Une ambiance nouvelle. Les mots prononcés par la rousse avaient tendu d’atmosphère. Bien sûr, Ike n’était pas étranger à ce changement de ton de la part de la Coordinatrice de l’ANBU, mais cette dernière semblait avoir enterrée toute forme de sympathie en prononçant, entre ses dents, sa phrase d’introduction à un dialogue oppressant et dirigiste. Froide, distante et moins empathique à la situation -complexe- de Ike, elle semblait vouloir néanmoins conserver ce masque de gentillesse et de bonté qu’elle avait porté dès les premières secondes de leur rencontre. La
Dame de Fer n’avait pas usurper son pseudonyme.
Curieuse et avide d’information, elle semblait ne pas comprendre les raisons qui poussait Ike à ne pas dévoiler certaines informations. Classifié par les Kage, certaines informations ne devaient pas être rendu public et l’ancien ninja de Konoha ne connaissait rien des capacités de lecture de l’Uzumaki, ni de son niveau dans la hiérarchie du Village. Si elle voulait avoir accès à ses informations, elle n’aurait qu’à trouver les informations seules.
« Les détails concernant l’incident avec Uzumaki Taram ont été classifié par le Kage de l’époque et n’ont, à ma connaissance, jamais été déclassifié. Je vous invite donc à lire le ou les rapports afin de tout savoir sur cet évènement. Cependant, je peux vous livrer une mise en contexte, vous expliquer les causes et les conséquences, sur moi, selon mon point de vue. Celui qui n’a jamais été écrit. Mais je ne garantis pas que vous ne ressortiez de cet échange avec plus de réponses. »
« Vous n’y étiez pas. Vous n’étiez pas à ces côtés durant cette période.
Contrairement à ce que l’Histoire peut raconter, à ce que l’on enseigne aux jeunes aspirants ninja, Uzumaki Gekido n’a pas agi par haine mais par volonté d’unité. Il voulait unir ce village, fédérer ce village derrière une cause. Lui. Mais le prix à payer était trop grand. Lorsque j’eus enfin compris que cette unité ne se ferait qu’au le prix du sang, j’en avais à mon tour sur les mains. »
« Ainsi...un chikara de ...de...plus... Tu pou-pourras dire au ...kage de ma part! » Les derniers mots de Takeo résonnèrent en Ike comme un glas froid et douloureux. Une nouvelle fois la vision de cette homme, allongé sur le sol dur, humide et sale de la prison s’imposait, s’imprimait dans ses pensées. Il revoyait la lame improvisée, le tâche écarte s’éteindre de seconde en seconde. Il revoyait ses mains couvertes du sang de celui dont le nom avait été Takeo. Sans les ordres de Gekido, Takeo ne serait certainement pas mort. Et, Takeo vivant, Ike aurait encore eu ses deux mains et, entre elle, sa vie de ninja de Konoha. Malheureusement, ce n’était pas le cas. Takeo était mort, l’une de ses mains manquait à l’appel et sa vie de ninja était terminée.
Une larme coulait le long de la joue de Ike alors qu’il regardait fixement la rousse. Ce n’était à cause de cette vie de ninja qui lui avait été dérobé ou à cause de la vie prise qu’il pleurait, cela il l’avait déjà fait durant de longs moments. Ce n’était pas non plus la fatigue de ses nuits passées à ne dormir que quelques heures, à peine, qui le rendait autant à fleur de peau, mais c’était cet endroit qui, pour lui, étaient chargé de mauvais souvenirs et le transformait en un être écorché à vif. Plus il restait prisonnier de cet endroit et plus les mauvais souvenir ressurgissait, plus précis. Plus fort. Revenant toujours plus puissamment. C’était être comme prisonnier de sa propre tête. Comme prisonnier d’une illusion -d’un
GenJutsu- qui n’avait jamais pu se terminer. Plus longtemps il se trouvait enfermé là, plus l’ouragan dans sa tête prenait de l’ampleur. Et pour le moment, Ike se trouvait dans l’œil de l’ouragan.
Mais celui-ci ne durerait pas éternellement.
« Avec Kitto Shinji, nous avons décidé de trahir notre Kage parce qu’il avait l’intention de trahir ce village.. Nous avons lancé l’alerte et, de cette alerte, est né la désertion des deux amants. Shinji a pris la lumière pour que je puisse rester dans l’ombre. Mais, malheureusement, j’étais beaucoup trop affecté pour rester à ses côtés, même dans l’ombre. Et, surtout, j’étais beaucoup trop diminué pour être utile à mon ami, à mon frère d’arme. »
Ike désigna du menton la poche dans laquelle se trouvait actuellement son moignon. Puis, il reprit :
« J’ai alors reçu l’autorisation de cesser toute activité ninja afin de partir du village. A cette époque, les personnes connaissant mon visage étaient peu nombreuses, et les personnes capables de me traquer l’étaient tout autant. Et je suis parti me reconstruire. Ailleurs.
Lorsque je suis revenu au village, le Kage actuel -Uzumaki Kimino- m’a réintégré au sein de Konoha, mais comme civil travaillant au Temple. Je n’avais plus l’étoffe d’être le ninja bondissant que j’étais autrefois mais nous savions tout deux que, là-bas, mon expérience serait appréciée. »
« J’ai donc commencé à travailler là-bas. N’ayant aucune crainte envers les défunts, je fus très rapidement affecté à la préparation des corps ainsi qu’à leur mise en terre. J’assure également une protection -éventuelle- durant la procession. »
Cette dernière tâche était là l’héritage de son passé ninja.
« Lorsque j’ai appris que Uzumaki Kazami était de retour à Konoha, je me suis rendu à la prison afin de lui dire ce que j’avais sur le cœur. Il était important pour moi, pour ma reconstruction, que je la vois. Cette femme -mais surtout son homme- m’avait tout pris. Ce n’est pas seulement ma main dont il m’avait privé, mais c’était également de ma vie de ninja. Mon ancienne vie. Je n’ai jamais été doué pour le Ninjutsu. Je contrôle mon chakra aussi bien qu’un aspirant ninja, seul ma particularité m’a valu d’être intégré au corps ninja. Et, après l’incident, même lui n’était plus suffisant. »
Ike marqua une pause. Il hésitait à parler de cet incident. Il ne voulait pas qu’en parlant de nouveau de cette nuit-là, il ne reproduise ce qu’il avait fait. Il ne voulait pas non plus -encore- avoir à penser à Takeo, à ces derniers moments de vie. A sa dernière phrase.
« Je peux comprendre de mon comportement ne vous sied guère et qu’il vous parait étrange, voir anormal, de tout risquer pour simplement s’exprimer auprès d’une personne, mais j’en avais besoin. J’avais besoin de cela me sentir mieux et pouvoir ainsi lui pardonner son inaction envers moi. Sa trahison envers le Village. Le pardon et l’acceptation me permettront d’avancer. »
Acceptation et Pardon. « Il n’est pas de mon devoir de juger ceux qui ont succombé à leur Ténèbres. Je ne peux jeter la pierre à ceux qui ont péché ayant moi-même succombé à cette même tentation, à cette même facilité. Porter la Haine dans son cœur rapproche plus de la noircesseur que de l’élévation. C’est pour cela que j’ai pardonné à Kazami. Et c’est mon rôle de tenter de la ramener vers la lumière. Et, même si parfois mon ressentiment à son égard peut obscurcir mon jugement, je ne dois pas céder à cet appel des Ténèbres et je me dois d’apaiser mon cœur. »
Ike avait pu, grâce à cette pensée, se présenter face à Kazami sans avoir de pensée noir, obscure et sanglante. Il n’y avait que sa propre rédemption qui comptait mais elle passait également par celle des autres, Kazami et Gekido en tête. L’ensemble du village avait besoin de renouer avec la Flamme, il en était convaincu. Après tout ce village était gangréné par des Agents de la Destruction et encore meurtri par des conflits internes, malgré les différentes restructurations et réformes.