Rencontre fortuite.

Deux ans que tu erres dans le Yuukan. Deux ans que tu te nourris des bandits qui te barrent ton chemin. Tu t'étais fais une promesse, celle de ne plus jamais te nourrir d'un innocent. Il t'avait fallu du temps pour résister à ton instinct le plus primitif, mais tu avais vaincu le mal qui sommeillait en toi, du moins en parti. Doté de ta haine pour seul guide, tu traques les âmes corrompues qui traversent le Yuukan, tu es leur ultime juge, tu es maître de leur destin, destin qui n'est autre que la mort. Tu en avais décide ainsi, ils n'étaient pas apte à vivre dans ce monde, eux et toi n'avaient pas leur place ici. Tu étais le vampire devenu chasseur de vampire. Tu avais honte d'être parmi eux. Par chance pour toi, tout ceux que tu avais croisé jusqu'ici n'était que des êtres primitif, guidés seulement par leur envie de sang. Cela s'avérait certes dangereux, mais ces êtres faibles ne faisaient pas le poids.

En ce moment même, tu es embusqué dans ton arbre, tu attends la moindre erreur de ta proie. Tu te déplaces furtivement le long des arbres, d'un pas de velours tu le suis, passant d'un arbre à un autre. Mais soudainement, ta proie devient alerte, quelque chose l'effraie. Était-ce toi ? Tu avais pourtant su faire montre d'une grande discrétion jusqu'ici. Ta cible se met à courir, effrayé. Tu tentes de rester silencieux, tu es certain que tu n'es pas la raison de sa frayeur. Si bien qu'en voulant rester discret, tu le perdis de vue quelques secondes.

Puis, c'est en arrivant à la cime de arbres que tu obtiens ta réponse. Au sol, ta cible gît dans son propre sang, d'un coup de kunaî extrêmement précis, il semble s'être fait trancher la jugulaire. Le temps que tu arrives, le sang en giclait encore. Mais peu importe, ce qui fit ta surprise c'était l'autre personne présente ici, se tenant debout au dessus de sa victime, ses cheveux blancs te rappellent des souvenirs. Puis tout à coup tu en es sûr, c'est elle, ses fines courbes et cette couleur de cheveux étaient reconnaissables entre tous. D'une voix hésitante, tu t'adresses quelques mots à l'assassin



Au fond de toi tu en avais la certitude, pourtant une part de doute subsistait encore. Elle était là, celle que tu avais trahis, elle allait bien, cette pensée te rassura, mais très vite tu revins à la réalité. Elle venait d'assassiner ta proie, ça n'était pas très grave, c'était plutôt le sang froid dont elle faisait preuve qui était inquiétant. Tu sens des frissons parcourir ton corps en voyant dans sa main le kunaï ensanglanté. Qu'était-elle devenue depuis cette nuit là ?
Tu restais silencieux, tu n'osais pas à nouveau rompre le silence, tu attendais simplement qu'elle se retourne, tu voulais revoir son visage, le visage de celle qui t'avais sauvé.

Voila bien une heure que je traque ma proie depuis Tsuyo par monts et par veaux. Dans la délicieuse pénombre de la nuit, je me déplace telle l'assassin que je suis devenue. Les ordres sont clairs, pas de survivants, alors celui ci, qui a fuit pendant que je décimais ses compères ne dérogera pas à la règle. Il n'est pas dans ma nature de laisser des témoins derrière moi surtout depuis que j'ai pris du galon au sein de ma guilde après être devenue un Assassin officiel et à part entière. La survie de mon clan est une prérogative qui m'incombe à présent.

Enfin je le rattrape, je peux déjà entendre sa respiration haletante se frayer un passage dans le silence de la nuit noire. Epuisé et apeuré, il se retourne tous les trois pas pour s'assurer de ne pas être suivi, et pourtant. Je suis bien là, tapie dans l'ombre, prête à bondir dès que l'occasion se présentera. Un sourire sur le coin de mes lèvres je bondi, tel un animal sauvage, armé de mon kunai, je suis déjà dans son dos. Il est mort si vite. Faible humain. Egorgé puis éventré, il baigne à présent dans son sang, face contre terre sur le sol. Il était le dernier à pouvoir témoigner des mes exactions, il n'est plus rien à présent.

Cette présence que je sens depuis quelques minutes ne disparait pas. Je suis suivie ou observée et pourtant, je n'ai pas peur. Sûre de mes talents au milieu de la nuit, mon nouveau royaume, je suis devenue le démon que j'ai toujours rêvé de combattre. Montre toi et tu pourras, qui que tu sois. Le temps de retirer mon arme blanche de la gorge de ma proie inerte, et l'homme se dévoile, et se positionne dans mon dos. Une petite dose d'adrénaline parcoure mon corps, un sourire de satisfaction s'installe sur mon visage. Ma chasse n'est donc pas terminée, j'ai une témoin de plus à faire taire.

Au son de sa voix, je suis comme arrêté. Une brise fraiche vient balayer mon visage, s'engouffrant par la suite dans mes cheveux. Cette voix je la connais, je pourrai la reconnaître entre mille, pourtant je me refuse à croire que ce soit lui. Lentement je me retourne, et il se trouve là, tout juste devant moi, en chaire et en os. L'homme qui à fait de moi le monstre que je suis devenue aujourd'hui, celui qui a transformé ma vie en un long et terrifiant couloir de douleur et de noirceur. Jamais je n'ai pu oublier son visage ni même cette nuit. Toutes les nuits j'en rêve, je revis cette soirée là encore et encore, coincée dans une boucle temporelle, hantée par les cris de victimes dont j'étais devenue le bourreau mortuaire cette nuit là.



Je me rapproche de lui, le regards assassin, un soupir démoniaque jusqu'au oreille. Lentement j'arrive à sa hauteur. Ma crinière argentée reflète la douce lumière de nacrée de la lune, cheveux au vent, j'exprime un rire fort et sincère, bien que terrifiant. Il vient percer le silence religieux de ces lieux qui pourtant viennent d'être les témoins d'une scène sanglante plus que de raison.

Ce regard, ce visage. Il est différent, tu t'en rends bien compte dès les premiers instants. Elle se rapproche de toi lentement, tu n'esquisses pas le moindre mouvement, tu es immobiles, paralysé par ces émotions qui parcourent ton corps. Sa voix elle aussi était différente, comme plus ferme, plus confiante, ses mots ne laissaient aucun doutes ni même son rire... Elle était devenue une personne tout autre, et tout ça par ta faute ? Ton remerciement pour celle qui t'as sauvé à été la transformé en monstre ? Au fond de toi tu ressens une sincère tristesse en observant cette femme, elle était loin de celle que tu avais connu par le passé, très loin.

Toujours immobile, vous vous fixez l'un et l'autre dans les yeux. Tu ne sais que faire, elle te menace ? Où est-ce simplement un moyen détourné d'engager la conversation ? Un moyen étrange si c'était le cas. Tu t'approches un peu plus d'elle, tu saisis sa main dans laquelle elle tient son kunaï et approches celui-ci de ton abdomen, tu n'as pas peur. Fixant ses yeux, tu lui adresses quelques mots d'une voix calme et douce.



Serrant son poignet un peu plus fort, tu baisses les yeux, tu t'en veux au fond de toi. Si bien que, tu poursuis tes mots, des mots qui résonneront probablement comme du vide dans l'esprit de la jeune femme, mais tu te devais d'essayer.



Tu n'osais pas le dire, tu n'osais pas admettre que ta réaction ce soir là avait été en parti causé par les mots qu'avaient adressés ces hommes à propos d'elle. Au delà de ta soif de sang, ça avait été l'élément déclencheur de cette tragédie. Pourtant tu n'arrivais pas à te l'admettre à toi même, tu vivais dans le déni, préférant croire que c'était uniquement ta soif qui t'avais poussé à agir. Il n'y avait pas de place pour des sentiments, c'est ce que tu pensais et penses toujours...
Tu relâches doucement son poignet, puis tu poursuis ta phrase, toujours les yeux dans le vide :



Tes mots étaient durs, mais juste. Tu savais la vérité à propos d'elle, sa véritable nature. Si elle réfutait cela, c'est parce-que c'était cette même nature qui l'avait amené à se faire trahir cette nuit là, c'était simplement enfoui au fond d'elle, du moins c'était ce que tu pensais. Tu n'accepterais probablement jamais le fait qu'elle était devenue une simple tueuse, dénuée de sentiment, ça n'était pas cette personne que tu avais connu le temps d'une journée.

Il m'était offert sur un plateau d'argent. Un seul geste, un seul coup et il n'est plus. Je peux anéantir cette chose qui à ruiné ma vie, qui a fait de moi le monstre que je suis devenue. Mon kunai sur son torse, je ne sais pas ce qui m'empêche d'agir, de lui assainir le coup fatal. Ce n'est pas la peur, ce ne sont pas les sentiments. Je n'en ressens plus depuis bien longtemps déjà. Le silence s'installe entre nous, seul le vent qui agite la cime des arbres perce l'atmosphère étouffante du lieu. Le clair de lune scintille au travers des feuilles qui dansent sous le vent. Ma robe qui claque elle aussi dans les bourrasques capricieuses. Mes yeux plongés dans les siens ne dévoilent rien, aucune émotion sur mon visage. Je suis venue ici pour travailler et je repartirai une fois ma mission accomplit. Les contres temps ne sont que des obstacles sur le chemin de la mort que je suis venu donner. Dans cette plaine giseront peut-être deux cadavres.

Un soupir puis, un bruit, un geste, un éclair. Rapidement mon genoux vient percuter la partie droite de son abdomen, ses côtes si encore intactes sont maintenant le moteur de sa douleur. Ma main gauche attrape violemment son coup et lui redresse la tête, coupant fermant sa respiration. Ma jambe gauche, toujours en mouvement vient se glisser au mieux des siennes avant de toucher le sol, puis d'un appuis rapide de la droite, je bondis vers l'avant, pour le faire basculer sur le dos en arrière. Crocheté par mon pieds gauche derrière le sien, sa chute est inévitable. Sur le sol il s'étend, et mon kunai toujours sur son abdomen vient lui perforer la peau. L'entaille se gorge rapidement de sang, puis je l'agrandi jusqu'en dessous de son nombril. Veillant à ne toucher aucun organe vital, je scarifie sa peau de ma marque indélébile.

Fière et intrépide, je me relève au dessus de lui gisant sur le sol. Son ventre recouvert de son sang qui ne tardera surement pas à attirer les bêtes sauvages de la forêts. Ou peut être mieux, ses propres congénères qui viendront le dépecer lentement pour se nourrir. Un énorme sourire s'affiche maintenant sur mon visage, ma soif de violence est épanchée, et je peux repartir vaquer à mes occupations morbides.



Je me recule, puis range mon Kunai. en réarrangeant mes cheveux qui se teintent de rouge à cause de mes mains ensanglantées je regarde le corps du vampire étendu sous mes yeux. Le sang de son ventre commence à ruisseler sur le côtés et a chuter sur le sol. J'ai accompli ma tache. Il est temps pour moi de disparaitre. Le travail m'attend.



Je lui tourne le dos pour revenir sur mes pas et retourner dans la pénombre de la forêt par laquelle je suis arrivée.

Cette sensation douloureuse, c'est quelque chose tu avais oublié n'est-ce pas ? Non, ce n'est pas le kunaï qui vient de te transpercer qui te fais souffrir, c'est autre chose. Cette entaille n'est rien à côté de ce que tu ressens. Tu t'en veux, tu regrettes tes actes, tu regrettes qu'elle ne sache pas la vérité. Pourtant, pas un mot ne sort de ta bouche, tu te contentes de l'écouter, tu te laisses faire, comme si elle avait le contrôle sur toi. Pourtant, tu aurais déjà pu te sustenter de son sang, ce goût merveilleux que tu avais eu l'occasion de goûter par une fois.
Tu es là, au sol, comme vaincu. Mais ce combat, tu n'en voulais pas, pas contre elle. Tu la regardes te tourner le dos, pendant que ton propre sang coule sur le sol. Tu repenses à votre première rencontre. Tu repenses à la personne qu'elle était à ce moment là, ce souvenir te plaît, comme une lumière à travers l'obscurité, elle t'a guidé jusqu'à ta nouvelle vie. Tu ne pouvais te résoudre à la laisser continuer ainsi, ensanglantant chaque jour un peu plus ses mains.

Tu te redresses, effectues quelques mudras et replace ta main sur la plaie pour éviter que celle-ci ne saigne trop abondamment. Lentement, ton sang commence à se durcir, et cette plaie laisse place à une cicatrice. Tu te relèves alors, et te dirige immédiatement dans la même direction que Kaorin. Tu pouvais toujours la rattraper, elle n'avait que quelques mètres d'avance, une centaine tout au plus. Au final, tu la poursuivais, désespéré, tu n'avais aucune idée de ce que tu pouvais faire, si ce n'est lui montrer ta détermination. Tu te déplaces à travers les plaines, éclairées seulement d'une magnifique lune. Au bout de quelques minutes, tu la rattrapes finalement. Tu sais qu'elle t'a entendu arrivé, tu sais qu'elle t'ignore.



Vous êtes là, tout les deux, au milieu de ces plaines infinies. Deux âmes corrompues par le sang d'autrui, tout les deux vous êtes des monstres aux yeux des autres.



Tu marques une pause, tes regrets sont trahis par le regard que tu lui portes, tu es tellement désolé, mais tes excuses ne sont rien, pourtant il y a une dernière chose que tu voulais lui dire. Lui tournant le dos, pour reprendre ton chemin de ton côté, d'une voix calme tu t'adresses à elle une dernière fois :



D'un premier pas hésitant, puis d'un autre, tu jettes un dernier regard par dessus ton épaule et tu reprends ton chemin à travers les plaines, ça n'était pas la dernière fois que vous alliez vous croiser, tu en avais la conviction.