La transformation [1/4]

        La silhouette svelte de l'androgyne se distinguait à peine dans les ombres encore sombres de l'aurore qui pointait au travers des montagnes. Les portes du village si grandes et si majestueuses n'avaient jusqu'à ce jour jamais été empruntées par le bellâtre. Toutes ces années, soit vingt-sept, à admirer les montagnes d'au-delà des murs qu'en fermant les yeux et en admirant sommairement leurs hauts pics — pour celles qui étaient assez grandes. Mais voilà qu'en ce matin très tôt, la route sinueuse des régions de Kumo se dressait face au Miwaku et celui-ci put contempler toute la splendeur des chaines montagneuses. Soudain, ce sentiment de liberté le frappa comme un vent nouveau et l'androgyne ne put s'empêcher de réprimer un rire. Un rire qui monta doucement, alors qu'il semait peu à peu la distance entre lui et le village. Un rire qui lui fit du bien, qu'il retenait depuis si longtemps. Un rire franc qui lui étira les traits vilainement et lui fit mal au ventre.

        Sa mère lui avait confié ne rien connaître du monde des shinobis et Raiko ne pouvait en dire d'avantage. À Kumo, la classe guerrière semblait venir uniquement du clan Hattori, tandis que les Miwaku devaient se contenter d'un rôle de soutient. Était-ce réellement ce que souhaitait Raiko, pour lui comme pour son clan ? Car oui, il aurait désormais plus de poids dans la balance de son clan, maintenant que sa mère avait annoncé qu'elle les quitterait. La prochaine Okasan serait donc la jeune et craintive Asae-chan, et de ce qu'il avait put apprendre sur elle, cette enfant était encore loin de pouvoir remplir son rôle. Mais le bellâtre pouvait-il s'en réjouir pour autant ?
        Ce voyage servirait à Raiko autant qu'à Asae... Et la petite étant la seule à ne pas savoir que le Miwaku était de la partie, Raiko pourrait alors l'observer aussi longtemps qu'il le pouvait. Mais d'abord, il devait changer...