Les soeurs Terreurs

        Ceux qui enseignèrent à l'aînée de la famille d'Aohime ne se plaignirent jamais de devoir supporter la plus jeune des deux. La princesse, Aohime, était loin d'être aussi maligne que sa grande soeur et c'était surtout en cela qu'elles se distinguaient. La cadette préférait de loin clamer haut et fort son fond de pensée et de brandir le poing si jamais quelque chose ne lui plaisait pas, et gardait cette naïveté de ses quinze ans. Inoiya était quant à elle plus vieille et plus mature. Toutefois, on pouvait reconnaître leur lien de parenté d'une façon fort simple : toutes deux avaient hérités de la plantureuse poitrine de leur mère et ce, malgré les jeunes années d'Aohime.

        En moite soirée, où l'humidité collait les vêtements à la peau, la cadette avait rejoint sa soeur à la maison familiale. Si la politesse exigeait que l'on toque du dos de la main la porte avant de s'inviter dans la chambre de son aînée, Aohime préféra être plus familière : elle ouvrit d'un coup de pied fracassant.



        Croisa-t-elle les bras sous ses seins, d'un air de défi. Qu'était-elle encore venue chercher ?

Couchée sur un matelas un peu rigide, Inoiya étudiait 'les mécanismes du cerveau humain', un ouvrage qu'elle trouvait très intéressant mais aussi incroyablement compliqué. Elle avait un examen à passer le lendemain à l’hôpital du village pour devenir chef de section des blessures graves et ce chapitre concernant le fonctionnement du cerveau était la matière qu'elle redoutait le plus...

Quand sa petite peste de sœur entra dans sa chambre sans frapper, Inoiya avait fait un énorme bond dans son lit. Une photo qu'elle utilisait comme marque-page s'échappa du bouquin et vint se poser aux pieds d'Aohime. Le cliché datant d'une bonne dizaine d'année était une photo de Dohko Kaguya dont Inoiya avait toujours été secrètement amoureuse. Elle n'avait jamais osé le lui avouer. Elle ne l'avait d'ailleurs plus vu depuis longtemps. La dernière fois qu'elle l'avait croisée, c'était à l’hôpital six ans auparavant. Il était accompagné d'un jeune Gaikotsu qu'elle avait du soigner... Elle se souvenait ensuite d'un incroyable moment passé avec ce beau Kaguya.



Elle remarqua la photo au sol, aux pieds de sa sœur. *Pourvu qu'elle ne la ramasse pas ... Pourvu qu'elle ne la ramasse pas ...*

        Aohime adorait surprendre ainsi sa grande soeur. Elle se passa une langue sur les lèvres et releva quelque peu le menton, jetant un regard suffisant sur sa soeur.



        Elle ricana. Un petit mot d'amour pour Inoiya qu'elle aimait tant. La mimique narcissique qu'adoptait alors la princesse s'évanouit lorsqu'elle porta son regard au sol. Quelque chose s'était glissé sous son talon.



        Elle porta un regard interrogateur à sa grande soeur, la photo entre les doigts.

CON !? Inoiya se figea. Dohko-kun était tout sauf con - à moins peut-être si il venait à vouloir défier le Mizukage -, il était beau et c'était un shinobi des plus remarquables. Pour qui elle se prenait celle-là !?



Un chakra vert vint couvrir le poing de la ninja médecin. Elle frappa le mur juste à coté d'elle et passa à travers sans sourciller. Ensuite, elle prit son air avec laquelle elle avait toujours fait peur à sa petite sœur.

        Face à la réaction de sa soeur, Aohime ne put qu'adopter un vilain sourire. Elle regarda lentement la photo dans sa main puis porta son regard sur sa soeur. La jeune Kaguya haussa les épaule et tendit le bras vers l'aînée. Mais au moment où l'on aurait pu lire une indifférence totale dans le visage d'Aohime, celle-ci rétracta son geste et enferma la photo dans une poigne d'acier. Elle en fit une boulette, avant de la jeter du bout des doigts sur le front d'Inoiya.



        Puis Aohime pencha légèrement la tête sur le côté et laissa l'os de son bras transpercer sa peau, avant de l'agripper et de l'extirper. Elle position l'arme organique devant elle, la pointe dirigée vers les seins de sa grande soeur.

Inoiya avait attrapé la boulette avant qu'elle n’atterrisse sur son front. Elle déplia la photo et essaya de la déchiffonner puis elle la replaça dans le bouquin de médecine, à la page où elle s'était arrêtée.



Elle sourit à sa sœur cadette.



Puis elle envoya son poing droit dans la face de la princesse babouin...

        Ce fut une Aohime en plein culbutage qui revola de l'autre côté du jardin, en face de la chambre de sa grande soeur, et qui s'écrasa dans l'herbe grasse et humide. Inoiya sortit à sa suite, les poings crispés et entourés du chakra vert. Sur le dos, la joue déjà enflée, la princesse soupira douloureusement.



        L'avantage d'être une Kaguya était d'avoir le crâne dur. Aussi, cela pouvait paraître inutile de cogner la petite car celle-ci ne pensait qu'à une chose : défier sa soeur et le monde entier. Bornée, disait-on.

Inoiya tendit la main à sa petite sœur pour l'aider à se relever. C'était une vraie peste mais elle l'aimait quand même. Au moment où elle tira sa sœur vers elle, celle-ci lui annonça que Dohko avait une prime sur la tête et allait affronter le Mizu... Pour la prime, elle était déjà au courant. Mais pour le duel avec le Mizukage, non. De stupeur elle relâcha donc la main d'Aohime qui retomba à la renverse.



Son cœur battait à mille. Elle ne pouvait pas le croire. Qu'est ce qui lui prenait ? Ou bien Aohime racontait des bobards, ce qui était fort possible aussi.

        Aohime était sur le dos et en position d'infériorité flagrante. Toutefois, elle se permit de ricaner méchamment. Elle aimait bien se délecter de cette expression de colère sur le visage d'Inoiya, même si parfois, il pouvait arriver qu'elle doive en pâtir. Mais Aohime était une petite fille qui récupérait vite, alors bon...



        Aohime croisa les bras sous sa poitrine et serra sa poitrine, adoptant une pose sexy — mais couchée sur le dos.

Inoiya se souvint du moment qu'elle avait passé avec Dohko à l’hôpital six ans auparavant. Elle répondit à sa sœur en la soulevant comme un gros sac pour la faire lever. Elle avait alors les larmes aux yeux...



Elle dévoila sa poitrine à sa petite sœur pour lui montrer une cicatrice qu'elle avait sur le sein gauche.



Inoiya rangea ses atouts.

        La princesse fut un peu surprise de la réaction de sa soeur et garda son expression narcissique pour elle. Sa grande soeur était-elle réellement tombée amoureuse de ce Dohko ? Avait-elle connue cet amour pour un Kaguya puissant et virile comme elle prétendait qu'était ce Dohko ? Aohime doutait, mais sa soeur était très convaincante lorsqu'elle le souhaitait. À la vue de la cicatrice, la petite versa une larme. Aohime s'avança vers Inoiya et la prit dans ses bras, la tête enfoncée dans ses seins. Ainsi blottit, elle murmura des mots tendres qu'elle seule put entendre, avant de se décoller.
        Aohime serra le poing !



        La princesse se retourna, remontée. Elle cogna son poing dans sa paume et de dos à sa soeur, sur son départ, elle cria pour elle-même.