Le Kitto ne reconnaissait pas son ami. Il n'était vraiment pas le même que d'habitude. Cette situation devenait pesante et changeait les gens. La colère et la lassitude se lisait en lui comme dans beaucoup d'autres shinobis. Si certains avaient décidé de rester passifs, d'autres avaient fuit le village. Mais quel était vraiment le choix ? Se battre, fuir ou s'écarter de toutes ces histoires politiques ? Comme l'avait deviné le Kitto, son compagnon d'équipe avait passé une nuit à réfléchir à la situation, mais surtout à sa position dans cette guerre politique. Il se sentait abandonner et impuissant.
« Ne te sous-estime pas. Nous avons tous quelque chose à apporter quel que soit notre niveau. Tu es un très bon shinobi en qui j'ai confiance. »
« Cependant, je reconnais que tu as raison. Konoha n'est plus ce qu'il était. À croire qu'aucune paix n'est possible. Je suis fatigué de tout ça. Je pensais vraiment que l'unification était la bonne solution. »
Le blondinet soupira de désespoir.
« En quelques secondes, cette femme a tout balayé d'un simple revers... »
Les deux équipiers semblaient se jauger du regard. L'un essayant de comprendre ce que l'autre ressentait au plus profond de lui. Hikaru n'avait vraiment pas envie de sourire et son faible coup de poing prouvait qu'il n'avait pas la tête à rire ou à faire semblant que tout allait bien.
L'évocation d'Oni n'avait fait qu'amplifier sa colère comme s'il était devenu leur propre ennemi. Le Kitto le comprenait. Évoquer Kazami comme une potentielle alliée n'était sûrement pas l'idée du siècle. Encore moins devant un Chikara. Bien qu'il fasse partie de ce clan, Oni avait une vision différente des autres, une vision très spéciale que peu de monde pourrait comprendre. La rage d'Hikaru s'intensifiait à mesure qu'il parlait, allant jusqu'à menacer de mort l'Eisenin maudite. Il bouillonnait et ne cachait plus la haine qu'il portait envers ces roux qui ont décimé son clan. L'incompréhension était totale pour le jeune Chikara. Comment un membre de son clan pouvait-il soutenir une femme comme Kazami ?
Une main sur l'épaule de son ami en signe de compassion, il tenta d'expliquer les penser de leur maître. Elles ne seront sans doute pas suffisante, mais il lui semblait nécessaire de remettre les choses dans l'ordre.
« Je comprends ta haine et ton dégoût. Oni-sensei haït tout autant que toi cette femme, mais je sais pourquoi il a agit ainsi. »
Le Kitto retira sa main de l'épaule de son acolyte.
« D'après lui, Kazami a les mains liées et ne peut pas refuser lorsqu'un homme comme lui sollicite son aide. Pourtant... je ne peux pas croire que cela tienne dans un contexte comme aujourd'hui. »
Seika plaça sa main sous son menton qu'il frottait dans une mimique de réflexion.
« Je n'ai pas confiance en elle. Il y a forcément une raison pour proposer cette solution, mais ne t'inquiète pas. Tout ceci est derrière nous, il n'est pas question de la compter parmi les nôtres ni de lui pardonner son passé. »
D'ailleurs et ceux malgré ses rencontres avec elle, il s'était juré qu'il veillerait à sa mort depuis le débat du clan Kitto. Les poings serrés, Hikaru n'était pas enclin à se calmer. Les mots du Chûnin n'avait aucunement permis de lui faire oublier sa haine. Tout à coup, le garçon aux cheveux bleu venait de trouver l'apaisement suffisante pour oublier la pression subit par de telles évocations.
Le Chikara avait changé de sujet, s'éloignant plus ou moins du sujet principal. Enfin... presque. Deux Kirishitans avaient quitté le village et c'était certainement à cause des événements actuels.
« Oh ? C'est une faucheuse nouvelle... je ne connais pas cette femme. Je suis désolé s'il s'agissait d'une amie. »
Le blondinet était songeur, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer que Kalia ait pu également décider de fuir le village. Elle qui était si perdue dans les rues de Konoha.
« A tout hasard, connaîtrais-tu l'identité du second Kirishitan ? »
De peur d'entendre le nom de Kalia, il espérait qu'Hikaru n'en savait rien. Tôt ou tard, il devra s'inquiéter de ce détail, lui qui rêvait de la revoir... mais ce n'était pas la priorité. Le jeune Chikara avait l'air de croire que la fuite du village était une solution. Seika refusait d'entendre ça.
« Fuir le village et abandonner toute notre vie ici ? Nos familles, nos amis ? Nous comptons pour eux. Ton départ ne ferait qu'accroître leur haine et leur tristesse. Quoi qu'il arrive, nous aurons notre rôle à jouer et nous sommes le futur du village. »
Le Kitto fourra ses mains dans les poches de son kimono rouge puis s'avança jusqu'au rebord de l'immeuble, prenant soin de laisser une marge de sécurité. Il espérait que la réflexion du Chikara n'était pas sérieuse. Il espérait qu'il s'agissait simplement d'un signe de faiblesse.
« Ne sois pas pessimiste. Garde foi en notre village. Il est rempli de bons shinobis. Un jour, Konoha marchera à l'unisson. »
« Qu'en penses-tu, mon ami ? »
C'était la première fois que Seika l'appelait ainsi. La situation s'y prêtait plutôt bien. Les heures passaient à ses côtés avaient créé un lien fort dans le cœur du Kitto.