La jeune femme s'approchait donc de cet homme. Allait-il fuir ? Allait-il la chasser ? Ces deux options étaient les options les plus probables, les plus sensées selon elle. Et pourtant... Il n'en était rien. L'homme accepta de l'inviter... ? La Minashigo l'observait d'un air douteux et sceptique. Etait-ce un piège ? Elle devrait peut-être partir en courant, et ne pas faire demi-tour, mais à cette seule pensée, son ventre grognait. Elle avait faim, n'ayant rien mangé depuis presque deux jours. Et elle avait froid. Bien qu'elle aimerait, elle ne parvenait pas à se laisser mourir, tout simplement... C'était bien trop difficile.
Doucement, et sur ses gardes, elle s'approchait davantage. Néanmoins, en sentant la chaleur des flammes, son entrain se multiplia, et s'approchait plus rapidement, s'installant dans son campement.
La jeune femme ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Elle n'était plus habitué aux contacts envers les humains, elle qui avait vécu seule si longtemps. Et pourtant, cet homme ne semblait pas être effrayé par elle. Il pouvait voir ses cornes, et a pu apercevoir sa queue, ainsi que maintenant ses griffes acérées maintenant qu'elle se réchauffait les mains devant le feu de camp. Lorsqu'il lui proposa un morceau de viande, elle le regardait dans les yeux avec une rare lueur.
La viande dans les mains, à portée de bouche, elle semblait hésiter. Devait-elle le manger ? Ne faisait-il pas ça seulement par pitié ? Par peur de représailles ?
« Vous... êtes sur ? Ce n'est pas simple de se nourrir, par ici... Alors, je... »
La jeune Aïko fit une pause, se reprenant dans son bégayement.
« Les hommes de grande bonté se font rares... »
Elle était hésitante, et l'écoutait ensuite. Il se présentait sous le nom de Makuo, et il lui demandait ce qu'elle faisait ici. Il était vrai que ce n'est pas tous les jours que l'on croisait quelqu'un dans ces contrées enneigées, surtout par les temps qui courent.
« Je... m'appelle Aïko. Et je suis ici, parce que... »
Elle hésitait un instant avant de continuer sa réponse. La Minashigo le regarda, puis observait les alentours pour voir si quelqu'un d'autre était dans les parages, et les espionnait. Suite à quoi, elle leva la capuche, dévoilant son visage au complet. Makuo pouvait observer un peu mieux les écailles sur son visage, et bien mieux les cornes qu'elle avait. Cela n'avait rien d'un artifice vestimentaire, les cornes lui sortaient réellement du crâne.
« Les humains me fuient, et me rejettent, car je suis un monstre. Alors je me suis exilée, là où personne ne vit. »
En disant cela, elle observait cet homme aux cheveux roux.
« Enfin, presque... Mais j'ai de plus en plus de mal à vivre dans ces conditions... alors j'essaye d'échapper à ces terres, avant que le froid ne gagne en intensité. »
Une question lui brûlait les lèvres. Elle était encore jeune à cette époque, ces crises étaient moins fréquentes, mais elle avait toujours le physique d'un monstre. Ou plutôt, d'une humaine aux traits monstrueux.
« Je... Enfin, vous... Vous n'avez pas peur de... moi ? Du monstre que je suis... ? Si jamais je vous fais peur, dites-le moi, et je m'en irais... je ne tiens pas à vous importuner... »
Bien qu'il n'avait pas l'air d'être effrayé, au contraire même, elle préférait s'assurer qu'il ne cherchait pas juste à le cacher, par peur de réaction de sa part.