Elle le regardait s'asseoir, soufflant doucement en tournant son regard sur le lac bleu. Elle l'écoutait parler tout en restant silencieuse, hochant la tête de temps en temps. Elle se rapprochait de lui, s'asseyant sur l'herbe à son tour. Elle se positionnait en tailleur, une habitude qu'elle avait prise. Elle posait son katana devant elle avec grande délicatesse, elle en prenait tant soin qu'il paraissait toujours neuf et bien protégé.
« Je vois. Je suppose que la paix est donc loin d'être présente entre les différentes nations, c'est un rêve d'enfant irréalisable pour le moment mais je pense qu'avec de la volonté, tout le monde s'alliera afin d'instaurer une vraie pacification. »
Elle semblait ne pas comprendre grand chose à l'histoire de la Prêtresse, il fallait sûrement être présent au sein du village et investi dans le clan pour comprendre ce conflit. Mais ce n'était pas le plus important pour elle, elle savait qu'avec le temps elle aurait une meilleure approche de tout ça.
Elle savait pertinemment qu'en rentrant au village, elle allait avoir beaucoup à rattraper sur tous les points mais elle n'était pas effrayée, il lui faut seulement du temps.
« Chûnin? C'est un beau rang, je suis fière de toi. Je suis sûre que vous formez un beau groupe avec cette mixité.
Tu sais, je ne pense pas que tu devrais être inquiet de prendre quelqu'un sous ton aile, prends confiance en toi. Lorsque nous étions enfants, je me rappelle que tu étais souvent de bons conseils et puis, tu arrivais à te comporter comme un vrai chef. J'ai confiance en toi et je sais que d'autres penseront la même chose. »
Contrairement aux autres fois, ses mots étaient doux et rassurants. Ils en étaient presque chaleureux. Sans le vouloir, se rappeler des vieux jours avait fait ressortir sa tendresse, la même qu'elle avait lorsqu'elle trainait avec Seika plus jeune.
La jeune femme savait parfaitement qu'elle devrait faire face à l'explication de sa disparition brutale. Elle ne s'était jamais vraiment préparée à tout raconter de vive voix, elle savait que de se remémorer toutes ses péripéties allait faire remonter des souvenirs horribles. Cependant, elle ne pouvait pas laisser son plus vieil ami ainsi, elle voulait comme se justifier d'une certaine façon et soulager la peine de Seika. Elle prit une grande inspiration, son regard hésitant entre le sol et l'horizon du point d'eau.
« Tu sais Seika, il faut que tu saches que ... Je n'ai jamais voulu quitter Konoha en premier lieu. La décision n'était pas mienne et je leur en ai toujours voulu.
Tu sais que je ne vivais pas avec mes parents mais avec mon oncle et ma tante et tout se passait très bien, jusqu'à ce qu'un jour ils m'annoncent que l'on devait partir d'urgence. Je ne comprenais pas pourquoi et d'après ce qu'ils m'ont dit, mon père aurait commis un crime impardonnable et certaines personnes auraient recherché son seul enfant, moi, pour le faire payer. Vu que mes deux parents ne vivaient plus au village, j'étais la cible et cela était remonté aux oreilles de mon oncle. »
Lorsqu'elle parlait, on pouvait presque ressentir son dégoût, sa rancœur. Son visage était fermé, aucune émotion n'en émanait. Elle tenait à rester apathique.
« Alors, lorsque l'on a quitté le village, il faisait nuit noire et on m'a emmenée loin dans la forêt. La nuit semblait interminable avec la longue marche que nous avions faite. Je me rappelle être tombée de fatigue devant un feu. Au réveil, je n'ai plus vu personne. Ils m'avaient abandonnée en plein milieu d'une forêt pendant la nuit. Je n'ai pas pleuré, je me souviens avoir compris qu'ils ne voulaient pas mourir, que j'étais devenue comme une malédiction. Je ne savais pas où j'étais, je ne savais pas comment j'aller survivre mais je gardais confiance, je voyais ça comme une aventure. Je voulais rejoindre les montagnes les plus hautes sans réel but, je me disais que j'allais être tranquille là bas et pour ça, je sais que j'avais marché jour et nuit, craignant intérieurement de m'endormir sans pouvoir rouvrir les yeux à nouveau. »
Elle se rappelait de chaque détail de cette fameuse nuit, c'était comme un traumatisme, un mauvais cauchemar qu'elle ne pouvait effacer. Elle respirait un coup, voulant rester totalement stoïque face à cette histoire. Elle savait que ça lui ferait du mal mais elle voulait lever voile une bonne fois pour toute.
« Je n'ai que peu de souvenirs jusqu'à ce que j'arrive à ce qui semblait être une cabane, un genre de petite maison qui abritait quelques adultes. Lorsqu'ils m'ont vue, mon état physique avait du les effrayer car je sais qu'ils m'avaient donné à manger et ils m'avaient aussi laissée dormir. Ils étaient trois. Trois hommes. Un était bien plus âgés que les deux autres. Il avait une quarantaine d'années et les autres environ la vingtaine. Ils n'avaient à priori aucun lien mais se comportaient comme une famille. Après une longue réflexion de leur part, ils ne pouvaient pas me laisser repartir, j'étais trop petite, trop frêle selon eux. »
Depuis le début, elle n'avait en aucun cas regardé son ami, encore moins dans les yeux. Pourtant, ils reflétaient une énorme tristesse. Elle balayait son chagrin en parlant à nouveau.
« Mais ces braves hommes sont tous morts. Ils ont été assassinés un par un sans que je ne sache pourquoi. Je me suis retrouvée seule, à nouveau au fil des années... »
Ces dernières paroles semblaient clôturer le sujet, elle semblait trop meurtri pour donner plus de détail. Elle soupirait, laissant partir son chagrin pour rester maître de ses émotions.
« Tout ce que je veux dire, c'est que tout ça ne s'est pas passé comme je l'aurai voulu, jamais je ne serais partie ou du moins, sans te mettre au courant de tout. Je ne pouvais juste pas, on m'en a empêchée et je ne pensais pas que je m'exposais à tout ça... »