Nous étions... Nous ? Oui. Nous étions, nous sommes. Nous. Ou peut-être Je ? Je suis, mais je suis uniquement au travers d'eux. Alors finalement, Je Suis car ils sont. Il m'arrive d'être, d'être entièrement, d'être au-delà d'une voix, d'être ce corps. Non plus la cheffe d'orchestre, mais l'artiste jouant seule une mélodie envoûtante. À quand remonte la dernière fois où j'ai
vraiment été ? Je ne sais plus, mais peut-être qu'eux s'en souviendraient ? Mais je ne leur demanderai pas, trop craintive qu'ils s'imaginent me revoir aux commandes de ce corps. Certains jubileraient d'une telle chose, d'autre paniquerait alors que certain fonderait en larme. Toujours est-il que même si je ne suis que trop rarement ce corps, je suis le marionnettiste qui tire chaque ficelle au gré de mes envies, des, ou de leurs, besoins. Je suis celle qui nous assure la survit dans un monde où certain d'entre eux ne saurait vivre. Finalement, nous sommes Nanami !
Je te regarde, comme chaque matin, depuis bien trop longtemps. Je t'observe balayer chaque latte usée de ce sol souillé dans un mélange de poussière, d'alcool bon marché et de temps à autre de vomi. Je te laisse faire, car nous savons tous que tu es la plus à même d'effectuer cette tâche ingrate sans oser te plaindre.
Timide, tu effectues tes besognes, visage baissé, avec cette fine pellicule de sueur sur ton front. Seule, dans le calme de l'aurore, alors que les clients ont retrouvé leurs chambres, pour beaucoup d'entre eux, accompagnés d'une putain à l'hygiène douteuse, depuis plusieurs heure. Tu es seule, avec pour unique compagnie ton balai, le seul à qui tu oses t'adresser sans rougir, à l'exception de nous autre, bien évidemment.
Je te surpris à sursauter alors que la porte de l'auberge s'ouvrit dans un grincement déroutant. Ton regard se glissa jusqu'au pied de la porte, et tu aperçus une chaussure franchir le pas. Je sais pertinemment que tu te trouves idiote de ne pas avoir fermé la porte à double tour à une heure si précoce. Mais, tu ne peux pas t'en vouloir puisque lorsque nous sommes arrivées à l'auberge, nous n'étions pas
Timide. Tes pommettes s'empourpra, alors que la voix d'un homme se mit à résonné dans la pièce vide de toute âme qui vive.
« Hey, une auberge ouverte de si bonne heure avec une si belle demoiselle pour me servir, quoi d'mieux ? »
Tes joues s'enflammèrent au propos de l'homme dont tu ignorais encore son visage. Tes yeux restaient fixés sur ses chaussures, et tu pouvais donc constater de la qualité médiocre de celle-ci. Mais, même si tu étais réputée pour ta timidité, jamais tu ne laisserais l'impolitesse régner, alors, telle une salutation, tu lui offris ton plus beau haiku.
« Lever de soleil
la clarté orange
d'un chant d'oiseau »
J'étais fière de toi, non pas de la qualité de tes dires, mais du fait que tu avais relevé ton regard jusqu'au ventre de l'homme. C'était un réel effort de ta part.
Timide, tu étais capable de me surprendre et de me rendre fière. Bien que ton regard rechuta tout aussi rapidement lorsqu'un rire tonitruant remplit la salle.
« Hé bien, qu'elle étrange bout de femme tu fais là ! Apporte moi donc du vin, tu seras gentille ! »
Le ton de l'homme était mielleux, sympathique, voir agréable. Alors, j'aperçus le léger pincement aux coins de tes lèvres, il apparaît de temps à autre, lorsque tu sembles faire face à de la sympathie. Alors, serviable comme tu l'as toujours été, tu obéissais et t'en aller directement remplir une outre de vin dilué, ceux que l'auberge fournissait au petit-déjeuner et toujours sans croiser le regard de l'homme, tu lui déposas sa commande devant lui.
« Ma douce, je suis sincèrement navrée... Tu sembles si innocente... Tout se passera bien si tu acceptes de me donner la recette de la veille au soir... Promis, j'te ferai pas d'mal, je suis pas un mauvais bougre, seul'ment que j'ai besoin d'argent... »
Timide, si seulement tu avais pris plus le temps de l'observer, tu aurais vite compris que l'intégralité de sa tenue était en adéquation avec ses chaussure, vieille et usée. Jamais il n'aurait pu s'offrir une outre de vin dans une quelconque auberge. Peut-être même qu'avec l'œil expert de ta sœur, tu aurais pu remarquer la forme d'une lame qui se cachait sous ses fripes. Je sentis ton angoisse grimper, je compris ta peur, et c'est là, que je me devais de jouer la Cheffe d'orchestre.
Timide avait fait son travail, et désormais,
Manipulatrice devait jouer sa partition...
Ta posture changea, prise d'une soudaine assurance et enfin, tu le regardas droit dans les yeux. Tu remis doucement une de tes mèches de cheveux en place en prenant la parole.
« Timide est parti, et me voilà désormais, prête à répondre à chacune de vos demandes Monsieur. »
D'un pas lent tu contournas le comptoir, sans jamais rompre le contact visuel.
« Promis vous ne me ferez aucun mal, Monsieur ? »
Ta voix était suave, un délice pour quiconque t'écouterait. Tu avais déjà asservi des dizaines d'hommes avec une telle douceur.
« Juste la recette et j'm'en vais, comme je suis venu ! »
Doucement, ta main se glissa sous le comptoir, mais n'alla nullement chercher le pécule. Non, juste à côté de cela se trouvait un kunai, juste au cas où disait le patron... Mais
Manipulatrice ton rôle s'arrêtait là pour aujourd'hui. Je n'avais besoin que de ton charme pour soulager
Timide d'une telle situation. Tu n'avais qu'une partition courte, mais exquise. Désormais, nous avions besoin de précision, et seule
Brutale la possédait... Du moins
Brutale n'était pas la seule à savoir manier des armes, mais elle était l'une des rares capables de se contenir ensuite...
Ton regard charmeur se figea dans la fraction de seconde alors que
Brutale se retrouvait debout sur le comptoir en seulement deux mouvements. Et le troisième suffit afin d'envoyer le kunai se planter dans le pied de l'homme, lui laissant échappé un cri de douleur, rapidement étouffé pas des bras écrasant la glotte de l'individu...
«
Je suis Brutale, enchanté ! »
Tu commençais à entendre quelques bruits de pas à l'étage supérieur. Probablement que le court cri de douleur avait réveillé les quelques occupant au sommeil léger et à l'haleine peu alcoolisé. Plus le bruit des pas se faisait entendre, plus ta prise au niveau de la gorge se faisait féroce. Tu étais comme ça, l'idée de spectateur te montait à la tête. Et alors que le premier visage apparut dans les escaliers, tu ne pu t'empêcher que d'offrir ton plus beau joli coup de pied à l'arrière du genou de l'homme, le forçant à chuter à tes pieds. Des fois, tu me faisais drôlement pensé à
Dominatrice.
« Cette saloperie à voulu nous voler. »
Tu annonçais cela au seul spectateur comme si celui-ci était
Justice. Alors, dans un flux de mot incompréhensible, l'homme s'en retourna te laissant seul avec ce brigand dans les pattes qui gémissait faiblement. Tu n'avais pas le choix, tu allais l'emmener au Manoir du vampire...