C'était... Intriguant. Cette sensation de chaleur humaine, d'entraide et de compassion. Cela faisait des lustres que je ne l'avais pas ressenti, moi qui étais relégué au simple rang de déchet de la société. Prisonnier de guerre, voilà sûrement la pire situation possible pour notre monde de shinobi. Personne ne voulait, en aucun cas, se retrouver dans ce genre de situation, car l'on savait ce qu'il advenait de l'ennemi d'un village caché. Pourtant, je ne pouvais que m'estimer heureux de ne pas m'être fait couper la tête sur-le-champs, au lieu de ça, ma punition était plus longue, plus douloureuse, là pour me briser physiquement avant de me briser psychologiquement. Une torture sur le long terme. Pas trop de coups, pas vraiment de menace, juste un abandon total, éveillant les sens les plus primaires au point que certain ne se relevait vraiment jamais de la folie dans laquelle nous plongeait cette condition.
Sa main venait essuyer la légère larme qu'elle avait réussi à percevoir, perlant sur ma joue jusqu'à être chassé par la douceur de son doigt. Jamais je n'aurais pensé me retrouver dans cette condition si misérable face à quiconque, encore moins face à une femme. Quel échec. Une partie de moi acceptait mal cette situation, tandis qu'une autre, bien plus terre-à-terre, se rendait compte de la chance que j'avais d'avoir rencontré cette personne aujourd'hui.
Une phrase légèrement étouffée entre deux cuillerées du plat qui m'était destiné. Sûrement pas un repas de luxe ou les soupes que j'avais l'habitude de déguster lorsque j'étais encore libre, mais sûrement le repas le plus délicieux de ma vie. Il me rappelait à quel point la liberté avait bon goût et à quel point la compassion d'un être humain pouvait rendre nos jours meilleurs. J'avalais sans poser de question, sans réfléchir, mon estomac agissait clairement à ma place, profitant également de la moindre goutte d'eau qui parvenait à ma bouche, il était hors de question d'en laisser échapper, ne serait-ce, qu'une seule.
« La liberté... Cela fait bien longtemps que j'ai fait une croix dessus. Heureusement, la présence de personne comme vous me réconforte dans l'idée de continuer à me battre, à survivre. »
Mes yeux se plongeaient dans les siens, je voulais capter son regard, le regard de celle qui venait de rendre ma journée meilleure, qui venait de me redonner espoir en ces temps troubles et difficile. Un léger sourire amical prenait naissance au coin de ma bouche.
« J'aimerais connaître votre prénom, si ce n'est pas trop demander. »
Un garde s'énerva alors, sans douter agacer qu'une kumojine échange des banalités et un peu d'attention avec le sauvage de Kaguya. Le regard de ce garde ne trompait pas, il ne me considérait pas comme un homme, il n'avait sans doute jamais considéré un membre de mon clan comme tel. Il me regardait comme un monstre, comme une bête immonde qu'on devait enfermer pour empêcher de nuire au reste de la population. Il grognait, comme si les mots de la jeune femme ne pouvait être adresser à un vulgaire animal enchaîné comme moi. Quelle déception de voir un homme juger un autre sans connaître son histoire, son passé, ses qualités et ses faiblesses.
La voix de la jeune femme venait de baisser d'un ton, consciente que le garde écoutait ses moindres paroles, elle semblait vouloir faire encore plus pour moi. Devenir gladiateur, voilà ce qu'elle me proposait pour améliorer ma condition ici. Devenir une véritable bête de foire pour les hommes et femmes venant assister aux combats. De véritables jouets, des pantins qui s'entretuent, non pas pour leur liberté, mais pour le simple divertissement d'une foule en délire. J'étais tombé bien bas, c'était la réflexion que je me faisais, car ma condition actuelle m'empêchait de refuser une telle offre. Il était impossible pour moi de ne pas succomber à ces paroles "un peu plus de confort dans ses geôles". En temps normal, j'aurais balayé l'idée de me représenter comme un animal en cage qui livre bataille face à d'autre personne dans le même état que moi. Pourtant, aujourd'hui, mon esprit avait changé quelque peu.
« Et bien, je vais devoir rencontrer un de ses Hattori, je crois. Gladiateur, en voilà un métier inattendu ahaha »
Je laissais échapper un léger rire, me rendant compte encore une fois de la situation actuelle et dans quel abîme j'étais tombé.
« Je vous remercie encore une fois, du fond du cœur. Et ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas la honte de votre clan, au contraire, vous êtes leur espoir. »
Une phrase chuchotée, accompagnée d'un léger clin d’œil.