Mission : Escorte à Konoha

Une jambe à terre, deux ninjas se présentaient devant ma personne. Je n'ai pas vraiment cette manie à convoquer à outrage mes Shinobi, le prix en valant la chandelle, je préférais la prudence. Tout en débutant l'un de mes futurs nombreux allers-retours, je pris la parole en observant les deux ninjas de haut, debout sur une petite estrade :



Retour. J'observe Raiko. Le fils de Chihiro, le véritable serpent du village. Un Hattori dans le corps d'un Miwaku, bien plus dangereux qu'un autre, la nature lui offrant la possibilité d'apparence à outrance.



Aller. J'observe Misao. Cousine plus ou moins éloignée. Elle est la grande amie de Shizuka. Ma confiance est suffisamment grande pour la faire remplacer Gareki. Sa force ne m'importe peu, les adversaires seront bien trop nombreux. Elle n'est là que pour protéger les véritables acteurs sur la route.



Retour. Je garde droit devant moi. La calèche était sûrement prête. Le cas de Gareki m'inquiétait de plus en plus. J'allais devoir prendre exiger de Shizuka bien des sacrifices pour m'accompagner. Notre duo allait enfin rallumer cette flamme auparavant éteinte.



Aller. Je soupirais. Ce n'était pas dans mes habitudes de traficoter avec un clan ennemi. Saletés d'Uzumaki, ils possèdent un pouvoir bien trop intéressant pour être ignoré. Nos derniers représentants sont encore en capacité de se reproduire cependant, le savoir de la nouvelle génération doit être plus intéressant.



Je m'arrêtais au centre de l'estrade afin d'observer les deux Shinobi. Réussir n'est pas une possibilité.

Elle était particulièrement fébrile. C'était un moment qu'elle avait tant attendu. Se faire briefer ainsi par le Kage lui-même revenait directement à souligner l'importance de la mission qui leur était donnée. Elle s'était mise au garde à vous et s'occupait tant bien que mal les mains dans son dos avec un kunaï qu'elle faisait tourner délicatement sur lui-même tout en le faisant passer de droite à gauche. Son regard rivé sur un point fixe, derrière le chef du village, afin de ne pas montrer son impatience.

Chaque nom prononcé était mémorisé, chaque instruction mesurée et cataloguée selon leur degré de priorité. Elle n'était qu'une lame parmi tant d'autres chez les Hattori et seul son sang avait une valeur quelconque pour le moment. Elle voulait plus que cela, que Kumo tout entier lui fasse confiance, que l'on puisse s'appuyer sur son concours. Une entreprise impossible selon la culture qui était la leur, mais qui ne l'empêchait pas de tenter le coup.

Elle doit faire appelle à toute sa maîtrise pour ne pas sursauter lorsque Masashi prononce son nom. Si vite, tout juste après celui de Raiko dont le rôle est prépondérant. Respirer, se calmer. Elle acquiesça aux mots du Kage, dans un premier temps, afin qu'il puisse clore son briefing. Elle parlerait plus tard.

Lorsqu'il eut enfin terminé, elle s'exclama, peut être de manière trop enjouée :



Elle savait en faire un peu trop et en fut gênée intérieurement. Elle se frotta la tête en rougissant pour se retourner vers son binôme. Dans un premier temps, elle adressa un salut poli à Raiko tout en soufflant doucement :



Enfin, elle pensa à Okasan et Asae, ce dernier visage lui serait le plus familier, même si les circonstances de leur rencontre ne furent pas aussi chaleureuse qu'elle l'aurait souhaité. Elle était honorée de faire ce voyage avec les Dames de Miwaku. Les Konohajins devraient compter sur son concours s'ils souhaitaient les atteindre en quoique ce soit. Mais elle supposait aussi qu'ils n'auraient pas à en arriver là et que leur entreprise serait couronnée de succès, grâce à Okasan, pour la plus grande partie en tout cas. Elle était néanmoins enchantée d'être en la compagnie future d'Asae dont l'accueil l'autre jour, avait été merveilleux.

Elle offrit à son camarade un sourire franc et simple à la fois, se libérant ainsi de toute trace de la fébrilité qui l'avait prise à l'idée de participer à cette mission. Elle allait procéder avec mesure, calme et réflexion, et grâce à tout le monde, tout irait pour le mieux... N'est ce pas ?

        Raiko avait été convié par le très grand Hattori Masashi, l'homme le plus craint et le plus puissant du village. S'il avait attendu ce jour depuis longtemps, car pour un membre de son clan, les occasions étaient rares, il se surprit à admirer la splendeur de cet homme. Soudain, Raiko remarqua l'estrade et ne put s'empêcher de rire intérieurement. Même le plus grand devait monter sur ce genre d'artifice ? L'androgyne porta une manche à sa bouche pour masquer le sourire naissant.

        Les instructions étaient nombreuses mais simples. Une fois le discours du Raikage terminé, le bellâtre se pencha respectueusement, les mains le long du corps.



        D'un mouvement gracile, le Miwaku se retourna. Hattori Misao lui importait peu, aussi ne crut-il pas important de lui adresser ne serait-ce qu'une parole. Seul Masashi attirait toute son attention. C'était bien ainsi. Toutefois, la jeune femme pensait autrement et elle vint le féliciter. Raiko ne fit que soupirer.
        Il troqua en même temps son air plaisantin avec un regard aussi froid que la glace.



        L'androgyne se dirigea ensuite vers la sortie, la pochette sous le bras. Pouvait-il réellement faire confiance à cette jeune femme ? Dans tous les cas, il connaissait désormais son visage et son nom. Cela suffisait à Raiko.

La réponse vint après un temps, mais elle fut cinglante, laissant sans voix et désarmant un instant la jeune Hattori. Toute la paix qu'elle avait eu bien du mal à emmagasiner en se rassurant elle-même et en versant gratuitement sa confiance envers les siens venait de s'éparpiller aux quatre vents. Elle avait souhaité offrir sa chaleur et sa fierté de Kumojin, sachant dépendre de cet être pour le salut de sa mission. Ses convictions venaient de s'ébranler d'un coup d'un seul. Elle ne pouvait plus un instant imaginer que cet homme pusse être garant de leur sûreté en territoire ennemi, aussi diplomatique pourrait être leur objectif.

Elle ne quitta pas son dos du regard, ses yeux s'injectant progressivement d'un sang qui ne pouvait guère mentir. Un instinct profondément enfoui en elle s'éveillait délicatement d'un sommeil profond. Un Miwaku. Ce n'était qu'un Miwaku. Une saloperie d'esclave osant ainsi l'aviser comme si les rôles étaient changés, refusant une unicité qu'il ne méritait pas et qu'elle lui aurait pourtant offerte sans retenue. Sa main droite, jouant avec le kunaï, l'empoigna soudain fermement. Il osait lui tourner le dos. Ce sous-être osait penser un seul instant qu'il pouvait se permettre de la perdre de vu...

Puis elle revint à elle, hoquetant sous le choc de ce qu'elle venait de penser. Ouvrant la paume de sa main armée, révélant son arme à ses yeux horrifiés. C'était un Miwaku... Un allié... Froid... Mais un allié. Ils se battaient sous les mêmes couleurs, le même village, les mêmes desseins. Elle ferma les yeux, reconstruisant son fort intérieur, pas aussi ébranlé qu'elle ne l'aurait cru de prime abord, même si elle se retrouvait honteuse de ses pensés de l'instant d'avant. Elle ne pourrait être acceptée ainsi par tous, pas si tôt du moins. Elle souffla, évacuant dans son soupir le reste d'instinct qui avait surgi, laissant la place à ce qu'elle voulait être : juste elle-même.

Elle pivota sur ses pieds, sa faiblesse soudaine immédiatement envolée, pour sourire à son Kage et lui dire simplement :



Sur ce quoi elle le salua humblement et prit à son tour le dossier de l'état de mission et de le feuilleter comme si de rien n'avait été tout en marmonnant une chansonnette.

Mes yeux perçants semblaient transpercer la femme. Je venais de m'arrêter et je l'observais. Était-elle assez mature pour affronter tout ça ? Cette charge de travail n'était-elle pas trop grande ? Malgré tout, il me semblait qu'elle méritait bien plus sa place à Konoha qu'à Kiri. Pour ce second, j'allais devoir penser à une équipe plus prudente. Plus puissante.



Observant le sol, j'imaginais la mort proche de Oka-san. Cette mission était un bon moyen de tester la jeune Asae.



Le cas de Gareki ne devant pas être laissé de côté, le briefing se devait d'être court.