Ce matin-là, la Dame de Fer organisait les derniers préparatifs. Elle avait pris sa décision. Mais autre chose la tracassait : Kimino. Où était-il ? Que faisait-il ? Pourquoi son alliance prenait autant de temps ? La Rouquine n’en savait que trop rien. Et c’était d’ailleurs ce qui était inquiétant. Du trio, seul Same, un étranger, avait réussi à revenir de ce voyage. Zacley Kirishitan et Kimino n’avaient pas redonné signe de vie. Ni même l’équipe envoyé à sa recherche, comptant notamment les élèves de l’Hokage, ceux qui le connaissaient le mieux. Et son fils.
Entre temps, on lui avait signalé le retour des équipes d’élites. « Enfin » pensait-elle, les choses allaient pouvoir bouger. Mais non sans angoisse. Elle avait brisé le mur de verre, elle avait rendu visible et tangible le spectre de la guerre, l’emprise insidieuse de la peur Konohajin. Elle avait percé brusquement l’illusion monstrueuse qui entourait la co-responsable génocidaire d’une aura presque divine, pour la rendre finalement quasi-humaine. Plongé Konoha dans la tourmente, pour mieux le préparer aux événements qui allaient arriver.
Une conclusion simple : Konoha devait affronter ses démons tant qu’ils en avaient encore l’occasion, avant de se tourner à l’unisson contre les ennemis extérieurs.
Ainsi, dans la paix toute relative de son bureau se fit briser par le bruit de pas lourd et distinctif. Elle les reconnaissait entre mille. Après tout, comment ignorer les pas de la grosse vache balourde qu’était ce vieux grincheux et grossier personnage au nom de Gokoro Uzumaki ? Avec une délicatesse légendaire, il arracha presque la porte de son bureau temporaire pour hurler envers la quadragénaire qui n’haussa même pas un sourcil. Tranquillement, elle ôta la tasse de thé de son bureau et propulsa sa chaise roulante en arrière, avant qu’il n’arrive malheur aux précieux parchemins qu’elle examinait précédemment.
La Dame de Fer restait d’un calme olympien. Elle n’était vraiment pas du genre à se laisser intimider ou submerger par la panique.
« Et qui verrais-tu à cette place ? Je suis actuellement la mieux placée pour gouverner le village de la feuille, et toi-même tu le sais. Mais au-delà de ça, c’est ton neveu qui m’a fait confiance pour être régente… Tu remettrais en cause sa parole ? Kimino est parti en mission, il n’est pas encore revenu. Jusqu’à son retour, où jusqu’à ce que le conseil des sages en décide autrement, je poserais mon cul sur ce siège s’il me plaît, vu ? »
La Dame de Fer posa son coude sur l’accoudoir, et reposa ainsi sa tête en fixant le géant droit dans les yeux. Brin de femme, mais plus résistante que l’acier. La Dame de Fer imposait le rythme de la conversation.
« Si tu veux te plaindre et gémir comme une fillette, alors plains-toi seul dans ton coin comme un sale gosse, hurle au loup en te grattant les couilles, fait bien ce que tu veux, mais laisse-moi travailler. »
La Dame de Fer se redressa.
« Maintenant, si tu veux te rendre utile, tu peux t’asseoir et nous pourrons discuter ensemble de ta précédente mission, et de la prochaine à en venir. »
Elle le fixa droit dans les yeux.
« Maintenant que tu es de retour, il m’est possible de monter une équipe plus solide pour confronter Tekunoroji droit dans les yeux. Où disons que j’ai enfin quelqu’un de suffisamment important sous la main pour prouver que l’on prend cela au sérieux. Alors, tu marches ou tu vas encore me faire d’insupportable jérémiades ? »
La Dame de Fer savait adapter son discours à son interlocuteur. Gokoro était un rustre, il fallait donc lui parler franchement. Et sans détour.