Sans vraiment s'être concerté pour ça auparavant, nous venions de tous les deux donner nos domaines de prédilection, une bonne chose lorsqu'on s'apprête à combattre. J'étais donc l’élément guerrier du duo, d'où mon rôle d'appât aujourd'hui, j'étais celui sur lequel on comptait pour mettre à mal le groupe de brigand. De plus, je pouvais clairement y aller sans risque d'être gravement blessé, mon acolyte Gaikotsu se narguant d'être un eisenin de grande qualité, je pourrais compter sur lui si jamais je prenais quelques coups, une très bonne chose pour moi, je pourrais m'en donner à cœur joie. La répartition de nos tâches était donc la bonne, Konton étant honnête quant à ses capacités martiales et de ninjutsu. Il était bon de connaître les faiblesses de ses alliés pour éviter de se retrouver dans une situation délicate.
« Pour ma part, j'aurais énormément de mal face à un adversaire longue distance qui arrive à me maintenir loin de lui. »
Il fallait également que je donne mes faiblesses à mon allié, de plus, de par sa position camouflée, il pourrait prévenir des attaques longues distances si nous avions à faire à quelques adeptes du ninjutsu ou d'arme de jet. Comme espérer, le Gaikotsu accepta mon plan, commençant déjà son périple vers la cabane dont il m'avait parlé auparavant.
De longues minutes s'étaient écoulées sans que rien ne se passe de véritablement intriguant ou qui pourrais nous mener sur la piste des bandits que l'on recherchais. Je déambulais çà et là sur la route, sifflotant au gré du vent et me perdant quelque peu dans mes pensées. J'espérais vivement que les malfrats viennent me chercher, m'évitant de perdre encore plus de temps à ne rien faire.
« Je peux vous aider jeune homme? Vous êtes perdu? »
Une voix rauque vint me sortir de ma torpeur. Ma tête se tournait lentement en direction de celui qui venait de m'interpeller. Aux premiers abords, un simple marchant, accompagné d'un autre homme du même acabit, qui marchait devant une énorme caravane tiré par un âne. Ils étaient habillés d'une longue tunique, cachant leurs corps et ne me permettant que de voir leurs deux visages à découvert.
« Oh vous tombez bien, je cherche mon chemin effectivement, je suis un peu nul en orientation, dommage pour un jeune homme de mon âge.. »
Un piètre jeu d'acteur, mais qui me permettait d'essayer de les emmener sur la piste, prêt à savoir s'ils étaient véritablement marchand ou s'il cachait leurs véritables attentions. Le deuxième homme se rapprocha quelque peu de moi, bientôt nous nous faisions face.
« Dis-moi jeune homme, quel âge as-tu? »
Son regard inquisiteur m'épiait de haut en bas, une drôle d'allure et de méthode pour un simple marchand.
« J'ai 16 ans monsieur.. »
Un léger sourire apparut sur son visage et sur celui de son compère. Les doutes s'affinaient petit à petit, il semblait que ceux que nous recherchions vinssent de venir directement à nous, comme souhaité. Je restais cependant aux aguets, peut-être étaient-ils juste des marchands aux envies et goûts particuliers.
« Et bien, tu es un peu jeune.... Mais ça fera l'affaire. »
Un sourire carnassier apparu sur le visage du marchand avant que d'un coup vif, son poing vint s'abattre dans mon estomac. Un coup rude et lourd, qui me fit cracher un glaire sur le sol. Les deux hommes se mirent à rire, me pensant faible et à leur merci à cause de ce simple coup.
« Les gars, on a trouvé un nouveau cobaye. »
De nombreux rires se mirent à exploser de la caravane, avant que celle-ci ne s'ouvre intégralement, laissant s'échapper une dizaine d'hommes armés jusqu'aux dents. Visiblement, le petit groupe avait mis au point une méthode plutôt maline pour arriver à leur fin, bien qu'ils restaient quelque peu naïf de croire qu'un simple coup me mettrais au sol. Je me relevais lentement, sourire aux lèvres. Leurs visages se fermèrent, leurs sourires ayant été remplacés par un regard intrigué.
« Je dois dire que je ne pensais pas que vous tomberiez dans le panneau. »
En un court instant, deux os vinrent transpercer mes paumes, avant que les plaies occasionnées ne se referment aussitôt. D'un bond agile dans le dos du faux-marchand, le plus près de moi, je venais planter l'une de mes deux armes directement entre ses côtes, essayant au mieux de ne pas toucher d'organes vitaux, il nous en fallait un vivant pour répondre à nos questions et retrouver les otages, morts ou vifs. Un large sourire apparaissait sur mon visage alors que je regardais droit dans les yeux le groupe d'homme face à moi, sans contempler l'homme se vider de son sang à mes côtés dans un lourd râle d'agonie. Les choses sérieuses allaient commencer.