[An -1][Flashback-Zetsu] Un petit verre

        Okami revenait de mission, comme à son habitude, il passait son temps de détente dans une échoppe du centre-ville à boire quelques bières et fumer, tout en mangeant bien sûr.
        En cette journée, il attendait la venue de l'un de ses amis qui était parti avec lui en mission, mais en étant reparti faire une petite course avant de le rejoindre.
Le nez de son verre, sa clope laissa échapper quelques cendres qui l'énervèrent.

« Putain, encore ? Ca donne un goût de brûlé... »

        Il tenta bien que mal de retirer l'intrus de son gobelet mais ne parvint qu'à le renverser. Le Loup souffla alors de dépit et abandonna l'idée d'un jour réparer une simple petite erreur de cigarette.

« Patron, ramènes m'en deux autres, s'ilteplait ! Et des brochettes, il fait faim ! »

        Puis, pensant à ce que pourrait bien prendre son compagnon comme repas, décida de lui faire une petite blague.

« Rapporte moi aussi une salade, avec un thé, s'ilteplait ! »

        Connaissant son acolyte, il savait bien que ceci le ferait rentrer en rage, et il adorait ça, lui faire perdre toute raison pour des stupidité.
        C'était un passe-temps comme un autre.

Dans les rues de Kiri, une tignasse blanche dépassant les autres de quelques bons centimètres parcourait la ville à grandes enjambées, percutant quelques inconnus au passage sans trop le vouloir. Ses grandes jambes le guidaient toutes seules, elles savaient où elles allaient. Sa gorge était sèche, son estomac gargouillait, il devait se dépêcher. Et dire qu'il devrait déjà y être...

Il pesta, se prenant le pied dans le sac d'une vieille femme un peu tête en l'air. Tant pis, qu'elle ramasse ses courses seules, cette traine-patin. Au loin se dessinait déjà la façade de l'échoppe où il avait rendez-vous. Humant le parfum qui s'en dégageait, il accéléra un peu plus le pas et finit par l'atteindre. Il défonça à moitié la porte sans même le vouloir, trop affamé pour faire attention, et repéra bien vite son partenaire de mission qui ne l'avait pas du tout attendu. Mais ce n'était pas important ! Il s'en rapprocha et remarqua que non seulement il avait commandé mais qu'en plus il était accompagné si l'on en juge par l'assiette de crudités à ses côtés. Avait-il joué le tombeur ? Aucune femme n'était pourtant présente...
Se persuadant qu'elle était alors aux toilettes, Zetsu ne réfléchit pas plus et examina le repas de la présumée donzelle en partageant ses réflexions personnelles. Son bras alla, lui, s'écraser sur les épaules de son ami.



Sans attendre de réponse, sa main se faufila jusqu'à l'assiette d'Okami et s'empara discrètement d'une brochette.

        Okami vit son ami s'asseoir et mettre son bras autour de son cou, et parlant d'une éventuelle "miss". Cela le fit rire et il répondit brusquement.

« C'est la mignonne qui m'enlace actuellement. »

        Il reprit son brouhaha pendant quelques seconde avant de subitement changer d'humeur. Le Loup n'était pas très émotif et quand cela arrivait, il changeait vite d'idée.
        Le Kaguya alluma une autre cigarette en écrasant la précédente dans son cendrier rempli.

« Comment te sent-tu, Zetsu ? »

        Il posa cette question car il entretenait une seine rivalité, cependant il arrivait au Grand de s'emporter très souvent, et il avait besoin d'être rassuré quant à sa prise de position vis-a-vis de lui, ne voulant pas qu'une haine commence à s’immiscer entre eux.

Tout en ricanant, Zetsu piochait gaiement dans l'assiette de son compère jusqu'à entendre la réponse. Toute sa personne sembla se mettre sur la pause le temps que lui demandait une telle réflexion. Insinuait-il que... Ses yeux s'écarquillèrent brutalement.



Sans plus attendre et d'un ton toujours aussi mordant, il passa une nouvelle commande, ordonnant grassement au serveur d'éloigner ce repas sain de la table au plus vite. Il s'assit, marmonnant quelques mots peu aimables et ne put se détendre que lorsque la blague de son collègue fut réparée.
La tension baissant lentement, Okami reprit la parole alors que le grand Kaguya s'acharnait sur l'encas qu'on venait de lui servir. Méfiant, il tourna brusquement la tête, un pic à brochette entre les dents, et dévisagea son interlocuteur. Préparait-il un nouveau plan foireux ?



Ce n'était probablement pas la réponse à laquelle il s'attendait mais Zetsu ne s'en préoccupa pas. Il préférait répondre simplement, comme toujours, sans s'épandre ou s'étendre sur un sujet qui aurait pu le toucher ou le concerner d'une façon ou d'une autre.



Il avait ponctué sa phrase en pointant l'autre Kaguya de son pic à brochette. Quant à cette " nana ", il s'agissait de sa voisine qui se servait de lui et de sa force pour lui faire faire un peu n'importe quoi : réparer une étagère, porter ses courses, lui faire ses courses... Quelle grognasse.

        Okami écoutait son ami avec le sourire, Zetsu était un véritable petit toutou râleur et geignard. C'était drôle.

« Vous former un vrai petit couple, à quand le mariage ? Je ne voudrais pas manquer d'être le témoin... »

        D'un geste rapide, il fini sa bière et en recommanda une d'un signe au gérant.

« Tu te plaint trop, regarde, moi je suis posé tranquillement à une table avec de la nourriture abondante, une cigarette en bouche, des points fidélités pour de la bière gratuite... je suis bien comme ça ! Et pourtant, je suis également parti en mission. Marcher ne me déplaît guère. »

        Il s'alluma une nouvelle cigarette, fuma deux ou trois lattes et la reposa sur un bord de cendrier.

Il pouffa de rire mais aussi de dégout en s'imaginant passer la bague à cette mocheté.



De toute façon, vu son âge, ça sera pour bientôt... Du moins, il l'espérait assez. Au moins il aurait la paix et pourrait rentrer saoul le soir sans se faire taper sur les doigts par cette vieille cinglée. Il soupira et bu une longue gorgée de sa bière fraichement servie. Quel plaisir de se détendre si simplement. Bien que râler et se plaindre était également un des petits plaisirs personnels du jeune homme. Alors quand en plus on lui demandait comment il se sentait, il ne pouvait que s'y donner à cœur joie.



Au moins, une chose était sure avec Zetsu : tant qu'il râle, c'est qu'il va bien.