Œil pour œil

Tu reprenait lentement tes couleurs en traînant sur la place centrale du village pour ne pas t’éloigner de trop du restaurant et prend le temps de contempler le passage en restant aussi calme que d’ordinaire. Parait-il que tu subit du stress, une nouvelle assez peu étonnante en sachant que les trois idiots dont tu n’arrive pas vraiment à te débarrasser depuis la cérémonie de passage au rang de genin. Tu ne les voyais pas pour l’instant et espérais que ça serait encore le cas pendant un temps. Tu te contente de marcher de long en large sur la place et le responsable de la supérette semble avoir de la peine pour toi à te voir traîner seul ici quasiment tous les jours puisqu’il commence à te parler quand tu approches de sa devanture. Il n’avait pas de clients et semblait d’humeur jovial en te faisant signe d’approcher. Tu hésites un court instant avant de confirmer qu’il te parlait bien et non à une tierce personne à côté de toi. Tu avances timidement et le salut convenablement.


Tu le regardes un peu décontenancé car tu ne comprends pas vraiment son intérêt soudain pour ta personne et lui lance un regard interrogateur.



Il te fait un grand sourire avant de croiser les bras à ta réponse, tu ne savais pas si tu devais le prendre comme une moquerie ou non, mais il n’avait pas spécialement l’air de vouloir t’en faire baver à première vue et tu restes simplement devant lui sans trop bouger.


Tu te demandais ce que ça pouvait bien lui faire, mais les adultes posaient bien souvent des questions sans intérêt dans le but de faire la conversation. Ce type n’avait probablement rien de mieux à faire et puis au final, ce n’est pas plus mal de parler à quelqu’un pour une fois. Tu te demande ce qui se passe en ce moment, tu as l’impression que ta chance tourne et que les gens se montrent un peu plus clément et compréhensif à ton égard.



Il semble percuter et fait le rapprochement.



Tu aurais préféré ne pas ressortir cette histoire mais le mot était passé à ton grand damne.



La discussion dure pendant une bonne heure et tu te retrouves à discuter avec un quarantenaire bien curieux. Il te pose un tas de questions sur comment se passe la vie dans le village auquel tu réponds comme à tout le monde. Tu apprends qu’il n’a jamais vraiment fait l’école militaire et est un civil simple et qu’il n’a jamais quitté les murs de Konoha. Tu ne voyais pas trop le temps passer mais tu tournes la tête au bout d’un moment et tu remarques un visage connu qui semble avoir un peu de mal à se guider dans la zone.



Il te salut en t’ébouriffant les cheveux et te dis de passer le voir à l’occasion. Un type étrange, mais il aura au moins eu l’avantage d’occuper une partie de sa journée avec ses anecdotes et ses questions. Tu t’avances lentement vers la petite silhouette familière que tu n’avais pas revue depuis le passage genin. Tu prends soin de te signaler en te raclant la gorge jusqu’à la voir réagir.

Bon ok, autant se l’avouer, cette partie du village est loin d’être aussi simple à se remémorer que je le pensais. J’ai dépassé les chemins de terre avec les drôle de magasins, l’académie est à ma gauche donc ça veut dire que si je continue encore sur une centaine de mètres, je devrais atterrir sur la grande place qui sent le ramen. Pourquoi je me retrouve dans une espèce de parc où j’entends clairement des enfants jouer ? Je sais que je ne suis pas loin, mon but est tout de même de faire sans avoir à utiliser mon petit talent de senseur, je vais me fatiguer pour rien, mais je sens que je vais devoir mettre ma fierté de côté et l’utiliser si je veux me sortir de ce foutoir. J’entends déjà ma mère se plaindre du temps que j’ai mis pour faire l’aller-retour alors qu’elle m’avait clairement interdit d’y aller. La fille de la dernière fois m’a montré le chemin pourtant, pourquoi est-ce que je n’arrive pas à m’en sortir. Bon, y’a pas le choix, autant y aller directement avec les grands moyens, j’ai l’impression qu’à force de voir comme ça, je ne vais plus trop m’en sortir comme je faisais avant, c’est bizarre de maîtriser son chakra de la sorte, mais ce n’est pas vraiment comme si j’avais demandé à le faire. C’est arrivé progressivement sans prévenir, je ne savais pas que je pouvais faire ça, mais au moins, ça me rassure sur le fait que si je peux percevoir un minimum de chose, je pourrais botter le train à tous ces idiots qui se moquent de moi en me disant que je ne serais pas une kunoichi valable à cause de ma cécité. Allé Mirai, on se concentre… Ressens ce qu’il y a autour de toi et va à cette foutue place.



Un amas de chakra en guise de vision, c’est toujours mieux que rien. Je reconnais bien la zone en faisant un effort. C’est une vraie plaie d’en arriver à devoir user de ce talent pour vivre tout de même. Je me dirige tranquillement sur la place de nouveau et reconnais les sons et odeurs bien familière de la dernière fois. Il faut que je tourne dans la zone pour m’imprégner du chakra des gens, ça m’aidera à me diriger le prochain coup, je n’ai pas voulu prendre trop de temps en croisant la fille de la dernière. Un frisson me parcourt le dos en reconnaissant l’aura qui s’approche de moi aussi discrète que jamais. Ça fait un moment que je ne l’ai pas vue, je me demande bien ce qu’il fait de ses journées ? On était souvent dans notre coin à l’académie, l’aveugle et le gamin venu d’ailleurs. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi les gens s’en prenaient à lui, à mes yeux, il n’est pas si différent des autres. Il était bien patient, mais le peu dont je me souviens était qu’il est tout de même moins taciturne qu’il parait. Je me retourne pour lui faire face et lui répondre.


Je m’approche de lui et lui met un petit coup de poing dans l’épaule pour le saluer.

Tu fais un sourire bien que cela ne soit pas vraiment utile en soit. Un avantage avec la jeune fille, elle n’allait pas t’en vouloir de la regarder platement. Ce que tu apprécies moins est sa démonstration d’affection toujours aussi brutale que d’ordinaire. Tu sens une petite douleur à ton épaule et te la frottes en silence pour ne pas lui faire comprendre que ça t’a fait plus mal que prévu. Elle venait faire un tour pour se repérer mieux dans le coin donc. Il est vrai que te ne la voyais jamais, toujours entre l’académie et chez elle, de mémoire, elle était accompagnée à chaque arrivée et sortie de cours. Il semblerait qu’elle s’en sorte mieux puisqu’elle n’est plus suivit par ses parents de partout. Si c’est le cas, ils se cachent bien. Tu n’avais pas encore complètement saisi comment elle faisait, mais elle pouvait reconnaître les gens sans la moindre difficulté alors qu’elle n’était pas capable de voir le nombre de doigts que tu lui montrais à 5 centimètres de son visage.



Tu fais une grimace et soupires sans retenue. Le tact, ça aussi, il lui en manquait un peu, tu n’es pas non plus un exemple, mais tu sais choisir tes mots quand le temps le demande. Tu mets les mains dans les poches et prends un air pensif.



Tu n’oubliais pas les visages, mais les prénoms, c’était un autre détail. De toutes les personnes que tu fréquentais, elle était la seule que tu appréciais réellement, elle n’avait vraiment aucun autre moyen de te juger que sur ta personnalité. Qui sans mentir était extrêmement calme mais changeante. Elle était probablement la personne à qui tu parlais le plus librement sans trop te retenir. Jusqu’à là, elle ne t’avait pas dénoncée et tu taisais avec tout autant de prudence ses écarts. Un accord sans poignet qui s’était conclut seul au sein de vos lamentations mutuelles. Tu jettes un œil autour de toi, la place est calme, tu ne vois personne qui puisse te causer du tort dans les parages et dans le pire des cas, tu es en compagnie d’une autre personne.

Apparement il complexe toujours sur son corps filiforme et sa santé. Il passait sa vie malade, je crois bien ne pas l’avoir entendu un seul jour sans me dire qu’il avait mal dormi ou qu’il n’avait pas mal au crâne. Je doute que ce soit sa faute, mais en séchant les entraînements de taijutsu, il n’était pas prêt de devenir plus solide. Bon, ce n’était pas non plus un type à prendre à la légère, il ne maîtrise pas grand chose, mais il à une faculté plutôt déconcertante à être maître de son élément en tout cas. Il me semble qu’il à été suspendu un temps après s’être battu. Enfin, si on peut appeler ça une bagarre, j’aurais plutôt appelée ça, mettre une raclée mais chacun son point de vue. Il semble ne pas trop prendre en compte mon humour, qu’il est compliqué à cerner ce garçon. Il faut croire qu’il ne mène pas la vie paisible si le trio est toujours à lui mettre la misère.



Ça m’étonne toujours, comment il fait pour rester aussi calme ? Si on me suivait en permanence il y aurait des bras de cassés. Le jour où il craquera, ça sera pas joli à voir je pense. J’espère être dans le coin en tout cas pour assister à ça ! Ça ne pourra être que drôle. Oh, un petit accompagnement personnalisé, je ferais mieux de ne pas cracher dessus et de bien faire attention à par où je passe ce coup-ci.

Un soupire sera ta réponse concernant tes rencontres avec le trio te menant la vie dure. Autant dire que ce qui est du retour de karma, tu comptes sur le temps ou un moment d’inattention de la part des habitants, mais c’est une chose que tu préfères taire. Tu aimerais rester loin des embrouilles temps que tu ne seras qu’un simple résident sous surveillance. Tu savais très bien pourquoi il n’allait pas être si simple pour toi de grimper les échelons et partir du village, mais tu ne comptais pas rester de marbre trop longtemps non plus. Quoiqu’il en soit, tu fais un bruit laissant comprendre ta réflexion interne à la jeune fille et lui donne une réponse.



Elle regardait dans ta direction et tu voyais son regard perçant ne gobant pas la moindre parole qui venait de sortir de ta bouche. Elle avait raison de ne pas y croire, mais tu aurais apprécié qu’elle soit moins directe dans son jugement. Mais son visage blasé était clairement là pour te dire de dire ça à d’autres et pas à elle. Tu hausses les épaules de dépit et commences à faire un pas vers le centre de la place.



Tu lui expliques en partant d’un point les différents endroits et les différents commerçants étant quasiment toujours sur place pour qu’elle puisse prendre en mémoire le chakra des personnes sur la place. Tu la guides ensuite vers tout un tas de ruelle environnante en prenant soin de préciser où elles pouvaient mener. Tu savais que hormis le quartier Chikara, l’hôpital et l’académie, elle n’allait pas vraiment faire un tour pour profiter du paysage. Mais certains lieux étant plus propices aux missions internes, tu préférais lui en faire part avant qu’elle ne se pose des questions sur leur localisation géographique. Tu précises aussi le lieu que tu fréquentes autant que ta propre maison, lui disant qu’au besoin, tu ne serais probablement pas loin ou malade. Par la suite, vous continuez simplement de discuter sans trop grande prise de tête. Tu ne savais trop jusqu’où elle voulait aller dans le village.