La mélodie du bonheur

-Flûtiste Maudit-
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“Les Hattori ont le sang pur” voilà une des devises du clan. Si le poison permet d'éviter les attardés, il est possible cependant d’y trouver des déceptions. Et le garçon en était une. Il n’avait fait qu’entendre cette remarque des plus désagréable depuis des années, il ne voulait même plus faire semblant de l’entendre désormais.

Dialogue de personnage
« “Fais un effort ! Tu es la honte des Hattori!” »


Ses parents avaient abandonné tout espoir de le voir prendre la suite et avaient presque renoncé à leur titre, ne voulant pas prendre le risque d’avoir un deuxième échec à la maison. Ils faisaient en sorte qu’il ne sorte jamais ou peu. Perpétuellement surveillé, il se montrait instable par moments et réagissait avec violence et brisait tout autour de lui. La frustration d’être vu de haut et comme un échec n’aidait en rien son état. Il ne connaissait que les murs de cette demeure bien trop grande pour un enfant. Il voyait des médecins par moment. Ils le gavaient de médicaments pour qu’il apprenne à se contrôler dans ses crises, mais rien n’y faisait, il finissait toujours par faire une crise et retourner sa chambre. Il n’avait pas véritablement de passion et ses parents n’ont rien trouvé de mieux que de lui apprendre à jouer d’un instrument.

Dialogue de personnage
« Fais au moins preuve de talent dans un domaine ! »


C’est d’ailleurs à partir de ce jour qu’ils ont eu la paix pour la première fois. Enfin, cela ne dura pas longtemps. L’enfant était calme en jouant, mais ses mélodies n'étaient pas si innocentes. Quand on passe sa vie entre quatre murs à lire, on apprend un tas de choses malgré toute l’instabilité émotionnelle dont on peut faire preuve.

Dialogue de personnage
« Tu es complètement fou ! »


Dialogue de personnage
« Assez… ASSEZ ! »


Il se couvre les oreilles, il n’en peut plus d’entendre tous ces bruits. Il se réfugie dans sa chambre et joue de la flûte. Son esprit s'évade, peut-être un peu trop. Il n’était plus lui-même après certains morceaux. Il semblait ne plus être maître de son propre corps. Il fallait encore faire appel à des médecins pour voir ce qui n’allait pas et sa santé se dégradait jour après jour. Il ne se sentait pas mal lui. Il se sentait libre. Il pouvait voir des choses que jamais les autres ne pourraient. Il semblait n’aimer pas qu’on le touche, encore moins ces hommes et ces femmes en blouse. Pour lui, ils n’étaient pas là pour l’aider, mais faire en sorte de l’empêcher d’en savoir plus sur le sens de la vie. Il n’appréciait plus leurs visites et se montrait agressif maintenant. Il protégeait sa flûte comme une mère protège son enfant. Du moins, il imagine que c’est ce qu’une mère aimante ferait. Il ne le savait pas. Le jour où tout changea pour de bons fut celui où il jouait dans le jardin quand son père est venue lui rappeler de prendre sa médication. Il jouait une mélodie qui le transcendait, rien ni personne n’aurait pu le faire sortir de son monde. Personne n’aurait dû le faire sortir de son monde…

Publié le 16 Décembre 2020 vers 21h