Cette demande était... surréaliste. Comment voulait-elle qu'il puisse être en mesure d'accepter une chose pareille ? Dans le fond, il comprenait ce qu'elle ressentait. Au final, elle faisait cela non seulement pour Konoha, mais surtout pour eux. Pour lui et son frère. Voilà le plus précieux des trésors que sa mère possédait, et qu'elle chérissait plus que tout au monde. Cette situation était intenable. Il entendait son discours, ses paroles, ses envies, ses craintes, et ses demandes. Il les comprenait. Mais l'accepter était une toute autre paire de manche.
La tenant toujours dans ses bras, il profitait de cet instant. Son enfant savait que cela pouvait être, maintenant, la dernière fois qu'il pouvait prendre sa mère dans ses bras. C'était peut-être la dernière fois qu'il entendrait sa voix, qu'il la verrait sourire et pleurer à la fois. C'était dur. Kenzô se remettait à peine de la mort de son père, que sa mère lui annonçait qu'elle souhaitait se sacrifier. Parce que oui, c'était bien ce qu'elle lui disait. Se sacrifier pour leur avenir, au sein de Konoha. Leur assurer un avenir plus brillant que jamais, en emportant avec elle tout le mal qui gangrenait ce village.
Une bien triste réalité.
Alors qu'il l'écoutait, et la tenait dans ses bras, ses larmes coulaient. Elle ne l'avait pas vu pleurer depuis la mort de son paternel.
« Quoique pense le village de toi, Seitô et moi n'aurions pas pu rêver d'une meilleure mère que toi. Tu es formidable, maman, et je te respecte beaucoup pour ça. Tu as toujours été là pour nous, et aujourd'hui encore tu te sacrifies pour nous. J'aimerais vraiment devenir aussi fort que tu l'es... Tu resteras à jamais mon modèle... Je t'aime, maman... De tout mon coeur. Quoiqu'il arrive, je t'aimerais toujours autant, et tu seras toujours présente ici. »
Le rouquin mettait une main sur son coeur, lui indiquant ce qu'il voulait dire. Il sentait cette fameuse boule dans la gorge se nouer. Le Chûnin se devait de rester fort, mais comment l'être lors d'une telle situation ? Retenir ses larmes ici n'était aucunement une preuve de force. Seulement d'insensibilité. Et Kenzô n'appartenait pas à cette catégorie. La véritable force était celle d'accepter une telle décision prise par sa mère, et de continuer à marcher vers l'avant, vers un avenir plus brillant que jamais, grâce à elle.
Une grande inspiration, longue et silencieuse, et il s'apprêtait à lui donner la réponse qu'elle attendait. Cela lui prit quelques instants pour trouver ses mots, mettre une phrase sur ce qu'il ressentait, si bien que lorsqu'il prenait la parole, il ne savait même pas ce qu'il allait dire. Il ne pouvait pas parler avec la raison ici, mais bien avec son coeur. Il prit ses mains dans les siennes, et entreprit de lui répondre.
« ... D'accord. C'est promis, maman. J'ai confiance en toi, et tu peux me faire confiance également. Je prendrais soin de Seitô, quoiqu'il arrive. Je m'assurerai qu'il comprenne, si jamais il t'arrive... malheur. C'est dur, je ne te le cache pas. Mais je le ferai mon possible, pour toi. Et pour Seitô. Et même pour papa ; j'aimerais qu'il soit là aussi, aujourd'hui... »
Le baiser sur le front qu'elle lui fit était quelque chose d'unique. Un amour inconditionnel d'une mère envers son fils, mais aussi un symbole d'un potentiel adieu déchirant. Il la regardait dans ses yeux, brouillés tous les deux par les larmes.
« Cependant, tu dois me promettre une chose, maman. Quelque soit la situation à laquelle tu feras face, tu dois me promettre que si tu te retrouves un jour dos au mur, et que tu as une occasion de survivre tout en accomplissant ton devoir, saisis cette chance, de toutes tes forces. Si tu dois te faire passer pour morte, ou que tu doives t'enfuir, ne cherche pas à nous prévenir. Si jamais tu es en vie, je finirai par le savoir, et je te retrouverai. Garde ta survie en estime, parce que le meilleur scénario possible pour nous tous, ce serait que tu vives en ayant atteint ton objectif. D'accord ? »
Une nouvelle fois, il prit une grande inspiration.
« Si tu peux me promettre ça, alors... Alors je ferai tout ce que tu me demanderas de faire. Et je respecterai chacune des promesses que tu me demandes de faire. »
Après tout, il était le fils de Mako Uzumaki, l'oratrice qui faisait en ce moment trembler le village. Et en étant son fils, il était hors de question qu'il accepte ses conditions sans imposer les siennes. Une négociation en somme.
« Comme ça, nous pouvons garder l'espoir de nous retrouver un jour tous les trois, après la tempête qui s'annonce. »
Cette tempête qu'elle avait mentionné, il faisait exprès de réutiliser ce terme. Aussi dangereuse soit-elle, il espérait que leur famille soit plus puissante qu'elle.