« Merci ma chérie ! C'est très gentil à toi ! »
Mitsuha, la femme qui partageait ma vie depuis cent trois années m'avait fait la joie de m'offrir une superbe pierre d'émeraude. Elle avait même fait en sorte de la faire travailler pour en faire un pendentif. Aujourd'hui était mon trois cent quarante deuxième anniversaire, une année humaine de plus de passé. La plupart des Kentetsu ne fêtaient plus ces jours insignifiants, ce qui était normal, car nous avions l'éternité devant nous. Mitsuha par contre avait gardé cette tradition et tenait à la partager avec moi chaque année. Chose hilarante, nous avions trois jours de différence et seulement deux cents ans d'écart. Son anniversaire humain arrivait très bientôt et je devais trouver un cadeau pour elle aussi. Son cadeau était sublime et m'avait vraiment fait plaisir. J'avais de la chance d'avoir rencontré ma Perle.
Les rivages de l'hiver étaient soufflés par une tempête. Notre habitation se trouvait près de la mer, un petit pied à terre serein pour traverser les années. L'âtre de la cheminée crépitait par le bois qui se consumait pour maintenir cette chaleur. En soi, nous n'en avions pas forcément besoin, mais nous aimions être l'une et l'autre près de ces flammes. Cela nous rappelait qu'avant, nous avions été comme tous ces mortels.
J'avais demandé des conseils auprès du clan pour faire un superbe présent à ma chérie. L'un d'eux m'avait parlé d'une fleur éternelle à condition de la cueillir avec les racines. Une fleur blanche et or, d'une senteur délicate et sucrée, mais qui était excessivement compliqué à trouver. D'après ces informations, elle se trouvait dans les montagnes du nord, dans des grottes très particulières.
« Je dois y aller. J'en ai pour sept jours minimum. Le conseil m'ordonne d'aller chercher Ukaku dans les montagnes. Il serait allé chassé et ce serait perdu là-bas. Ne me demande pas pourquoi ce sac-à-vin se retrouve dans une contré aussi éloigné. On n'est pas aidée avec ce genre de type. Mais je te promets qu'à mon retour, on fêtera comme il se doit ton anniversaire. C'est une promesse solennelle. »
Mitsuha n'était guère ravie, mais un ordre du conseil ne pouvait être contesté. Surtout qu'eux-mêmes étaient dans le coup pour me couvrir. Je préparais quelques affaires. Ma fourrure pour paraître mortel en guise de veste et mon foulard pour me cacher le visage. On ne sait jamais qui l'on peut rencontrer. Quelques réserves de sang, la période pour trouver des gens dehors n'était pas propice et les proies humaines en extérieur était souvent des gueux. Leur saveur était atroce pour mon palet raffiné.
Je me mis en route sur les sentiers à travers des plaines venteuses, des forêts sans lumière et les alentours de hameau presque sans vie. On pouvait apercevoir des fois un homme transporté du bois pour sa maison. L'hiver était particulièrement froid cette année. L'humidité avait enlaçait les terres des différentes régions en n'en épargnant aucune.
Presque deux jours de marche sans m'arrêter et je voyais enfin les montagnes se dressaient telle des tours immaculés. Cela faisait un moment que je ne mettais pas rendu sur ces terres. Au fur et à mesure de ma progression, le vent s'enhardissait et la neige se faisait qu'obstruer ma vision.
*J'ai choisi le bon moment*
Pestant contre moi-même.
J'aurais pu m'y prendre un peu plus tôt, mais non, encore une fois, c'était à la dernière minute. Plus je grimpais en altitude et plus la tempête de neige s'amplifiait. La température devait être affreuse, mortel même, pour quiconque s'aventurait ici. Un dédale de rocher s'étendait en contre bas. Peut-être que dans cet endroit se trouvait des grottes ? Je me devais de vérifier. Je n'avais même pas eu le temps de faire un seul mouvement que je voyais une ombre se mouvoir entre les roches. Qui pouvait bien se trouver au beau milieu de cet endroit respirant la mort.
Mon corps et sa rapidité s'étaient élancé à ma demande pour aller vérifier qui était cette énergumène. Je prenais de la hauteur en grimpant en haut des rochers que constituait ce labyrinthe. La personne était emmitouflée dans une sorte de fourrure à poil plutôt long et avait l'air désemparée. Un nouveau saut pour me placer en face de lui sur une hauteur et m'asseoir sur le sommet de cette roche.
« Vous êtes perdu ? Vous allez mourir si vous restez là. Un mortel dans une tempête aussi dense, c'est une morte certaine. »
Je l'observais. On n'était jamais à l'abri d'un fou furieux qui attaque à tout-va, même dans ce genre de condition climatique.
« Ah moins que vous ne cherchiez la mort. Et dans ce cas, c'est différent. »
De mon regard hilare.
Je me tenais prête à réagir.
