Des anges de la Mort. C’était probablement comme ça que le monde devait vous percevoir. Que ces hommes devaient vous voir. Masqué, sans visage, sans identité palpable, vous veniez quémander quelque chose de précieux : leur vie. Pourtant, tout ceci n’était pas votre but premier. Vous n’agissiez pas par vengeance, vous n’agissiez pas par avidité, mais par nécessité. Il vous faillait ce registre, il te fallait ce registre ! C’était bien au-delà des considérations matérielles ou émotionnelles… C’était une question de vie ou de mort.
Car tu étais tel un somnambule en équilibre sur un fil tendu. Chaque pas te menait irrémédiablement vers ta propre fin. Chaque dépense de chakra approchait l’heure de sonner le glas final. Tu avais toute cette puissance, et pourtant, l’utiliser était synonyme de t’éteindre. Alors tu marchais, en équilibre, entre la vie et la mort. Dans cet interstice palpable par ceux qui la côtoyait chaque jour. Ceux qui voyaient la mort dans leur quotidien, et qui, par effet ricochet, chérissait la vie.
Après l’assaut sanglant de Kitaï, tu avais fait irruption dans la pièce, coupant toute possibilité de retraite. Derrière ton masque de corbeau, tu fixais froidement les responsables.
« Rendez-vous. Toute résistance est inutile. La mort vient quémander son dû, Asao Seikijurô. »
Tu pointas du doigt le propriétaire des lieux. L’atmosphère devint plus sombre, une brume blanchâtre commença à envahir la pièce, au rythme de tes pas. Tu avançais d’un pas lent, faisant claquer le son de tes talons sur le sol. Puis, tu tendis la main, et de la brume, tu en sortis une grande faux.
« Un Homme au nom de Gaikotsu Masaru a brisé le voile séparant la vie de la mort. J’ignore comment il fait, mais il se cache de moi, le Shinigami. »
Tu fixas le cadavre au sol, proche de ton ami. D’un mouvement sec, tu tranchas l’homme avec ta faux, lui arrachant une sorte de voile spectrale. Tu ouvris ensuite ta cape, laissant le voile rejoindre une lanterne en contenant une multitude d’autre.
« Je viens prendre sa vie. Et tu es sur ma route, comme cet homme l’étais avant toi. »
« A-ttendez ! Attendez ! Pitié ! »
« Crois-tu que la mort connaît la pitié, Asao Seikijurô ? Crois-tu que j’ai eu pitié de cet homme en envoyant mon limier des enfers mettre fin à son existence mortelle ?! »
« Je… Je sais où vous pouvez le trouver !!! »
Tu fis un pas en avant, la brume se faisait de plus en plus oppressante.
« Tu devrais me dire où il se trouve, au lieu de perdre ton temps à me quémander pitié. »
L’Homme fouilla alors son bureau à toute vitesse, récupérant un parchemin, qu’il jeta avec angoisse sur la table. Une carte, avec une localisation précise. Des indications pour rejoindre un point de rendez-vous, afin de déposer du matériel de pointe. Parfait. Tu avais ce que tu voulais. Tu t’approchas ensuite de lui, l’acculant contre le mur.
« Occupe-toi de l’autre. »
Tu posas alors ta main sur le crâne de cet Asao. La brume créa des chaînes qui paralysa le contrebandier.
« Ton âme est corrompue. Je le sens. Tu es un être ignoble… Tu as tué, et trompé pour arriver jusqu’ici… »
Tu approchas ton bec de son visage. Tu le fixais derrière tes verres rouges, ton regard vermeil sur lui.
« Tu ne mérites aucune pitié. »
Et de ta main, tu plantas une aiguille dans son crâne, en passant par son oreille. Un craquement immonde se fit entendre, avant que tu ne récupère ton aiguille, et qu’il ne s’écrase sur le sol. Tu te tournas vers Kitai.
« Je vais camoufler nos traces. Surveille l’entrée. »
Tu récupéras alors le parchemin, et en pris un vierge afin de créer un faux, sans les informations sur Masaru. Tu simulas une traîtrise avec les cadavres, cicatrisant les blessures, changeant de place les cadavres, plaçant le sang là où il fallait. Ainsi, l’histoire qui serait retenue par le médecin légiste allait être celui d’un simple règlement de compte en interne. Une fois la mascarade accomplis, tu fis signe à Kitaï.
Il était temps de quitter la ville, et de rejoindre les Marécages.