Était-ce la nuit? Ou étions-nous en pleine journée? Mon regard se tournait vers le plafond humide de ma cellule, le temps paraissait n'être qu'une ancienne légende, comme si depuis tout ce temps, je tournais en boucle dans la seule et même journée. Entre deux pensées et remise en question de ma misérable condition, quelques spasmes de douleur me stoppais dans mes réflexions. Les blessures étaient encore présentes, notamment au niveau de mon torse où les brûlures avaient dû mal à disparaître. Dans des conditions normales, j'aurais mis seulement une journée à me remettre de mon combat et des nombreux que j'avais reçu. Mais ici, aucun médecin, aucune once de peine pour les prisonniers dans mon genre. On m'avait simplement déplacé dans l'aile des gladiateurs, sans pour autant prêter attention à mon corps meurtri. On m'avait traîné jusqu'ici avant de me balancer au fond de ce cachot, un peu moins humide et un peu moins sale certes, mais toujours à la limite de l'humanité. Je restais, à la vision des gardes, un animal en cage.
Seule petite lueur d'espoir et petite avancée de ma condition, je n'étais plus enchaîné au plafond par d'énormes chaînes, juste mes pieds étaient liés l'un à l'autre pour éviter que je puisse m'enfuir. De toute façon, qui serait assez fou pour tenter l'impossible avec un corps meurtri, affamé et assoiffé. Les conditions des détenus ici étaient particulières, si certains pouvaient "presque" circuler librement, d'autres, comme moi, devait rester terrer dans leur cellule, ou une peine radicale leur serait infligé.
Je ressentais comme une légère vague de mouvement non loin de ma cellule, où certaines personnes semblaient discuter ensemble de manière assez vive. J'avais pour l'habitude de ne pas prêter attention aux différents entre les prisonniers et les gardes, mais là, les deux voix venaient de l'extérieur des cellules. Je restais pourtant allonger là, sur un fin bout de tissu qui m'empêchait seulement de dormir à même le sol, quoi qu'il n'y avait pas grande différence. Une petite voix, quelque peu familière semblait s'adresser directement à moi. Je me redressais lentement, le corps encore meurtri et blessé.
Un petit moment de silence s'installa, quel fut ma surprise de voir la sulfureuse diva s'adresser directement à moi depuis l'extérieur de ma cellule. Nul doute que les gladiateurs de renom avaient certains passe-droits dans ces geôles. Cela faisait depuis notre combat que je ne l'avais pas revu, ni même entendu parler d'elle. Beaucoup de questions se posait alors dans mon esprit, mais une seule retenait mon attention...
« Tiens, ravi de vous revoir, vous me voulez un truc en particulier? »
Toujours ce ton calme et nonchalant, qui, malgré les coups durs et les conditions misérables, ne m'avait jamais quitté. Que pouvait-elle bien me vouloir? Tel était la question. Mon regard restait posé sur elle, tandis que mon corps s'asseyait sur le sol, les bras posés sur mes deux genoux.