Assise là, au milieu de cet univers qui fut dévasté par les flammes, la Dame de Fer fixait l’horizon, d’un air triste. Était-ce là une vision d’un avenir proche ? Eux deux, les vétéran, survivant face à la dévastation d’un monde qu’il se devait de reconstruire, encore une nouvelle fois. La guerre… L’éternel erreur de l’homme. Comme une spirale sans fin. Construire, détruire, reconstruire pour mieux détruire la maison de son voisin. Et la guerre, sous l’air de ceux qui veulent lui donner des lettres nobles, n’était qu’une question de ressource. Un raisonnement purement logico-mathématique. Il n’y avait rien d’humain dans l’acte de faire la guerre, et pourtant, il n’y avait que cette espèce qui la faisait sur terre. Les humains au sens large du terme.
Aux dires de Seth, la zélée eut un petit sourire aux lèvres. Elle était avec un Homme ayant son honneur, et un caractère bien trempé. De peur de lui causer des problèmes ? Une délicate attention. Qui faisait sens. La relation entre les deux individus était tenue secrète pour une bonne raison. La régente ne pouvait simplement pas flirter avec le chef de la sécurité intérieure en pleine période de prise de pouvoir.
« Oui… Tu as raison. Au vu de notre relation, il était mieux pour toi de ne pas venir à cette horripilante réunion… »
Et effectivement, si tout cela était vrai, il y avait de forte chance que le sculpteur ne face qu’une bouchée du Kitto et du nouvel Hokage en titre. Mais elle se murait dans le silence. Du moins, pour Azukiyo. Il ne fallait pas faire de vague. Seth devait garder son rôle, et le nouvel Hokage choisi devait survivre à la tempête, en amenant avec lui un souffle de renouveau sur le village. Et un souffle de soulagement. Et avec la nouvelle réputation de la Dame de Fer, l’Anbu tiendrait son rôle. Finalement, elle avait réussi. Mais la victoire avait un goût amer.
Aujourd’hui, elle n’était que la Chef de l’Unité de l’Ombre. Epuisée par les évènements récents, son armure avait fini par s’ébréché. Finalement, la Rouquine avait soudé de nouveau cette coque protectrice de métal, dont seul ceux ayant accès à son cœur en avait la clef. Des individus se comptant sur les doigts d’une main. Mais maintenant qu’ils n’avaient plus aucune barrière, et qu’elle avait commis des erreurs, que pensait réellement le sculpteur de la femme avait qui il sortait ? Elle n’en savait rien. L’abandon à cette réunion lui avait posé un doute. Est-ce que c’était le signe annonciateur de la fin ? Une manipulation de sa part pour se tenir proche du pouvoir ? Non, impossible. La zélée s’y refusait d’y croire. Seth était un homme intègre, patient, mais qui réagissait comme une bête sauvage lorsqu’on s’en prenait à ses proches. Un peu comme elle, au fond. Mais dans tous les cas, ce n’était pas un fourbe. Elle le connaissait personnellement, et elle ne pouvait pas y croire.
En tournant son visage, Seth pu y découvrir ce visage épuisé par les intrigues et les attaques en douces. Lorsqu’elle toucha ses lèvres, son baiser lui apporta un réconfort bienvenu, qu’elle accepta comme s’il s’agissait du dernier qu’elle recevrait avant l’inévitable et l’inéluctable fin. Et l’annonce. C’est à cet instant précis, lorsque la colère s’envola pour laisser place au soulagement, pour laisser place à la joie, que la Rouquine qui affichait une mine stupéfaite suivis d’une larme et d’un sourire compris qu’il y avait plus entre eux qu’une simple histoire de quelques soirs. Elle ressentit alors de nouveau un sentiment perdu depuis de long mois : la sérénité. Parfois, elle le retrouvait lorsqu’elle était dans ses bras, mais jamais sans être accompagné par la crainte d’être découvert. Et dans cette étreinte et dans les baisers qui suivirent, elle laissa ses tensions s’écouler, tel l’eau dans le lit d’une rivière. Des larmes, de peine, de peur et de soulagement. Une bouffé d’air après un long voyage en apnée. Un renouveau, pour le village, pour la république, pour elle.
« Oui… Tu as raison… Nous n’avons plus de raison de nous cacher… »
La zélée se lova dans ses bras. En quelques instant magiques, ils retournèrent à l’amour de l’adolescence. Mais avec la sagesse de l’âge. Du moins, ils l’espéraient.
« Nous devrions néanmoins attendre quelques semaines pour vraiment officialiser cela. Dès maintenant, ça jaserait et nous restons quand même de « Noble Shinobi du Ministère » ! »
La belle ria de bon cœur à cette phrase, qui semblait vraiment ironique. S’il manquait bien de noblesse quelque part, c’était au Ministère. Ce lieu ressemblait de plus en plus à un bac à sable ou des enfants se battait pour avoir le seau pour construire un château éphémère qu’à un vrai lieu de décision et de gouvernance. Enfin…Elle lui fit alors une petite frappe du coude, taquine.
« Et cesse d’être d’aussi bon conseil, je vais finir par ne plus pouvoir m’en passer ! »
Un petit rire franc, et amusé. La joie sincère s’affichant sur son visage.
« Enfin, si ce n’est pas déjà le cas. »
Un air plus langoureux, et taquin. L’Uzumaki répondait clairement par l’affirmative, sans se doutait que le couple deviendrait probablement l’un des plus puissant du village. Après un instant de rire et d’amour, le sujet dériva bien vite à l’avenir au village de la Dame de Fer.
« Azukiyo va devenir le seul et l’Unique Hokage. Ma demande pour une cinquième république fut globalement rejetée. Shirona, la « sirène », ou plutôt la « vipère » était folle de rage. Keisan se prenait pour un Roi, et tout ce beau monde commençait à se perdre dans la stupidité et les insultes, et à jouer à qui a la plus grosse et qui est le meilleur pour diriger. Bref, une belle équipe de bras cassé. »
Elle se frotta ensuite les yeux.
« Suite à ça, Azukiyo m’a laissé la direction de l’Anbu. Je n’ai pas perdu une seule seconde, et j’ai éjecté Shirona et Keisan de nos effectifs. Je vais avoir beaucoup de travail avec la gestion de l’Anbu… Je dois reconstruire l’unité, et la purgé les fidèles des traitres, et la détacher du Ministère et des affaires politiques. Je vais étendre ses missions à la gestion de la prison et des prisonniers, pour avoir un pied en interne, mais ça sera tout, je suis las de la politique et de ces intrigues à n'en plus finir. Et puis, je vais profiter d’avoir plus de temps pour le passer avec toi et avec mes enfants dès qu’ils seront de retour. Bref... Et toi, Seth ? »