Requiem

-Flûtiste Maudit-
1

Le flûtiste appréciait le silence de sa chambre et se laissait porter par ses pensées plus instables les unes que les autres. Il ne sait plus où donner de la tête. Il ne sait plus ce qu'il entend de ce qu'il image et confond les songes et la réalité. La médication a été plus violente aujourd'hui que d'ordinaire et il ne contrôle plus son propre corps. C'est du moins ce qu'il en déduit. Ne voyant que des formes et ne pouvant pas comprendre ce qui se dit autour de lui.

Dialogue de personnage
« Pourquoi les murs sont en feu ? »


Une pensée anodine pour le jeune maître Hattori. Les murs brillaient et semblaient se faire consommer ce qui provoque un soupçon de panique dans son esprit. Des employés viennent pour tenter de le maîtriser dans sa folie, mais rien ne semble y faire. Il hurle à s'en décrocher les poumons et ne manque pas de percer quelques tympans au passage. Le voilà entouré d'hommes et de femmes se tordant de douleur au sol. Il aurait été si simple pour lui de tous les achever, mais il ne voulait pas se salir les mains comme à son habitude. Le travail ingrat revient à la plèbe, il s'estime au-dessus depuis des années, ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer. Après avoir attrapé sa flûte, il avance dans la maison en se tenant aux murs, ce n'est qu'une fois en cuisine que la situation perd complètement son sens. Deux des serviteurs se trouvent être au mauvais endroit pour le maître Hattori qui entame ses notes et prend soin de jouer les marionnettistes pour la dernière fois. Il tremblait et les notes lui montaient à la tête, il perdait pied lui aussi. Il voulait se débarrasser de la vermine grouillant dans sa demeure. Dans un instant de lucidité, il perçoit des cris.

De douleur ou de peur. Il ne pouvait pas le discerner.

Il ne pouvait pas vraiment le savoir, ce qui comptait pour lui était la mélodie qu'il composait. Une lampe à huile tombe dans la cohue et l'atmosphère se réchauffe. Les pleurs se confondent avec les plaintes, mais l'homme n'est plus présent désormais. Son regard était vide et ce qui se passait autour de lui n'était pas réel de toute façon ! Il le savait lui-même, cela ne devait être qu'un rêve. Plus réaliste que les autres, car il pouvait sentir la chaleur des flammes autour de lui. Ses pantins de chair n'ont pas tenu face aux flammes qui prennent de plus en plus place, les fuyards manquaient de réflexion en courant partout pour s'éteindre.

Il riait.

Le chaos autour de lui était ce qui ressemblait le plus à la tranquillité, son esprit semblait complètement en paix pour une fois. Il entonne encore une dernière fois des notes en regardant les flammes dévorer sa prison. Il s'assoupit dans le salon, exténué. Les flammes ne tarissent pas et dévorent chaque parcelle de la demeure. Une fumée épaisse pouvait être vue à plusieurs kilomètres à la ronde. Le berceau s’était transformé en prison pour finir en son tombeau.

Publié le 22 Février 2021 vers 19h