Sitôt revenu, une nouvelle convocation pour une mission d'expédition en dehors du village était parvenue au foyer du Kitto. Était-ce là une manipulation habile afin d'empêcher le Junin d'en apprendre davantage sur la localisation de Kazami ? Quoi qu'il en soit, la prisonnière était à sa place. Le seul intérêt pour Seijuro était d'apprendre si un jugement serait rendu, et si celui-ci serait prononcé par des personnes habilités à ce genre de décision, et que ça ne soit en aucun cas, uniquement de la voie du Hokage Uzumaki, ou bien même encore du désormais Uzumadono. La sphère active des Kitto semblait s'être de nouveau affaiblie depuis l'absence du Junin, que faisait désormais Shinji ? Et que devenait Keisan ? Les propos d'une ancienne époque laissaient à présager un présent bien différent de celui que Seijuro ne pouvait que constater. De nouveau, le monopole du pouvoir était attribué au clan Uzumaki, salvateur d'un orgueil démoniaque, et une nouvelle partie du village Chikara semblait fleurir. Les Kirishitan semblaient détenir, au même titre que les Kitto, une place tierce dans l'organisation politique. Comment le Hokage Kitto avait-il pu ainsi laisser dériver sa politique de justice, à la suite des fameux événements d'il y a trois ans ? Qu'étaient devenues les sections spécialisées du village ? Assurément, la section Ruto n'était plus. Alors pourquoi, et comment, les shinobis les plus proches des plus profonds traîtres du village s'affichaient-ils en pièces organiques et fondamentales du village ?
Uzumaki Shimazu... D'aussi loin qu'il pouvait s'en souvenir, Seijuro ne se savait pas en terme très cordial avec le Uzumadono. Chacun de leurs échanges du passé avaient été initiés en présence de la désormais traîtresse, pour laquelle Shimazu avait toujours sciemment pris parti. Les liens de fraternités ne pouvaient être détournés, et c’était une notion que le shinobi Kitto comprenait parfaitement. Pour autant, il n’estimait pas le Uzumaki comme pleinement digne de confiance, tant il doutait de son impartialité. Mais le temps avait été acteur de lui-même, et les deux hommes n’étaient plus ceux que le passé s’était amusé à confronter. Qu'étaient-ils devenus depuis ? Le Junin le savait néanmoins intelligent, et plus modéré que ses confères claniques. Pour autant, quelle était la réelle raison qui avait motivé la candidature de Seijuro pour cette mission ? Revenu de si peu, d'une longue excursion, sa vision s'était approfondie et complexifiée par la même occasion. Désormais, il ne s'agissait plus simplement d'essayer de voir en noir, en blanc ou en une tierce couleur, mais il s'agissait de voir avec un regard fiable, acceptant également l'inacceptable. Il n’y avait aucun doute possible, bien au-delà de la nécessité de shinobis talentueux et aguerris, la présence d’un Kitto au sein d’une mission qui semblait être commanditée était parlante. Alors, fallait-il réellement que le Junin accepte cet ordre de mission ?
Les distances qu’il avait prises, avec ce village qu’il avait tant aimé par le passé, commençaient déjà à s’exprimer. La nature même de son sentiment d’attache avait été enlisée peu avant son départ… D’un village en proie à l’anarchie, le recrutement d’un nouveau clan, alors que les deux principaux s’étaient entre-déchirés… Puis, la faiblesse de l’homme constatée, en la plus haute instance du village… Une main encore bien trop immature, et manquant cruellement de poigne… Pour en arriver à ce résultat. Le sabreur hésita à refuser, pendant un moment. C’était à la suite d’une discussion avec son nouveau voisin, un Kirishitan qu’il avait décidé de finalement l’accepter. En effet, qui de mieux placer que le Uzumadono, pour apporter son lot de réponse à l’homme qui finalement n’avait pour certitude, qu’une multitude de questions ? Il n’avait pas même eu une convocation par l’un des Hokage, quid de l’ampleur des recherches et découvertes du Kitto ? Pas même un seul mot de la part de ses anciens camarades. C’était ainsi désormais, un sentiment tumultueux de désolidification, d’un lien pourtant promis. Aux émotions profondes du Junin, il ne se sentit pas considéré comme un homme du village, mais plutôt comme une pièce armée, un fameux effectif de plus. Alors, de dangereux événements restaient envisageables. Quel devenir au sein d’un village qui agit ainsi ? Quelle place pour celui que l’on ne considère qu’insuffisamment ? JIrou regardait-il ce monde qui semblait s’effriter progressivement, annonçant le requiem de son effondrement ? Que pourrait-il penser de cette situation, lui, qui avait été au plus profond de son âme, un konohajin ?
Sur l’ordre de mission, il était mentionné qu’il s’agissait d’une mission de rang A, et qu’une nouvelle équipe serait composée comme suivante : Shimazu, Seijuro, ainsi que deux genins du village respectivement du clan Uzumaki, et du clan Chikara, dont chacun des deux noms n’était qu’inconnu pour le Kitto. Des genins pour une mission de rang A… C’était pour le moins surprenant…
Au jour du rendez-vous, Shimazu et deux enfants semblaient attendre le dernier membre du nouveau quatuor. De brèves formalités de présentation furent échangées. Seijuro toisant du regard chacun des participants. Les deux genins semblaient se connaître, Shimazu étant le sensei de l’une des deux. La mission avait pour but, selon les termes employés par le Uzumadono de « stopper la progression de la pègre ». Ce n’était pas une mince affaire.
« Me voici : Kitto Seijuro, ex-membre de la section Ruto, et Junin du village. Cela faisait longtemps, Shimazu-san. »
Le ton employé n’était ni froid, ni chaleureux. Mais comme une mauvaise habitude, la nonchalance naturelle du Junin pouvait le présenter comme oppressant.