ils étaient dans une sorte de grotte sombre et humide où l’ennui était le pire des ennemis, et ou la seule activité était d’essayer d’emmerder son frère qui essayer de compter le nombre de *ploc ploc*, il vivait ici une vie de vrais Princes du Combat.
La voix de son frère le sorti de sa lecture de son manga (de baston, bien évidemment. Avec du sang, surtout, beaucoup de sang) qui jouait avec son Yo-yo. Sûrement pour lui montrer une autre de ses figures artistiques. Peut-être qu’un jour, ils les emmèneraient dans l’arène pour chauffer la salle. Mais lorsque le yo-yo tomba sur son crâne, le Kaguya pouffa de rire.
Il écoutait les justifications malhabiles de son jumeau.
« Mais oui, bien sûr. Et ce sont les Hattori qui mettent le chocolat dans le papier aluminium. »
Non, clairement pas. Le Clan Hattori avait bien trop la classe pour se farcir les basses besognes des faibles. Ils étaient les chefs, les Big Boss du Game, ils faisaient partis de ceux qui posait leurs Balls sur la table des négociations. Bon c’était des consanguins, mais qui en avait à foutre ? Ils contrôlaient tout, et surtout, ils faillaient rester dans leurs petits papiers. Car en un claquement de doigt : pouf, tout pouvait disparaître. Cette situation ne dérangeait pas le Kaguya. Ils étaient balèzes, ils avaient les friandises, ils avaient donc le respect. Nul besoin d’aller chercher midi à quatorze heures quand on vivait dans le paradis artificiel, mais bien réel, qu’offrait les Hattori à ceux qui savaient aller dans leurs sens.
Mais la prochaine étape, c’était la liberté. Dehors. Voir l’extérieur. Rencontrer du monde. Fait de combat de rue, de la vie sauvage, des dangers mortels. De l’adrénaline, se nourrir des larmes des adversaires impuissants face à la force des « Princes ». Yahiko aspirait maintenant à ce genre de vie, tout en conservant une maison similaire. Hors de question de rejoindre un bidonville, ou de perdre ce qu’ils avaient durement acquis.
Le jeune Kaguya reprit sa lecture, et il put entendre les lourdes grilles de la prison s’ouvrir. Si bien qu’il posât son manga, et regarda son frère.
« Nan, aujourd’hui c’est repos pour les braves. Donc j’sais pas. »
Sûrement pour quelqu’un d’autre. Il reprit une énième fois sa lecture, et fut de nouveau interrompu. Il soupira. Il ne finirait pas son manga cette fois. Mais lorsque son frère confirma que c’était bien pour eux, Yahiko senti un picotement d’excitation parcourir son corps. L’imprévu était devenu une denrée rare, alors il fallait la chérir.
Sautant de son confortable canapé, le garçon se dirigea au pas de course vers son frère.
« Troooop bien ! J’sais pas ! Peut-être des jouets ? Une interview ? Une attaque surprise ?! »
Puis, il frappa la tête de son frère. Ils avaient tout deux le crâne dur à force de prendre des gnons.
« On dit autographe, baaaaaaka ! »
Avant de reporter son attention vers sa visite surprise.
« La surprise ! La surprise ! La surprise ! »
Disait-il avec une voix enjouée, suivis juste après de son alter-égo. Car même prisonnier, ils étaient heureux. Et surtout quand il y avait de l’action, du nouveau, de l’imprévu !