Ma colère redescendait presque aussi vite qu'elle était venue. Bien que cet immonde prisonnier avait souillé mes affaires, me plongeant dans une rage folle de quelques secondes, le rire sadique et vicieux du Gaikotsu m'avait fait redescendre d'un cran. Comme je l'imaginais, il était un véritable adepte et fervent admirateur des interrogatoires musclés. Nul doute là-dessus, en vue de son attitude et de son regard de tueur lorsqu'il s'approchait du - bientôt - condamné, la torture, c'était son hobby. Un eisenin, en voilà une capacité intéressante pour un prédateur voulant faire vivre les pires maux à sa proie. Aujourd'hui, Konton était un super prédateur, et l'homme à la trogne horrible était à sa merci.
Deux scalpels firent leur entrée en scène, dans les mains de mon homologue du jour. Sans plus tergiverser et sans le moindre scrupule, les deux outils médicaux, transformés ici en arme, venaient se planter dans les deux cuisses du pauvre homme. Pas d'effusion de sang, juste des cris et une douleur immense. Visiblement, il connaissait bien le corps humain, il n'avait pas menti sur sa spécialisation, les artères ayant été évitées avec une grande précision.
Un léger bâillement me gagna. Non ses méthodes ne me choquaient pas, dans mon clan, j'avais vu des choses bien pires encore. Et puis de toute façon, la condition de l'enchaîné m'importait peu, pourvu qu'il réponde à nos questions sans perdre de temps. Je n'étais pas forcément pour la torture gratuite, mais là, ce n'était pas le cas, il était un criminel, nous étions les shinobis et nous exigions des réponses. S'il ne voulait pas les donner, que grand bien lui fasse, mon camarade Kirijin se chargerais de le faire parler, pour son plus grand plaisir. Après quelques échanges entre Konton et le misérable, non-fructueux à en croire les insultes proliférant dans la pièce, l'eisenin posa son sac au sol y sortant deux câbles. À en croire ses paroles, il allait passer à une manière un peu plus efficace et brutal. Un de mes sourcils s'arqua, c'était bien la première fois que j'allais voir cette méthode en action. Chez les Kaguya, il y a avait peu de place à une quelconque technologie, les interrogatoires suivait toujours le même refrain : des os brisés, des articulations en miettes, des coupures profondes sur l'ensemble du corps. Les câbles, instruments de torture et autre joyeuseté n'était pas vraiment la spécialité de mon clan, bien trop brut.
« Intéressant, c'est la première fois que je vois cette méthode. Il n'y a pas à dire, tu as l'air de t'y connaître Konton ahahah »
Une phrase pour mon camarde du jour, suivi d'un petit rire moqueur quant au sadisme non-dissimulé de ce dernier. Il se tournait ensuite vers moi, visiblement, il avait besoin de mes "talents" ou plutôt de mes connaissances. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'il aurait pu terminer cet interrogatoire tout seul, mais visiblement, il voulait m'inclure dans leur joyeuse discussion. Ma main droite passa derrière ma tête, me grattant l'arrière du cou durant cette courte période de réflexion, puis mon regard se posa sur le glaire encore frais tâchant mon haori.
Une phrase simple toujours lancée sur ce ton nonchalant et un peu distant. Ma dextre s'approcha du haut de mon habit, dénudant mon épaule afin de pouvoir y retirer facilement un os de taille assez moyenne, non-tranchant. Une plaie s'ouvrait ainsi au-dessus de ma clavicule, laissant l'os en sortir avant de se refermer presque instantanément. Cet os n'était pas là pour trancher ou pour découper, mais bel et bien pour frapper et briser, c'était d'ailleurs la demande du Gaikotsu à mes côtés.
« Écarte-toi un peu, je ne voudrais pas louper mon coup. »
M'approchant légèrement du misérable, ce dernier criait encore de nombreuses injures dans tous les sens, tantôt pour ma mère, tantôt pour celle de Konton, bientôt tout notre arbre généalogique allait y passer.
« Oh ferme-la un peu, tu manques de classe. »
Un ton bien plus strict et sec qu'à l'accoutumer. Sans lui laisser le temps d'accéder ma requête, ma batte d'os vint abattre son courroux sur ses côtes, endroit idéal pour une souffrance extrême sans entraver ses mouvements. Puis un deuxième coup parti directement de mon épaule, d'un geste habile et précis, cette fois c'était son humérus gauche qui allait se briser sur le coup. Konton ne m'en voudrait pas de lui briser la mobilité d'un bras, je lui laissais volontiers le deuxième. Je passais ma batte sous le menton de notre ami, lui relevant la tête, le forçant à me regarder droit dans les yeux.
« Tu veux toujours pas nous balancer le nom de tes complices? Tu sais qu'on peut continuer encore longtemps. »
Un simple grognement en guise de réponse. Bien, ce n'était plus de mon ressort désormais, j'avais fait ma part. Je me retournais alors, plaçant ma batte d'os sur mon épaule dénudée, je passais à côté de Konton, afin de me replacer dans un coin de cette cellule humide.
« Bon et bien, c'est encore à ton tour. »