Il sentait bien que l'ambiance s'était refroidie à la fin de sa longue histoire, il avait oublié des détails, mais la plupart étaient sans la moindre importance donc il se permettait l'omission. Il sourit amèrement quand Kazumori s'excuse auprès de lui. Il était parti avant tout ce remue-ménage et n'était en rien responsable, il ne lui jette pas la pierre, qu'aurait-il pu bien faire de plus ? Ren et lui avaient survécu, mais qui dit que cela soit aussi le cas son ami.
« Ce n'est pas vraiment comme si tu étais responsable, mais merci ! »
Il repensait brièvement à cette nuit qui a été la plus longue de sa vie. Dès que ses pensées se tournent vers la nuit maudite. Il avait fait au mieux pour sauver les gens, mais il aura échoué plus d'une fois, c'est une vision qui le hante depuis ce soir, les pleures, les cris et les corps qu'il devait prendre dans ses bras resteront à jamais gravé dans sa mémoire et l'impossibilité de sauver tout le monde était son plus grand regret. Bien que ses yeux soient camouflés, son corps laisse transparaître un sentiment d'inconfort. Il faisait tourner le liquide de son verre et en respirant calmement malgré tout.
« En effet, Gekido n'est plus l'hokage, il a pris la fuite.
»
Le Kitto reprend la suite de sa déclaration sur le fait de se présenter comme chef de clan. Ses mots n'étaient pas vraiment ceux qu'il attendait de la part de son ami, mais lire l'atmosphère n'a jamais fait partie de ses facultés. Il soupire en l'entendant encore dire que les Chikara se prenaient pour des êtres supérieurs.
« Nous maîtrisons le chakra pur… Le droit de prétention est légitime, sans ce partage, tu ne serais qu'un fermier. »
Il n'était pas plus agacé que cela, mais la remarque n'avait pour lui pas lieu d'être à l'heure actuelle et le ton sec de sa voix était là pour le faire comprendre. Il n'aimait pas agir de la sorte, mais il n'avait pas le cœur à rire sur le coup. Il était un Chikara paisible et plus que favorable à l'union depuis des années, ces histoires remontent à si loin qu'il ne comprenait pas pourquoi il les ramenait encore sur le tapis. Il savait qu'il était vieux jeu, mais de là à mettre des histoires d'il y a 250 ans le fatiguait grandement dans sa patience.
« Les jeunes Chikara que nous avons sont tous de braves personnes. Tu ferais mieux d'apprendre à les connaître avant de juger sans raison mon vieux ! Je peux parler de ton clan si tu le souhaites ! Ils ne sont pas vraiment la représentation des Kitto avec leur prise de partie et le désir de se battre !
»
Il arrête de jouer avec son verre et bois une gorgée.
« Et je n'ai pas souvenir avoir fait preuve de prétention… Je suis même plutôt du genre à vouloir m'effacer, je te rappelle ! »
Il s'étire un instant.
« Pour ce qui est des voix… Je verrais, je n'aime pas l'idée d'alliance politique, mais si j'ai besoin de ça pour l'emporter, je ne vais pas avoir le choix. Mais ils seront déçus de voir qu'elle prendra fin aussitôt le résultat annoncé.
»
Il reprend son sourire guilleret quand Keisan est mentionné, il ne savait pas lui-même s'il se moquait ou si la question le faisait simplement rire.
« Tu espères vraiment que Keisan se calme ? J'avais oublié ton sens de l'humour ! Shimazu est le Uzumaki Dono! Il s'en sort très bien. Même si des choses se passent sans qu'il puisse vraiment agir avant la catastrophe. Mais il reste humain après tout.
»
Il fait la grimace à la mention de Kumo.
« Hum, oui, c'est une façon de voir… Si on peut éviter de les prendre comme modèle, je ne serai pas contre ! »
Le Kitto lui demande de lui montrer le mémorial des personnes décédées, il ne répond pas, mais fait signe d'amener l'addition qu'il paye avant de saluer le barman. Il fait signe à Kazumori de le suivre et ils passent sur la grande place centrale. Il continue de lui parler de choses et d'autres s'étant produits pendant son absence. Plus légères et anodines cette fois-ci.
« Oh, des Kirishitan sont dans le village maintenant ! Des réfugiés à la suite d'une éruption meurtrière sur leur île d'origine ! Ils sont sympathiques et s'intègrent bien.
»
Il amène Kazumori du côté du temple des prières et prend le chemin de la stèle où une centaine de noms sont écrits. Il laisse le Kitto s'en approcher, il n'allait pas lui apprendre à rendre hommage aux morts après tout. Lui en revanche s'éloigne discrètement pour s'approcher du cimetière. Cela faisait un moment qu'il n'était pas venu et il décide sur un coup de tête d'aller nettoyer la tombe qu'il visitait à l'occasion. Il n'était pas aussi jovial, le cœur lourd, il s'accroupit pour enlever les mauvaises herbes qui commençaient à élire domicile. Le signe qu'il passait à autre chose, ce qui était un bon signe. Mais il n'arrivait pas à enlever cette sensation de culpabilité. Il continue de nettoyer la tombe et fixe le nom inscrit dans un silence monacal. Il se relève et part rejoindre son vieil ami en faisant bonne figure.